Après la polémique du passeport britannique fabriqué par le Français Gemalto, un nouveau sujet de discorde apparaît entre les industriels d'outre-Manche et leurs concurrents, autrefois alliés, européens, dans la foulée du Brexit. La Commission européenne a décidé en janvier dernier de transférer en Espagne le site de sauvegarde du centre de surveillance de la sécurité de Galileo (CSSG), ce projet de "GPS européen" se voulant bien plus précis que son concurrent américain. Situé jusqu’alors à Swanwick, en Angleterre, il devait être opérationnel cette année, le site principal restant en France.
Or, selon le journal britannique Financial Times, Bruxelles n’entend pas s’arrêter là et entendrait sortir le Royaume-Uni de toute participation à ce projet aux 10 milliards d’euros. le ministre britannique des Entreprises, Greg Clark, aurait donc sollicité des conseils juridiques pour récupérer la somme de 1,4 milliard d'euros que Londres a investie dans le projet depuis son lancement en 2003. Le gouvernement et l’industrie britanniques, désireux de tirer parti des futurs gains qui en découleront et de ne pas faire cavalier seuls dans la recherche et le secteur du spatial, attendaient en effet beaucoup de ce projet pour l’économie britannique et les services de renseignement.
Des risques pour la sécurité et la défense
Alors que le système Galileo sera pleinement opérationnel en 2020, les premières fonctions de Galileo étaient entrées en service en décembre 2016 grâce à 15 satellites fonctionnels. Depuis, d’autres satellites ont rejoint la constellation. Mais en en prévision de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, en mars 2019, la Commission européenne a commencé à exclure le gouvernement et les entreprises britanniques des futurs travaux les plus sensibles sur Galileo. "Nous avons clairement fait savoir que nous n'accepterons pas la position de la Commission sur Galileo, qui pourrait nuire sérieusement à une collaboration mutuellement bénéfique en matière de sécurité et de défense", a déclaré Greg Clark dans un communiqué diffusé par email.
Les Britanniques pourraient donc lancer... leur propre programme concurrent. "Nous continuerons à travailler sur cette question avec l'industrie spatiale britannique et grâce à notre 'Stratégie industrielle' moderne, nous nous assurerons que le Royaume-Uni puisse concrétiser les opportunités offertes par l'ère spatiale commerciale", a précisé le Ministre.
Il y a un mois, le président exécutif d'Airbus Tom Enders a exhorté l'UE et le Royaume-Uni à trouver d'urgence une solution pour garantir la poursuite de leur coopération dans Galileo. Airbus est le premier groupe spatial au Royaume-Uni. Il est aussi actionnaire majoritaire dans SSTL, fabricant britannique de satellites pour le programme Galileo.