Le raffinage français pris dans une tenaille de compétitivité
Pris entre la compétitivité du gaz de schiste américain et les performances des installations asiatiques, le raffinage européen continue à s’enfoncer dans la crise et laisse présager de nouvelles fermetures de sites dans les années à venir.
Lors de son bilan 2013 et de ses perspectives 2014, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) a dressé un bilan sombre de l’état du raffinage français et européen, déjà souffrant depuis plusieurs années. En 2013, la situation ne s’est pas arrangée. La marge moyenne du raffinage s’est située à 18 euros par tonne, alors que le point d’équilibre se situe aux alentours de 21 à 25 euros. Ainsi, l’année passée, les opérateurs pétroliers ont perdu 700 millions d’euros.
Une somme conséquente alors que le secteur du raffinage a déjà été très rationalisé depuis 2009. Il y a 5 ans, l’Hexagone comptait 12 raffineries. Il n’en reste que 9 aujourd’hui. La production est passée de 98 millions de tonnes à 74,8 millions de tonnes. C’est presque un quart de la production qui a disparu alors que la consommation française n’a reculé que de 7% sur la même période. Sans compter que les raffineries encore actives n’ont un taux d’utilisation que de 70 %, ce qui est très faible.
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De nouvelles fermetures en France
"Le secteur est pris dans une tenaille de compétitivité entre les Etats-Unis et l’Asie", explique Jean-Louis Schilansky, président de l’Ufip. D’un côté, le secteur européen est concurrencé par le raffinage américain qui bénéficie de prix bas grâce au gaz de schiste. Les installations américaines exportent leur diesel sur le marché européen et leur essence sur le marché africain, où elles concurrencent les exportations du Vieux Continent.
De l’autre, l’Asie et le Moyen-Orient s’équipent de nouvelles raffineries hyper-performantes et de grandes dimensions. "Le raffinage est touché en premier car nous sommes une industrie de base, mais d’autres secteurs vont peu à peu se retrouver dans la même situation", explique Jean-Louis Schilansky.
La France a particulièrement pris conscience des difficultés du raffinage après que Total avait décidé, en 2010, de fermer sa raffinerie des Flandres, puis avec la chronique de la fermeture de la raffinerie Petroplus à Petit-Couronne (Seine-Martitime) entre 2012 et 2013. L’Ufip laisse penser que d’autres fermetures de raffineries, du moins au niveau européen, vont se produire dans les années qui viennent. "Je ne connais pas les décisions des opérateurs. L’Italie, qui a encore 12 raffineries, est sans doute plus exposée que la France", essaie de rassurer Jean-Louis Schilansky. Toutefois, l’Hexagone compte encore les premières capacités de raffinage européen (24%), juste devant la Grande-Bretagne (22%).
Ludovic Dupin
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