Le ras-le-bol qui monte : social, fiscal et rural
Un rapport, réalisé par les préfets, dresse le portrait d'un pays au bord de la crise de nerfs. Dans toutes les régions, la colère des Français est palpable, et cela, quelle que soit leur situation dans la société. Tous crient qu'ils n'en peuvent plus d'être les variables d'ajustement, sociale ou fiscale, de politiques menées sans vision.
Mis à jour
21 octobre 2013
Une fronde est-elle en train de monter des profondeurs de notre pays ? Il y a ceux de Brignolles qui ne se déplacent plus pour aller voter et laisse le champ libre aux extrêmes. Il y a ceux de Bretagne qui en ont ras-le-bol d’être des laissés pour compte et qui, les yeux exorbités de détresse, crient leur peur du chômage. Il y a ceux du patronat aussi qui brandissent la désobéissance fiscale (ne plus payer ni taxes ni impôt) pour que l’État s’engage enfin dans un processus réel d’économie.
Abandon et matraquage fiscal
Oui, il y a comme un vent de fronde qui souffle un peu partout dans notre pays. Un vent pointé par les préfets dans le rapport mensuel qu’ils envoient au ministre de l’intérieur. Ils y parlent de la radicalisation de certains discours, du "sentiment d’abandon" et de "matraquage fiscal" dont s’estiment victimes leurs administrés, particulièrement dans les régions rurales.
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Octobre 2022
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Désorganisés, portés par de multiples causes au départ, ces Français en colère se rejoignent sur un point : c’est à l’État et à la puissance publique qu’ils en veulent. Ce qu’ils leur reprochent, finalement, aux élus et dirigeants politiques ? De n’avoir rien fait, depuis des années, pour que la France évolue, change et s’adapte. On ne compte plus les témoignages de chômeurs ou de salariés exprimant leur désillusion, comme cette femme dans l’émission "Des paroles et des actes" sur France 2 qui dit qu'on lui promet depuis 40 ans de meilleurs lendemains, qu’elle n’a rien vu venir et qu’elle ne voit toujours rien venir…
Le fond du sujet est bien là. Notre pays et ses dirigeants, sans doute empêtré dans des stratégies de politique politicienne, n’ont pas compris l’ampleur des changements auxquels nous devions faire face. Ils se sont plus concentrés sur la préservation d’avantages acquis (les niches des uns et les statuts des autres) que sur le développement de nouveaux leviers de richesse. Ils ont trop longtemps considéré que les Français ne pouvaient pas entendre certaines vérités et ont reporté sur l’Europe la responsabilité des douloureux changements que nous devions réaliser. Ils ont manqué clairement de courage politique pour mener les réformes qui permettront à la France de se redresser.
Un sentiment d'injustice
30 ans que cela dure… Peuvent-ils se reprendre ? Peuvent-ils changer ? Peuvent-ils comprendre réellement ce qui se passe au plus profond du pays depuis "leurs bureaux parisiens", comme le leur lançait cette syndicaliste bretonne ? Il faut l’espérer mais il est permis d’en douter. Surtout lorsque l’on se penche sur le dernier budget de l’État. L’actuel gouvernement, comme les précédents, fait passer pour des réductions de dépense ce qui n’est qu’un ralentissement de l’inflation annuelle du budget… quand, dans le même temps, il ne cesse d’augmenter les prélèvements obligatoires. Et c’est finalement le principal reproche que l’on pourrait lancer à leur encontre, à l'image de Pierre Pringuet, le président de l'AFEP : nos dirigeants ne sont pas exemplaires. Les efforts qu’ils demandent aux Français, ils ne se les imposent pas à eux-mêmes. C’est un peu comme si votre manager vous demandait de réduire votre salaire chaque année pour financer son augmentation annuelle. Ce serait une injustice. C’est ce sentiment (contre lequel Hollande voulait lutter) qui monte partout en France. Il faut l’entendre, Monsieur le Président.
Thibaut De Jaegher
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