Le risque sanitaire plombe les actifs risqués
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PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi, la crainte de répercussions de l'épidémie de coronavirus sur l'économie coupant l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués et entraînant leur repli vers les valeurs refuges, obligations souveraines en tête.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,4% à 5.871,77 points. Le Footsie britannique a cédé 1,36% et le Dax allemand a abandonné 1,41%.
L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,22%, le FTSEurofirst 300 de 1,06% et le Stoxx 600 de 1,01%.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) tient une nouvelle réunion pour déterminer si l'épidémie qui a débuté le mois dernier à Wuhan, en Chine, constitue désormais une "urgence de santé publique de portée internationale".
Une telle décision alimenterait les spéculations sur un ralentissement de la croissance économique, et pas seulement en Chine.
Le coronavirus a fait 170 morts dans le pays selon un nouveau bilan publié par Pékin et les autorités sanitaires avaient recensé 7.711 cas mercredi soir, soit environ 1.700 de plus que la veille.
Mercredi, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a évoqué le sujet lors d'une conférence de presse après le maintien de la politique monétaire de l'institution, jugeant que l'épidémie constituait un problème "très sérieux".
VALEURS
Presque tous les grands secteurs de la cote européenne ont fini dans le rouge et parmi les baisses les plus marquées figurent sans surprise les compartiments les plus exposés au risque de ralentissement de la croissance en Chine: celui du pétrole et du gaz a reculé de 2,61%, celui des hautes technologies de 2,09%, celui des transports et du tourisme de 1,44%.
A Paris, où toutes les valeurs du CAC ont reculé sauf Axa (+0,02%), TechnipFMC est la lanterne rouge de l'indice avec une chute de 6,82%. Arcelormittal a perdu 3% et Total 2,84%.
LES INDICATEURS DU JOUR
Du côté de la conjoncture, l'économie américaine a une nouvelle fois manqué en 2019 l'objectif défini par l'administration Trump d'une croissance à 3%, pénalisée par l'amplification de la baisse des investissements des entreprises sur fond de tensions commerciales.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la première économie du monde a atteint 2,3% l'an dernier, au plus bas depuis trois ans, après 2,9% l'année précédente, montrent les données publiées par le département du Commerce.
En Allemagne, l'inflation s'est légèrement accélérée en janvier mais est restée inférieure à l'objectif visé par la Banque centrale européenne (BCE), montre la première estimation de l'évolution des prix à la consommation.
À WALL STREET
A l'heure de la clôture en Europe, les indices de référence de la Bourse de New York perdent de 0,15% à 0,5%.
Contre la tendance, Microsoft freine la baisse du Dow avec une progression de 2,5% au lendemain de la publication de résultats trimestriels meilleurs qu'attendu.
A la baisse, Facebook pèse sur le Nasdaq en chutant de 6,75%. Le réseau social a annoncé mercredi s'attendre à un ralentissement de la croissance de son chiffre d'affaires et fait état d'une augmentation de ses coûts.
Amazon doit publier ses résultats après la cloture.
TAUX
Comme lors des précédentes poussées d'aversion au risque, les investisseurs se reportent sur les emprunts d'Etat, dont les rendements perdent du terrain: celui du Bund allemand à dix ans a reculé de plus de trois points de base à -0,41% et son équivalent français, à -0,156%, a confirmé son retour en territoire négatif.
Le dix ans américain perd près de quatre points de base à 1,558%.
CHANGES
Sur le marché des devises, le dollar cède un peu de terrain face à un panier de référence et l'euro s'échange à un peu plus de 1,10 dollar après être tombé mercredi à son plus bas niveau depuis deux mois à 1,0992.
La livre sterling prend 0,2% face à l'euro et 0,5% face au dollar après les annonces de la Banque d'Angleterre.
A la veille du Brexit, celle-ci a laissé son taux d'intérêt directeur inchangé en expliquant que les signes d'amélioration de la conjoncture au Royaume-Uni depuis les élections de décembre et de stabilisation de l'économie mondiale rendaient inutile un soutien accru de la politique monétaire.
PÉTROLE
La crainte de voir l'épidémie de coronavirus freiner la demande chinoise et l'annonce d'une hausse plus marquée qu'anticipé des stocks aux Etats-Unis alimentent un repli marqué du cours du baril après le rebond timide des deux séances précédentes.
Le Brent perd 2% à 58,60 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,3% à 52,09 dollars.
A SUIVRE VENDREDI
La journée de vendredi, à l'agenda de laquelle figurent plusieurs indicateurs, dont les chiffres mensuels de l'inflation et une première estimation de la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au quatrième trimestre (10h00 GMT), sera particulière puisqu'il s'agit de la date officielle du divorce entre Londres et Bruxelles, qui sera suivi de négociations délicates sur l'avenir des relations entre les deux parties.