Le secteur des télécoms décroche en Bourse
par Alexandre Boksenbaum-Granier et Gwénaëlle Barzic
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\ 10h46
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PARIS (Reuters) - Le secteur français des télécoms décroche une nouvelle fois en Bourse vendredi matin, Bouygues Telecom ayant remis de l'huile sur le feu dans la guerre des prix que se livrent les opérateurs sur plusieurs fronts: 4G, offres avec téléphones inclus et maintenant l'internet fixe.
A 10h05, le titre Iliad, maison mère de Free, chutait de 6,41% à 156,20 euros, affichant ainsi le repli le plus marqué du SBF 120 (+0,06%).
Au même instant Bouygues (-1,58%), Vivendi (-1,11%) et Orange (-0,91%) accusaient les plus fortes baisses du CAC 40. L'indice sectoriel européen gagnait quant à lui 0,31%.
Dans un entretien au Figaro, le PDG de Bouygues, Martin Bouygues, a annoncé que sa filiale Bouygues Telecom allait proposer l'an prochain des prix réduits dans l'internet fixe pour contrer le développement de Free, à l'origine d'une première offensive dans le mobile l'an dernier.
La nouvelle offre envisagée doit permettre aux clients intéressés de réaliser 150 euros d'économies par an par rapport aux offres disponibles actuellement sur le marché.
"C'est une mauvaise nouvelle (...) L'article ne nous précise pas vraiment si Martin Bouygues envisage de réduire les prix pour sa marque low cost B&You ou pour sa marque principale, auquel cas les conséquences seraient plus fortes car elles n'affecteraient pas seulement Iliad mais l'ensemble du secteur", estime un trader en poste à Paris.
Plus que l'annonce de Martin Bouygues, les investisseurs retiennent surtout l'avalanche de déclarations, parfois virulentes, dans le secteur après que Free a relancé les hostilités en intégrant le très haut débit mobile sans surcoût dans l'ensemble de ses offres.
GUERRE D'EGOS
"Plus qu'une guerre des prix, c'est une véritable guerre d'egos dans les télécoms français, chaque dirigeant y va de sa petite phrase (...) Tout cela n'augure rien de bon, surtout dans un contexte déjà difficile pour l'avenir des marges du secteur", observe un vendeur actions parisien.
"Il est préférable de rester en dehors du secteur, le temps que les choses se calment un peu."
En début de semaine, Stéphane Richard, PDG d'Orange, a qualifié Xavier Niel, le dirigeant de Free, de prétentieux et agressif mais aussi de "roi de l'embrouille".
La veille, le dirigeant d'Iliad avait estimé dans une interview au Journal du Dimanche que le numéro un de l'opérateur historique était "encore jeune dans le métier".
Ce vendredi, Martin Bouygues défie Xavier Niel d'en faire autant que son groupe "s'il en est capable!".
Cette escalade verbale s'est doublée d'une succession d'annonces commerciales.
Bouygues Telecom et Orange ont annoncé en début de semaine qu'ils intégraient la 4G, jusque-là réservée à leurs forfaits traditionnels, dans leurs offres à bas coûts.
SFR, qui s'était fait discret, a fini par leur emboîter le pas jeudi en incluant lui-aussi le très haut débit mobile dans sa gamme RED.
Outre les investisseurs, cette surenchère verbale et commerciale inquiète aussi les pouvoirs publics, alors que les opérateurs sont censés investir massivement pour déployer le très haut débit dans le mobile et dans le fixe.
"Il est possible que dans cette guerre des prix nous ayons un mort et que finalement on se retrouve à trois opérateurs", a mis en garde jeudi le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Sur la radio RTL, Pierre Gattaz, le président du Medef, s'est quant à lui étonné de la discrétion du régulateur l'Arcep.
Edité par Jean-Michel Bélot