Les discriminations en fonction du nom continuent d'exister selon une étude du ministère du Travail
Une de plus. Cette fois-ci, c'est le ministère du Travail qui a commandé et qui publie une étude montrant que les personnes ayant un nom à consonance maghrébine décrochent moins facilement un entretien après l'envoi d'un dossier de candidatures. Les entreprises les plus discriminantes devront agir, faute de quoi la Ministre pourrait publier leur liste sur Internet.
Les discriminations à l’embauche continuent de se pratiquer malgré la signature de chartes sur la diversité et la publication d’études qui montrent que la diversité est une source d’enrichissement en espèces sonnantes et trébuchantes pour les entreprises.
Cette fois-ci, c’est le ministère du Travail et plus spécifiquement la Dares (direction de l’animation de la recherche des études et des statitstiques) qui est à la manœuvre. Avec ISM Corum, elle a mené une étude entre avril et juillet 2016. Pour cela, ils ont employé la méthode qui consiste à envoyer à quelques heures d’intervalle deux CV quasi identiques pour une même offre d’emploi. La seule différence est l’identité du postulant ou de la postulante et la consonance de son nom. Le test a concerné aussi bien des postes de cadres que d’employés. De cette façon, 3000 candidatures ont été envoyées à quarante entreprise employant plus de mille personnes.
Des écarts allant jusqu'à 35 points
Le résultat est sans appel : les chances d’obtenir une réponse sont nettement plus grandes pour une personne ayant un patronyme qui sent le terroir hexagonal que pour celui qui porte un nom aux sonorités qui rappellent l’outre-Méditerranée. Dans le premier cas, le taux est de 20 %, il tombe à 9 % dans le second. Et cela est le résultat moyen. Dans les entreprises les plus discriminantes, l’écart entre le taux de réponse à une candidature d’apparence "hexagonale" et à celle émanant de personnes portant un nom semblant "maghrébin" peut atteindre jusqu’à 35 points !
La ministre du travail a demandé à ces dernières de mettre en oeuvre des mesures correctives au plus vite. Faute de quoi, elle pourrait révéler le nom des 12 entreprises aux pratiques les plus discriminantes. Pour mémoire, la dernière fois qu'une liste noire a été publiée remonte au ministère de Xavier Darcos en 2010, qui avait publié dans un relatif désordre une liste d'entreprises qui n'avait pas entreprise d'actions contre le stress au travail, avec une signalétique à base de feu vert, orange ou rouge qui avait provoqué de nombreuses polémiques.
Les hommes avec un prénom musulman maltraités
Il y a un peu plus d’un an, l’Institut Montaigne (plutôt proche des entreprises) avait publié une étude qui précisait ce résultat, en s’appuyant sur une autre méthodologie. Plusieurs C.V. avaient été envoyés de faux ressortissants libanais, avec des noms évoquant une appartenance à la religion catholique, juive ou musulmane. L’étude montrait que pour se voir proposer un entretien d’embauche Michel n’avait besoin de n’envoyer que 5 CV (4 suffisaient à Nathalie). Pour Dov et Esther, le chiffre montait à 7 et 5, Mohammed devait en envoyer 20, quand Samira n’en envoyait que 6. Ce qui montrait deux choses : quelle que soit la religion, les filles ont besoin d’envoyer moins de CV que les garçons. Mais la discrimination pesant sur les hommes musulmans est tel qu’il leur faut envoyer 4 fois plus de CV qu’une fille.
La croissance devrait tout régler
En novembre dernier, le DRH France et directeur des relations sociales de Solvay, ex-président de l’association nationale des DRH, Jean-Christophe Sciberras a remis un rapport à la ministre du Travail. Trois organisations patronales, Medef, CGPME et l’UPA, publiaient le jour même un communiqué pour réaffirmer leur "opposition ferme aux propositions formulées" dans ce rapport. Le communiqué se terminait par ses mots : "Alors qu’au quotidien CGPME, UPA et MEDEF prennent leurs responsabilités et agissent pour sensibiliser leurs adhérents aux risques discriminatoires et aux bénéfices de l’égalité des chances pour tous, elles souhaiteraient que tous les acteurs en fassent autant et poursuivent un même objectif de performance et de croissance, seul rempart au chômage et seule solution à une lutte efficace contre les inégalités."Autrement dit, le meilleur rempart contre les discriminations c’est la croissance économique qui crée des emplois pour tous. En attendant, les études continueront de s’accumuler….
Les discriminations en fonction du nom continuent d'exister selon une étude du ministère du Travail
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