Le recyclage chimique prend ses marques
Pétrochimistes, fournisseurs d’emballages ou grandes marques, le recyclage chimique monte en puissance.
La production à grande échelle de polymères issus du recyclage chimique mobilise actuellement de nombreuses entreprises.
Le groupe américain ExxonMobil vient d’achever une unité de production au Texas, lui permettant de tester un nouveau procédé propriétaire de recyclage basé sur le traitement thermique des déchets plastique pour produire une huile de pyrolyse utilisable dans ses vapocraqueurs. Objectif : produire ensuite à plus grande échelle des polymères aux propriétés équivalentes à celles du vierge. Le pétrochimiste, qui espère pouvoir utiliser ces résultats pour exploiter par la suite d’autres unités de recyclage de ce type à travers le monde, a déjà obtenu les certifications ISCC+ (International Sustainability and Carbon Certification Plus). ExxonMobil vise une commercialisation d’ici à la fin de l’année.
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Le britannique BP et le saoudien Sabic ont pour leur part signé un accord de coopération pour produire également des polymères issus du recyclage chimique.
Ce partenariat prend place dans le complexe pétrochimique du bassin de la Ruhr, en Allemagne, où les deux entreprises sont déjà installées. BP y exploite une usine d’oléfines qui transforme des déchets plastique en huile de pyrolyse. Cette dernière est ensuite utilisée par Sabic pour produire des polymères certifiés ISCC+ de sa gamme Trucircle aux propriétés identiques aux polymères vierges et donc recyclables.
Recyclage du polystyrène
Ineos Styrolution a signé un accord de codéveloppement avec Polystyvert pour transformer du polystyrène (PS) post-consommation en résine purifiée. Le chimiste allemand a fait appel à la technologie de dissolution chimique de l’entreprise canadienne permettant de traiter tout type de PS, PSE et HiPS compris, grâce à l’utilisation d’une huile essentielle issue du bois comme solvant.
Réalisé à basse température, le traitement permet après dissolution d’effectuer une séparation du matériau et du solvant et de retirer les contaminants, additifs, pigments et retardateurs de flamme bromés pour l’obtention d’un polymère purifié. Ce dernier pourra alors être transformé comme une résine vierge, y compris pour des applications alimentaires.
Faire fondre la fibre textile
Le recyclage chimique est également employé pour des fibres polyéthylène à très haut module (UHMWPE) chez Royal DSM. L’entreprise vient de signer un partenariat stratégique avec Clariter, spécialiste du recyclage du plastique pour concevoir une solution de recyclage chimique pour les produits dérivés du Dyneema. Une gamme comprenant des cordages, filets et matériaux de protection balistique a déjà été revalorisée au sein de l’usine pilote polonaise de Clariter.
Les résultats ont confirmé qu’il était techniquement possible de transformer des produits fabriqués en fibre Dyneema en huiles, cires et solvants grâce à ce procédé breveté de recyclage chimique.
Destination packaging
De son côté, Tetra Pak incorpore du polyéthylène recyclé chimiquement dans ses briques pour liquides alimentaires, ce grâce à une collaboration avec le groupe pétrochimique britannique Ineos et l’organisation indépendante Roundtable on Sustainable Biomaterials (RSB).
La matière première utilisée est produite par Plastic Energy, qui transforme des déchets plastique en huile de pyrolyse Tacoil . Les polymères recyclés sont mélangés à des polymères non recyclés, puis utilisés dans les bouchons, les cols ou encore les revêtements des briques de Tetra Pak.
Côté cosmétiques, c’est la marque Ren Clean Skincar (Unilever) qui se démarque en intégrant du polypropylène recyclé chimiquement dans l’emballage de sa crème Evercalm. En collaborant avec Sabic et Aptar, la marque utilise les polymères certifiés de Sabic pour le contenant, la fermeture et d’autres parties de l’emballage airless de sa crème.