« Les deeptech vont favoriser l’émergence d’une bioproduction plus réactive et plus flexible », estime Paul Kauffmann, cofondateur de MagIA Diagnostics

Les lauréats de l’appel à projets (APP) « Biomédicaments : améliorer les rendements et maitriser les coûts de production » ont été annoncés il y a quelques semaines. Quatre jeunes pousses ont été retenues et recevront un montant total de 5,2 millions d’euros pour accélérer les biotechnologies françaises. Industrie & Technologies fait le point avec Paul Kauffmann, Président et cofondateur de MagIA Diagnostics, société grenobloise retenue dans le cadre de cet APP.

 

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« Les deeptech vont favoriser l’émergence d’une bioproduction plus réactive et plus flexible », estime Paul Kauffmann, cofondateur de MagIA Diagnostics

Industrie & Technologies : Votre société MagIA Dignostic a récemment été sélectionnée dans le cadre du « Grand Défi » Biomédicaments, organisé dans le cadre du plan « Innovation Santé 2030 ». Quels sont les objectifs de ce programme ?

Paul Kauffmann : Cet appel à projets organisé par le gouvernement dans le domaine des biomédicaments est ambitieux car il vise à repenser nos procédés de fabrications. L’objectif est d’accélérer le développement et la mise sur le marché de médicaments biologiques comme des vaccins, des thérapies cellulaires ou des anticorps. Il permet de soutenir des acteurs privés et publics pour intégrer des capteurs et robotiser les procédés. Nous avons été retenus, avec trois autres projets pour bénéficier d’une enveloppe de 5,2 millions d’euros. Derrière ce plan d’investissement, il y a également l’idée que les deeptech [la technologie de MagIA Diagnostics est issue du CNRS et de l’Inserm, ndlr] ont un rôle à jouer pour favoriser l’émergence d’une bioproduction plus réactive et plus flexible.

Sur quel projet travaillez-vous dans le cadre de cet appel à projets ?

MagIA Diagnostics développe depuis quelques années un système d’analyse immunologique, aussi efficace que les systèmes ELISA qui permettent d’évaluer la présence d'un anticorps dans un échantillon, mais réduisant le temps d’analyse à 15 minutes contre plusieurs jours pour la méthode traditionnelle. Nous utilisons des nanoparticules magnétiques et de micro aimants pour accélérer l’analyse.

Cette rapidité inédite nous permet de proposer une analyse quasi continue des process biologique. Dans le cadre de l’appel à projets, nous nous sommes associés avec la plateforme Toulouse Industrial Biotechnology for Health (TIBH), un consortium porté par l’accélérateur TWB (Toulouse White Biotehcnology) et qui cherche à accélérer la production d’anticorps.

L’idée est de produire des anticorps à partir de levures, ce qui permet à la fois d’en produire en plus grand nombre, mais aussi plus rapidement comparé aux méthodes de production à partir d’animaux. Nous avons travaillé avec TIBH pour connecter notre technologie d’analyse à leur bioréacteur, avec pour objectif de réduire drastiquement les temps de développement et de production de ces anticorps.

En quoi associer un analyseur permet d’accélérer la production ?

La production d’anticorps à partir de levures nécessite un pilotage fin du bioréacteur – un fermenteur en l’occurrence. A l’heure actuelle, il y a de nombreux capteurs dans le réacteur qui mesurent en temps réel les conditions de production. La seule chose qui n’est pas sous surveillance en temps réel est le principe actif.

Nous apportons une réponse. TIBH va utiliser un robot de culture cellulaire – un robot de piquetage – pour effectuer des prélèvements réguliers et les placer dans la cartouche de notre lecteur. Au bout de 15 minutes, les chercheurs disposent d’une information qui leur permet d’ajuster le procédé. Avant, il fallait attendre plusieurs jours avant de recevoir le résultat. Un démonstrateur est déjà opérationnel et des tests ont été effectués cet été.

Quelles sont les prochaines évolutions de votre technologie ?

Nous sommes encore en phase de développement afin d’adapter notre système aux robots de piquetage. Nous visions également l’augmentation de notre débit d’analyse. Nos cartouches disposent actuellement de 18 emplacements d’analyse en simultané, nous voulons passer à 96, ce qui est la norme dans le domaine de la bioproduction. L’aide reçue dans le cadre de l’appel à projets va également nous permettre d’accélérer l’industrialisation de notre appareil.

Quels sont les atouts de la France dans le domaine des biotechnologies et pouvons-nous nous démarquer face à la concurrence internationale ?

La France dispose d’un énorme savoir-faire dans le domaine des biotechnologies, et nous avons plusieurs leaders mondiaux que ce soit en médecine humaine ou animale. De ce fait nous avons de grandes capacités de production en cellules souches et en anticorps thérapeutiques et notre recherche est très avancée. Cependant, nous manquons de flexibilité et cela est problématique sur ce marché très dynamique. La France possède de véritables mammouths du secteur, mais il faut désormais favoriser le « scale-up » des technologies. Ce n’est pas évident car cela demande des financements conséquents. L’idée est désormais de faire émerger des jeunes pousses et des ETI pour avoir une production plus réactive.

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