LE SHOPPING DES KOLKHOZIENS

Fabuleuse nouvelle ! En cette fin d'automne 1973, le magasin d'État de Donetsk vient de recevoir un arrivage de produits indéterminés, mais de qualité certifiée authentiquement soviétique. Sans perdre un instant, munie des autorisations de circuler, visas intérieurs et laissez-passer requis, une délégation du kolkhoze "Gloire à Dimitrov" s'embarque joyeusement vers la ville, sous la direction du sous-commissaire de district, Dimitri Josefovitch Bolchnikof. À bord du vieux car peint aux couleurs du Comecon, on se gorge de vodka et de zakouski - deux par personne. Entre deux pannes - il faut laisser souffler le radiateur de fabrication bulgare -, on entonne d'enthousiastes chants révolutionnaires. On récite pour se réchauffer des poèmes de Maïakovski et de Leonid Brejnev.

À peine rendus à Donetsk, tels des cosaques ivres de joie, les visiteurs se ruent dans le magasin d'État à la façade gris fer. Passé le premier moment de déception - il n'y a déjà plus de saucisson -, chaque homme du groupe repart avec une paire de chaussures en skaï taille unique (41) payée 19 roubles. Et chaque femme avec une paire de bas imitation nylon payée 13 roubles. Grigori Bolovidietz, le responsable du magasin, se frotte les mains : sa recette est de 1 000 roubles !

COMBIEN NOTRE SYMPATHIQUE DÉLÉGATION DE KOLKHOZIENS COMPTAIT-ELLE D'HOMMES ET DE FEMMES, SACHANT QUE CES DEUX NOMBRES SONT PREMIERS ?

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