Les écoles de chimie et de génie chimique fêtent 25 ans d'union
La Fédération Gay-Lussac regroupe 19 écoles de chimie et de génie chimique en France. De cette union sont nés plusieurs programmes, en particulier les classes préparatoires intégrées, désormais au nombre de 5. Détails avec Jacques Mercadier, président de la Fédération.
InfoChimie : Pouvez-vous présenter brièvement la Fédération Gay-Lussac ?
Jacques Mercadier : La Fédération Gay-Lussac est née, il y a 25 ans, du regroupement d'écoles de chimie et de génie des procédés, aujourd'hui au nombre de 19, réparties sur le territoire français. L'initiative est venue des directeurs des écoles qui ne se côtoyaient qu'au moment des concours de recrutement et n'avaient pas d'échanges sur le fonctionnement de leurs écoles. Ils ont donc décidé de constituer un « think tank » pour échanger leurs expériences et voir ce qu'ils pouvaient faire ensemble. Ceci a conduit à la création de la Fédération. Le concept a bien pris, puisqu'à chacune des 5 réunions annuelles, la quasi totalité des directeurs sont présents. Cette année, la Fédération Gay-Lussac a organisé son 4e Colloque Recherche. Structuré autour d'un thème fédérateur et d'avenir « La chimie et la ville de demain », il a été l'occasion pour la Fédération de célébrer ses 25 ans.
VOS INDICES
source
612.5 -2.93
Février 2023
Phosphate diammonique (DAP)
$ USD/tonne
163.1 +0.87
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Quelles réalisations concrètes ont été rendues possibles ?
J. M. : L'une de nos réalisations concrètes est la création des classes préparatoires intégrées ou CPI, pour les titulaires d'un baccalauréat. Ces cycles de formations préparatoires sur deux ans sont dispensés dans les écoles de Clermont-Ferrand, Lille, Pau, Rennes et Strasbourg. Si le contrôle continu se passe bien, les étudiants intègrent ensuite l'une des 19 écoles d'ingénieurs de la Fédération. Les élèves sont sélectionnés sur dossier et sur entretien. Depuis un an, nous avons mis en place une procédure commune qui permet aux étudiants de passer un entretien unique dans plusieurs villes dont Paris. Pour l'année en cours, nous avons reçu 1 600 demandes, sélectionné un peu plus de 1 000 dossiers, puis nous avons retenu 250 élèves pour intégrer nos classes préparatoires, sachant que la Fédération compte 6 000 élèves-ingénieurs en formation et délivre 1 600 diplômes par an.
Est-ce que le milieu des écoles d'ingénieurs est familier de ce type de regroupement ?
J. M. : Nous avons été précurseurs, même s'il existait déjà des réseaux d'INSA, et nous sommes les seuls à être positionnés de façon thématique. Nos écoles ont désormais des modes de fonctionnement très proches avec des programmes communs, même si elles conservent des statuts très divers avec trois écoles privées, une École centrale, un INSA, une école municipale et des écoles rattachées à des universités.
Par notre regroupement, nous avons également pu mettre en place des actions à l'international. Déjà, la Fédération Gay-Lussac a servi de relais pendant des années au programme Erasmus. Aujourd'hui, notre action principale concerne un programme qui a démarré, il y a cinq ans, avec l'ECUST, East China University of Science and Techno de Shanghai. Aucune école n'aurait pu monter seule un tel programme. Il consiste à former des élèves chinois sélectionnés par leur université. Pour cela, nos professeurs réalisent des missions d'enseignement en Chine où ils dispensent leurs cours en français. Puis, au bout de trois ans, les élèves sont accueillis en France dans nos écoles.
Cette année, 23 élèves sont en formation dans nos écoles et l'an prochain, ils seront 30 élèves. Ce programme est soutenu par des industriels comme Solvay et Arkema qui nous aident financièrement et offrent ensuite des possibilités de stages et d'emplois à ces étudiants de double culture. Notre objectif est maintenant de construire d'autres projets à l'international pour former des étudiants étrangers qui soient utiles à l'industrie de notre pays, en France ou à l'étranger. Les pays auxquels nous pensons pour développer ce type de programme sont l'Afrique de l'Ouest, l'Inde et l'Europe de l'Est, en fonction de la demande des industriels. D'autres zones géographiques intéressent les industriels : c'est le cas de l'Amérique du Sud, et en particulier le Brésil. Mais les contacts sont plus aisés et les échanges existent déjà.
Comment attirer de jeunes talents dans vos écoles dans un contexte de désaffection des étudiants pour l'industrie ?
J. M. : On parle de désintérêt des étudiants pour l'industrie car on observe une décroissance des effectifs dans les classes préparatoires. Pour ma part, je ne partage pas cette analyse. D'une part, on constate que les écoles d'ingénieurs ont globalement augmenté la taille de leurs promotions, ces dernières années. D'autre part, en plus des classes préparatoires, beaucoup d'autres systèmes ont été mis en place pour permettre de recruter des élèves aux profils différents. Il y a des écoles qui offrent des places aux bacheliers, comme nous le proposons au travers de nos CPI. D'autres recrutent des techniciens supérieurs titulaires de DUT ou de BTS... Ces nouvelles filières de recrutement ont l'avantage d'apporter une plus grande diversité sociale dans nos écoles. Désormais, le réseau Gay Lussac accueille 40 % d'élèves boursiers.Par ailleurs, nous menons des actions de communication auprès du grand public. Nous participons à des salons d'étudiants en région, à l'échelle nationale et même internationale, notamment au Maghreb. Aujourd'hui, nos écoles recrutent sans difficulté, tant en quantité qu'en qualité.
Y a-t-il des passerelles dans les enseignements délivrés dans les différentes écoles de la fédération ?
J. M. : Pour l'heure, nous offrons la possibilité d'échanges d'étudiants en troisième année, de même que nous avons harmonisé certains programmes, comme par exemple le programme de génie chimique pour les écoles non spécialisées dans ce domaine. Mais globalement les écoles conservent leur autonomie. Mon souhait serait d'avancer sur le sujet de la spécialisation de chaque école, et d'offrir des options pour l'ensemble des élèves au niveau de la troisième année. Car il faut reconnaître qu'il est difficile d'être à la pointe sur tous les sujets. Nous avons des écoles qui offrent des spécialités comme le génie chimique, la toxicologie, la chimie verte... Ces spécialisations en 3e année permettraient de mieux caractériser nos écoles, notamment vis à vis de nos étudiants étrangers.
Quels liens entretenez-vous avec l'industrie chimique ?
J. M. : Nos échanges avec l'industrie chimique relèvent davantage des écoles que de la Fédération, au travers notamment de la taxe d'apprentissage qui leur est versée ou de partenariats avec les laboratoires de recherche. De son côté, la Fédération entretient des contacts institutionnels avec l'Union des industries chimiques (UIC), de même qu'elle participe au comité Ambition chimie.
Avez-vous des liens avec les sociétés savantes... ?
J. M. : Nous tissons des liens étroits avec des sociétés savantes comme la Société chimique de France (SCF), la Fédération française pour les sciences de la Chimie (FFC) ou l'Union nationale des associations françaises d'ingénieurs chimistes (Unafic). D'ailleurs, la recherche occupe une place importante dans nos écoles. Le réseau abrite 90 laboratoires de recherche avec en moyenne 1 thèse soutenue par jour, 6 publications internationales publiées par jour, 2 à 3 brevets déposés par semaine et 2 start-up créées chaque mois. Ces chiffres sont bien la preuve que l'on fait aussi beaucoup de recherche dans nos établissements, comme l'a récemment montré le colloque organisé à l'ESPCI et Chimie ParisTech à Paris.
L'EMPLOI DES INGÉNIEURS CHIMISTES EN 2013Tous les ans, la fédération effectue une enquête sur l'insertion professionnelle de ses anciens élèves. Ils sont 4 000, diplômés entre 2008 et 2012, à avoir répondu cette année. Quelques grandes tendances : - 57 % des répondants sont des filles. - 80 % des diplômés signent un contrat de travail dans les 2 mois après la sortie de l'école. - 64 % d'entre eux travaillent dans des entreprises de plus de 500 salariés. - + 90 % se déclarent en activité professionnelle en relation avec leur formation. - 35 % sont dans la R&D. - 35 % travaillent dans l'industrie chimique. Les autres secteurs les plus représentés sont ceux de l'énergie, de l'agroalimentaire, des sous-traitants de l'automobile ou l'aéronautique, des éco-industries ainsi que des bureaux d'études ou ingénieries. - 34 K€ de salaire moyen. Source Fédération Gay-Lussac