Les 10 événements marquants de l’aéro en 2018

Un nouveau patron pour Airbus, un partenaire industriel inédit pour Boeing, de grands contrats pour les sous-traitants... Pas de répit pour l'aéronautique en 2018. Retour sur 10 événements qui ont marqué l'année.

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Les 10 événements marquants de l’aéro en 2018
Malgré la polémique, Dassault espère toujours livrer ses premiers exemplaires de Rafale à l'Inde d'ici à la fin 2019.

Figeac Aero signe un contrat historique avec Boeing

Après plus de dix ans de travail au corps, la ténacité de Jean-Claude Maillard a payé : le champion de l’aéronautique qu’il a fondé en 1989, Figeac Aéro, a annoncé mardi 9 janvier avoir signé son premier contrat en direct avec l’avionneur américain Boeing. "L’acquisition d’une usine à Wichita, dans le Kansas, en mai 2014 a été l’un des éléments déclencheurs", confiait à l’époque le patron de la PME lotoise de plus de 3000 salariés.

Figeac Aéro fournira des pièces de structure en aluminium, de 4 mètres de long, destinées aux ailes du Boeing 777X, mis en service en 2020 et qui entrera en concurrence directe avec l’Airbus A350-1000. Un contrat qui élargit l’horizon commercial de Figeac Aéro et laisse entrevoir la possibilité d’intégrer d’autres programmes de l’avionneur américain. Et qui renforce la dynamique encore un peu plus la croissance d’une entreprise française implantée en France mais aussi aux Etats-Unis, en Tunisie, au Maroc et au Mexique.

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A cause de l’A380 et l’A400M, Airbus supprime des postes

Alors que le secteur est perçu comme l’un des plus dynamiques, l’information détonne. Mercredi 7 mars, Airbus présente au Conseil d’entreprise européen un plan qui concerne pas moins de 3700 personnes. La France n’y échappe pas où 470 postes devront être supprimés, dont 250 à Toulouse, 100 à Nantes et 50 à Saint-Nazaire au niveau des chaînes de production. Explications : si la production de l’A320 frôle la surchauffe, l’A380 et l’A400M sont en perte de vitesse.

Les cadences du superjumbo tomberont à 6 avions par mois d’ici 2020 (contre 12 en 2018), et le très coûteux A400M connaît lui aussi les mêmes affres. Au moment de l’annonce, l’avionneur européen assure que des solutions de reclassement vers d’autres programmes en croissance, tels que l’A320 et l’A350, seront mises en place alors que la possibilité de licenciements secs n’a pas été évoquée. In fine, c’est l’Allemagne qui paie le plus cher tribu avec 1900 postes affectés.

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Latécoère met un pied dans le futur

Machines d’usinage automatisées, système de stockage de pièce piloté par ordinateur, puces RFID pour la logistique… Labellisé "Usine du Futur", le nouveau site de Latécoère donne à voir sur 6000 m² ce qu’il se fait de plus moderne en aéronautique en matière d’automatisation et de process d’usinage de pointe. Ce mardi 22 mai, jour de l’inauguration de cette nouvelle usine située à Montredon (Haute-Garonne), les dirigeants de ce groupe centenaire dont le nom est intimement lié à l’histoire aéronautique française ne sont pas peu fiers : les 35 millions d’euros investis propulsent Latécoère dans le numérique.

A l’instar de groupes tels Daher et Figeac Aero, l’entreprise suit le mouvement de ces sous-traitants et équipementiers qui font de la digitalisation la condition sine qua non de leur maintien dans la course à la compétitivité engagés par les grands donneurs d’ordre, Airbus et Boeing en tête. Une modernisation que l’on doit à Yannick Assouad, ex Zodiac et patronne depuis 2016 de Latécoère, entreprise mythique de l’aéronautique qui semble pour de bon être sortie de l’ornière financière qui a ralenti son développement dans le tournant des années 2010. Le plan Transformation 2020, qui prévoit la réduction de 233 postes, vise notamment à investir 100 millions d’euros pour moderniser l’ensemble du groupe.

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Serge Dassault tire sa révérence

Le dirigeant qui avait pris la tête du groupe Dassault en 1987, succédant à son père, est décédé lundi 28 mai 2018 à l'âge de 93 ans : patron longtemps resté dans l’ombre tutélaire paternelle, à la tête d’un groupe à la fois international et familial, Serge Dassault représente quelles que soient les controverses une figure qui aura marqué l’industrie française. Si Marcel Dassault a fondé l’entreprise en 1929 et construit les bases d’une entreprise reconnue dans le monde entier pour son savoir-faire dans le civil et le militaire, son fils a contribué à la faire entrer dans l’ère moderne de l’aéronautique.

Aujourd’hui, Dassault, c’est plus de 2100 avions Falcon et plus de 1000 avions de combat en service, 11400 salariés, 25% de parts ans le groupe d’électronique et de défense Thales, une présence dans 80 pays via une dizaine de filiale et un chiffre d’affaires de 4,8 milliards d’euros en 2017 dont 89% à l’export… "Avec Serge Dassault, Dassault ne construisait plus seulement de beaux avions, mais a commencé à gagner de l’argent", résume Marwan Lahoud, ex patron de la stratégie du groupe Airbus, qui a côtoyé Serge Dassault en tant qu’administrateur de Dassault Aviation de 1998 à 2003. Les rênes du groupe Industriel Marcel Dassault (GMID) sont revenus à Charles Edelstenne, qui a fondé l’entreprise de logiciel Dassault Systèmes et a dirigé Dassault Aviation de 2000 à 2013.

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A Hambourg, Airbus met les bouchées doubles

Et de huit ! La toile industrielle dédiée à la fabrication du best-seller d’Airbus, l’A320, se dote d’une nouvelle ramification. L’avionneur européen a inauguré jeudi 14 juin à Hambourg la quatrième ligne de production allemande de son monocouloir. Elle vient s’ajouter aux deux lignes toulousaines, ainsi qu’à celle de Tianjin (Chine) et de Mobile (Etats-Unis). Trente ans après la première livraison d’un A320, cette famille d’avions qui ne devaient être vendu qu’à 700 exemplaires, affiche un total de plus de 14 000 commandes, dont 6078 restent à honorer d’après les derniers chiffres fournis.

Grâce à cette nouvelle ligne ultra moderne d’une capacité de 10 avions par mois, Airbus devrait parvenir à la mi-2019 à une cadence de production de 63 avions par mois, voire au-delà. Des deux robots de rivetage des jonctions de fuselage au positionnement laser de la voilure, en passant par les plateformes mobiles, elle représente une vitrine de briques technologique qui devront peu à peu trouver leur place dans les autres sites d’assemblage du groupe, en France, aux Etats-Unis et en Chine.

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La France en pole position dans l’avion de combat du futur

A l’occasion d’un conseil des ministres franco-allemand, la France est désignée mardi 19 juin comme "nation leader" du SCAF, le Système de Combat Aérien Futur. Quelques mois auparavant, en avril, Airbus et Dassault Aviation avaient annoncé un accord sur le développement de cet avion et de son écosystème technologique qui remplacera les Eurofighter et les Rafale à l’horizon 2040. Si les contours du partenariat industriel restent à définir, Dassault devrait prendre l’ascendant sur l’avion lui-même et Airbus pourrait être en charge des autres éléments du SCAF (drones, satellites, cybersécurité, infrastructures au sol de gestion des données… ).

Un mois plus tard, au salon aéronautique de Farnborough, le Royaume-Uni riposte avec l’avion de combat Tempest, alors que le Brexit a mis à mal le projet de drone de combat franco-britannique dans lequel était impliqué l’industriel britannique BAE Systems. A contrario, en décembre, l’Espagne faisait savoir qu’elle souhaitait monter à bord du SCAF. L’Europe de la Défense n’est pas encore sur les rails…

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Boeing s’acoquine avec Embraer

Après des mois de rumeurs et de fuites médiatisées, le rapprochement a bien lieu. Boeing et Embraer annoncent jeudi 5 juillet la signature d’un protocole d’accord visant à créer une société commune. En s’emparant des avions régionaux de la famille ERJ et des E2, Boeing se targue d’être en mesure – en ajoutant ses propres programmes – de proposer un portefeuille complet d’avions, de 70 sièges à 450 sièges. Pour l’américain Boeing et le brésilien Embraer, l’opération est prometteuse sur le plan financier : les synergies de coûts annuelles sont estimées à environ 150 millions de dollars dès la troisième année.

Les modalités du partenariat, validées le 17 décembre, prévoit que Boeing détiendra 80% de la coentreprise, soit 4,2 milliards de dollars, contre 20% pour Embraer. Ce mouvement majeur de consolidation du secteur aéronautique constitue une réponse directe à la prise de contrôle du programme CSeries du canadien Bombardier par Airbus, annoncée en octobre 2017 et clôturée début juillet 2018. Si la coentreprise sera conduite par une équipe dirigeante basée au Brésil, Boeing exercera un contrôle opérationnel de l’entité, d’ailleurs directement rattachée à Dennis Muilenberg, le patron de Boeing.

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Guillaume Faury nommé pour piloter Airbus

En moins d’un an, le patron d’Airbus Helicopters – la plus petite division du groupe Airbus – aura pris la tête de la branche principale, celle dédiée aux avions commerciaux, pour être finalement nommé futur dirigeant de l’avionneur européen. Le conseil d’administration d’Airbus a rendu son verdict lundi 8 octobre : Guillaume Faury remplacera Tom Enders en avril 2019, après l’assemblée générale du groupe. Il faut dire qu’en quelques mois, la voie s’est bien dégagée pour le dirigeant : Airbus traverse depuis près de deux ans une tempête qui a vu nombre de ses dirigeants historiques quitter le navire, en raison d’inimités internes pour certains, de leurs proximités avec des affaires de soupçons de corruption pour d’autres et de mise sur le banc de touche pour quelques-uns.

Un airbusien taillé pour le poste de numéro un, voilà le message envoyé à l’extérieur : le navire Airbus ne tangue plus, son nouveau capitaine sait le piloter. Guillaume Faury, ingénieur diplômé de l’Ecle Polytechnique, a passé près dix années chez Eurocopter (ex Airbus Helicopters) entre 1998 et 2008, puis, après une expérience passée chez PSA, a pris les rênes d’Airbus Helicopters de 2013 à 2018, date à partir de laquelle il a pris les commandes de la branche aviation commerciale. Entre l’apaisement des tensions internes, les montées en cadence de production de l’A320 et de l’A350, les enjeux du new space, le lancement de l’ex CSeries de Bombardier dénommé A220 et l’Europe de la défense, le nouveau dirigeant a déjà un calendrier bien chargé.

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Boeing plante son drapeau en Europe

Après les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, Boeing plante son drapeau là où il était jusqu’à présent absent : l’Europe. Sa douzième usine de production, basée à Sheffield (Yorkshire, Royaume-Uni), ne compte encore qu’une dizaine de machines automatisées qui fonctionne en sous-régime. Pour un temps seulement, car l’espace disponible sera bientôt envahi de nouveaux équipements à la faveur de la montée en puissance du site. Annoncée en février 2017, l’usine ultra moderne de 6200 m² est inaugurée jeudi 25 octobre. Elle a suscité une cinquantaine d’embauches et livré ses premières pièces en octobre 2018.

Elle produira dès la fin de l’année 2018 entre 7000 et 8000 composants destinés aux actionneurs – systèmes de commandes des volets des ailes – des 737 et des 767. Derrière l’investissement de 45 millions d’euros, une inflexion majeure de l’avionneur : partir à l’assaut des terres airbusiennes. Les dirigeants de Boeing voient l’Europe comme un marché de premier plan, qui sera d’ailleurs supérieur en valeur à celui de l’Amérique du Nord d’ici les 20 prochaines années. Une bonne nouvelle pour les équipementiers et sous-traitants européens et français, qui seront les grands gagnants de cette nouvelle stratégie du géant américain.

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L’horizon s’éclaircit en Inde pour Dassault

Dans la brumeuse polémique politico-industrielle qui n’a cessé d’enfler ces derniers mois concernant la vente de 36 Rafale à l’Inde, Dassault Aviation aperçoit une éclaircie. La Cour suprême indienne rejette vendredi 14 décembre tous les recours déposés à l’encontre de ce contrat signé en septembre 2016. En clair : l’institution indienne n’ouvrira pas d’enquête sur les soupçons de corruption et de trafic d'influence qui planent dans la vente de ces appareils. Une décision qui fait suite à une polémique née en 2016 et qui s’est transformée au fur et à mesure des mois en "affaire Rafale" en Inde.

C’est le rapprochement de Dassault et la société Reliance Defense, détenue par le milliardaire indien Anil Ambani, qui cristallise les tensions en raison de la proximité entre l’homme d’affaires et l’actuel chef du gouvernement indien Narendra Modi. Dassault Aviation ne cesse de son côté de rappeler son choix effectué, selon son dirigeant Eric Trappier, en toute indépendance, ainsi que la collaboration industrielle avec un réseau d’une trentaine d’autres entreprises indiennes dans le cadre du programme "Make In India" prôné par Narendra Modi.

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