L'Usine Nouvelle : Pourquoi la compétition automobile génère-t-elle moins d’enthousiasme en France que dans d’autres pays ?
François Lassalle : C’est une conséquence directe de la politique en matière d’automobile, qui fait que le sport automobile souffre d’un déficit d’image en France. Mais cette situation est propre à l’hexagone, car chez nos voisins anglais, américains, allemands et italiens, les entreprises du sport auto sont beaucoup mieux considérées. C’est dommage, pour un pays qui compte quatre constructeurs (Citroën, DS, Peugeot et Renault), d’excellents pilotes et surtout des PME remarquables.
Quelle conséquence pour les industriels qui travaillent dans le monde de la compétition ?
Cela a une conséquence directe : alors que les autres pays ont des zones industrielles fortes dédiées au sport auto, en France elles sont très rares. Ainsi, malgré la notoriété des 24 heures, le pôle du Mans peine à remplir son technoparc, et les spécialistes du sport auto y sont minoritaires. Au niveau national, le secteur a du mal à se fédérer. Il n’est pas considéré à sa juste valeur en France, en tout cas pas assez comme apporteur de solutions.
Le sport automobile contribue à d’autres filières industrielles ?
C’est une filière d’excellence qui intéresse de nombreux secteurs industriels. L’aéronautique, par exemple, est friande de solutions développées pour le sport auto car elles remplissent les mêmes exigences de qualité et de fiabilité. Depuis quelques années, nous ouvrons les International Business Days du Mans à des industriels d’autres secteurs que le sport auto, et l’on voit des affaires se conclure dans le ferroviaire, la Défense, et même le machinisme agricole.
L’image du sport auto pourra-t-elle être redorée ?
Les règlements évoluent pour mieux intégrer la composante environnementale. En outre, la France conserve des atouts : la FIA a son siège à Paris, et même si nous n’avons plus de Grand Prix de F1 nous avons on a toujours du rallye et les 24 Heures du Mans. Et les fréquentations restent bonnes sur la plupart des circuits. Au final, c’est un secteur qui utilise des technologies de pointe et qui est reconnu dans de nombreux pays, mais difficile à dire s'il trouvera un regain d’intérêt en France auprès du grand public.
Propos recueillis par Frédéric Parisot
22/04/2016 - 17h17 - Hardfolk
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