Le succès du cognac pousse les viticulteurs à planter prudemment

par Claude Canellas
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Le succès du cognac pousse les viticulteurs à planter prudemment
Les professionnels du cognac sont convenus de planter 800 hectares de nouveaux pieds de vigne en 2017 pour répondre à l'explosion de la demande à l'exportation et pourraient valider en fin d'année une nouvelle extension de plus de 1.000 hectares. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

BORDEAUX (Reuters) - Les professionnels du cognac sont convenus de planter 800 hectares de nouveaux pieds de vigne en 2017 pour répondre à l'explosion de la demande à l'exportation et pourraient valider en fin d'année une nouvelle extension de plus de 1.000 hectares.

En 2016, le cognac a établi un nouveau record historique à l'exportation avec 179,1 millions de bouteilles expédiées pour un chiffre d'affaires de 2,76 milliards d'euros, et 2017 s'annonce comme une nouvelle année exceptionnelle.

Les chiffres publiés par le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) portant sur l'année mobile allant de juin 2016 à mai 2017 tablent sur 184,8 millions de bouteilles expédiées sur la planète pour un chiffre d'affaires de plus de 2,946 milliards d'euros.

Pour faire face à la demande, les grandes maisons de cognac poussent la viticulture à agrandir le vignoble charentais qui s'étendait fin 2016 sur 75.000 hectares. Mais les viticulteurs ont tiré les enseignements du passé, entre excès de plantations après 1968 (environ 35.000 hectares) et la crise 2008-2009 pendant laquelle il a fallu procéder à de nombreux arrachages.

"La Charente a connu des heures difficiles. On revient de loin", dit à Reuters Christophe Véral, le président de l'UGVC (Union générale des viticulteurs pour l'AOC cognac) qui a 2.000 adhérents représentant 67 à 70% du vignoble.

La situation économique du cognac s'étant redressée, les grandes marques ont manifesté depuis quelques années leur volonté de voir la production augmenter.

NE PAS AVOIR PEUR

Bernard Peillon, le président de Hennessy, premier producteur et propriété de LVMH qui a vu ses ventes de VS (eaux-de-vie d'au minimum deux ans d'âge) progresser de 20% aux Etats-Unis en 2015 et 2016 avec une tendance identique en 2017, a appelé la viticulture à ne pas avoir peur de s'étendre.

"J'ai confiance dans la qualité du dialogue avec la viticulture", a-t-il dit début mai lors de l'assemblée générale de sa coopérative, selon le journal Sud-Ouest, ajoutant : "A ne pas mettre le pied dans l'étrier, nous allons finir par manquer la course".

D'autant que des aléas climatiques peuvent encore réduire la production, ce qui a été le cas en 2016 avec la grêle. Cette année, 25.000 hectares ont été touchés par un gel tardif le 26 avril, et le 9 juillet la grêle a détruit 400 hectares.

Négoce et viticulture, qui siègent à parité au sein du BNIC, ont mis en place un plan portant sur 15 ans qui détermine les possibilités et les besoins prévisionnels de chacun.

"Si le vignoble est aujourd’hui correctement dimensionné au regard des perspectives des marchés, les perspectives montrent aujourd’hui une évolution continue des expéditions sur les années à venir, nécessitant d’être anticipées dès aujourd’hui pour satisfaire les besoins futurs", a dit à Reuters Patrice Pinet, président du Syndicat des maisons de Cognac (SMC).

LES VITICULTEURS PRUDENTS

La viticulture a déjà répondu à la demande avec 800 hectares de plantations nouvelles en 2017 avec l'accord final de l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité). D'ores et déjà est évoquée l'autorisation de plantations pour 2018 qui devrait être arrêtée au mois de novembre prochain. Selon les données du business plan, il s'agirait de 1.040 hectares nouveaux. Les discussions ne font que commencer.

"Nous ne souhaitons pas une augmentation trop importante et trop rapide du potentiel de production afin de garantir l’équilibre et la pérennité de la filière Cognac", tempère aujourd'hui Patrice Pinet. "La plantation de vignes dans le cadre du contingent qui sera fixé à la rentrée permettra ainsi à la fois d’anticiper les besoins futurs mais aussi de satisfaire le souhait des viticulteurs de pouvoir solliciter des demandes d’autorisation tout en restant dans les objectifs du business plan", dit-il.

Christophe Véral assure qu'il "ne sera pas fait n'importe quoi". Mais il reconnaît aussi que "le vignoble n'est pas en complète adéquation avec les prévisions du négoce. Alors on doit se projeter mais on ne doit pas surréagir car les vignes une fois plantées peuvent nous rester sur les bras en cas de retournement du marché."

Prudent mais réaliste, le représentant des viticulteurs souligne que "cette année, 800 hectares ont été attribués mais il y en a eu 5.700 hectares de demandés par 2.367 viticulteurs. C'est donc qu'ils y croient."

(Edité par Yves Clarisse)

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