La société d'Elon Musk a franchit une étape majeure en mettant sur orbite un satellite commercial à partir d'une fusée qui avait déjà volé. Voici les cinq ingrédients à l'origine de son succès.
Hassan Meddah
\ 11:39
Mis à jour 31 Mars 2017
Hassan Meddah
\ 11:39
Mis à jour 31 Mars 2017
1-Un dirigeant visionnaire :
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Elon Musk est un dirigeant visionnaire qui a su bousculer une industrie spatiale très conservatrice. A peine arrivé, il propose une idée inédite: le concept de fusée réutilisable. Lui qui veut permettre la colonisation de la planète Mars d'ici 2025, s'appuie sur des comparaisons osées: si on jetait chaque avion après un vol, le transport aérien de passagers ne se serait jamais autant développé. Selon le milliardaire californien une fusée pourrait être recyclée en théorie une centaine de fois. De manière plus réaliste, une lanceur pourrait être réutilisé entre 10 et 20 fois. Cela permet déjà d'envisager des économies de 30 % sur le prix des lanceurs.
2-Le soutien de la Nasa
L'agence spatiale américaine a beaucoup contribué au succès de SpaceX. L'Europe s'est toujours offusquée des subventions masquées dont bénéficierait le concurrent d'Arianespace. Un soutien technologique pour commencer. Les ingénieurs de SpaceX ne sont pas partis d'une feuille blanche. Ils ont hérité des développements réalisés par la Nasa qui ont permis de concevoir les moteurs Merlin réutilisables qui équipent la fusée Falcon9. Par ailleurs, l'aide a été également financière. Dès 2008, la Nasa a contractualisé avec SpaceX jusqu'à 12 lancements notamment pour ravitailler la station spatiale internationale pour une somme de 1,6 milliard de dollars. En 2014, les deux parties ont signé un nouveau contrat de 2,6 milliards de dollars pour l'acheminement des astronautes vers la station. De quoi donner une visibilité et une stabilité financière à ce nouvel entrant et lui permettre de casser les prix sur le marché des lancements à destination des opérateurs privés.
3- L'acceptation de l'échec
Si cela semble presque une routine aujourd'hui, cela n'a pas été une mince affaire de faire revenir le premier étage de Falcon 9 sur une barge flottante ou sur son pas de tir initial. Les premières tentatives ont donné lieu à des explosions spectaculaires qui auraient pu en refroidir plus d'un. Pas de quoi décourager un Elon Musk toujours optimiste, prêt à tirer les leçons de ses ratés et décidé à à recommencer autant de fois que nécessaire. SpaceX a essuyé cinq échecs sur les 14 tentatives. Cette culture de l'échec n'existe pas en Europe, ce qui a sûrement freiné l'innovation spatiale surle Vieux Continent.
4- Un modèle industriel hyper centralisé
Dans son usine de Hawthorne en Californie, des matières premières, et des tôles rentrent d'un côté, et il en ressort une fusée de l'autre. C'est évidemment exagéré, mais cela reflète assez bien l'organisation industrielle de SpaceX. L'industriel a misé sur une intégration verticale poussée pour maîtriser techniquement l'ensemble des éléments du lanceur et réduire le recours à des sous-traitants sources de défaillances. Pour concevoir et fabriquer Ariane 6 qui doit effectuer son premier vol en 2020, l'Europe s'inspire désormais de ce modèle. Elle a donné naissance à Airbus Safran Launchers né du rapprochement des activités spatiales d'Airbus (maître d'oeuvre d'Ariane), du motoriste Safran et d'Arianespace en charge de la commercialisation.
5- Une résilience à toute épreuve
Dans sa courte histoire, SpaceX, créée en 2002, a déjà subi des échecs majeurs, avec par deux fois l'explosion de son lanceur en juin 2015 et en septembre 2016. Dans ce dernier cas, la fusée avait explosé sur son pas de tir et détruit un satellite de 200 millions de dollars de la société israélienne Spacecom. D'autres sociétés de lancement auraient pu mettre la clé sous la porte ou difficilement s'en relever, alors que quatre mois après, Falcon9 redécollait. La société a surpris tous les observateurs du secteur en revenant à chaque fois très vite sur son pas de tir. La preuve d'une capacité à se remettre en cause rapidement.
Hassan suit depuis 2009 les secteurs de la défense, de l’espace et de la cybersécurité. Titulaire d’une maîtrise de Physique et diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille, il est auditeur de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN, 56e session armement et économie de défense).
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