Les clés du succès d’Afyren qui compte lever 80 M€ en Bourse
Entre 70 et 80 millions d’euros, c’est le montant qu’entend lever la société de biotechnologie industrielle Afyren à l’occasion de sa mise en Bourse, sur l’Euronext Growth, à Paris. Jusqu’à la fin septembre, des titres sont proposés dans une fourchette indicative de 8,02 € à 9,72 € par action. Dès le lancement le 14 septembre, près de la moitié de l’offre avait déjà été souscrite par Mirova (15 M€), Bpifrance (entre 12,66 et 15 M€), Sofinnova Industrial Biotech 1 (4 M€) et CACF Développement (1 M€).
Depuis sa création, il y a dix ans, la société a déjà réalisé plusieurs levées de fonds, notamment 2 M€ en 2013 auprès de Sofimac. Puis en 2018, 21 M€ avaient été levés auprès de Sofinnova, Supernova, Crédit agricole et Valquest et abondés par le fonds SPI (Société de projets industriels) de Bpifrance. Ils ont permis de mobiliser 46,5 M€ et de créer Afyren Neoxy, société destinée à industrialiser la technologie d’Afyren. Une première usine qui sera mise en service au premier trimestre 2022, sur le site de Carling-St-Avold, en Moselle, avec une capacité de production de 16 000 t/an d’acides organiques biosourcés et de 23 000 t/an d’engrais. Le nouvel appel au marché est destiné à financer deux prochaines usines en Amérique du Nord et en Asie du Sud-est, de capacité supérieure – de l’ordre de 28 000 t/an - pour des démarrages respectifs fin 2024 et début 2026. « Nous visons à moyen terme une capacité de 70 000 t/an et un chiffre d’affaires de 150 M€, avec une mage Ebitda de 30 % », souligne Nicolas Sordet, CEO et co-fondateur d’Afyren.
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Sept acides organiques
Afyren doit son succès à un procédé innovant qui permet la production conjointe de sept acides, par fermentation, à partir de matière première biosourcée. (Des dérivés de l’industrie de la betterave, fournis par le sucrier Südzucker , dans le cas de la première usine). Ces acides organiques, qui concurrencent des versions pétrosourcées déjà sur le marché, ont l’avantage de présenter une empreinte carbone réduite de plus de 80 % , tout en étant proposés à un prix compétitif. Cette performance est due à un procédé parfaitement optimisé, zéro déchet, protégé par dix brevets, et à une approche contre-intuitive qui consiste à produire un mélange d’acides qui sont ensuite séparés efficacement. Jérémy Pessiot, CTO et co-fondateur, constate que la plupart des acteurs du secteur ont concentré leurs efforts sur un procédé monoproduit, à travers la mise au point d’un micro-organisme produisant une seule molécule. Or cette approche conduit quasiment systématiquement à des produits biosourcés plus onéreux que leurs équivalents fossiles.
60 % de la capacité de la première usine vendue
Les sept acides organiques d’Afyren servent six marchés, avides de produits chimiques en version biosourcée, représentant un total de 13 Mrds € en 2021, et en croissance de 5 % /an. Marchés qui ne sont adressés actuellement que par 1 % de produits biosourcés. Grâce à des propriétés de conservation, antibactériennes et d’olfaction, ces acides ont des applications dans l’alimentation humaine et animale, les lubrifiants et les arômes et parfums. La demande est si forte que 60 % de la capacité de la première usine sont déjà vendus. Mais au-delà de cette présentation technique, Nicolas Sordet décrit Afyren comme « une entreprise qui veut adresser les grands enjeux de la société, comme le réchauffement climatique, et apporter du sens aux générations futures ». De Symrise à Givaudan, en passant par L’Oréal, Firmenich, Unilever ou Croda, ces clients - ou prospects - d’Afyren migrent tous vers l’achat exclusif de matières premières durables. Dans le cas de L’Oréal, l’objectif est même d’atteindre les 95% d’ingrédients biosourcés d’ici à 2030. Afyren veut participer à cette lame de fond.