Le projet de réouverture d'une mine suscite l'intérêt des habitants d'un village de l'Ariège
Dans l’Ariège, sur la commune de Couflans, l’entreprise minière Variscan projette de rouvrir une mine de tungstène (d’autres matériaux tels que l’étain, le molybdène, le zinc, le plomb, le cuivre, l’or et l’argent sont évoqués), dont l’exploitation s’est arrêtée il y a trente ans. La consultation publique lancée par le ministère de l’Economie suite à la demande d’un permis exclusif de recherche vient de s’achever. L’engagement financier pris par Variscan s’élève à 25 millions d’euros sur une période de 5 ans, indique le ministère. En octobre 2015, le collectif de citoyens Pour le projet d’étude et de recherche de la mine de Salau (PPERMS) s’est créé dans l’objectif de recueillir des informations suffisantes avant de se prononcer sur le projet. Ses cofondateurs, Hélène Nirascou et Jacques Souscasse, technicien dans la mine pendant onze ans, ont répondu aux questions de L’Usine Nouvelle.
Pourquoi avez-vous créé l’association Pour le projet d’étude et de recherche de la mine de Salau, avec une approche qui ne se prononce ni pour, ni contre d'emblée ?
Hélène Nirascou - Depuis une vingtaine d’années, à partir du moment où une idée de petit développement économique voit le jour dans notre vallée, il y a une opposition systématique, et ceux qui y sont favorables n’ont pas d’espace de parole. Il faut aussi noter que Variscan Mines France souhaiterait construire une usine de transformation à Saint-Girons, pour une cinquantaine d’emplois. Notre région étant de plus en plus pauvre, le moindre emploi est très important. Nous avons été une dizaine à se questionner par rapport à ce projet de mine. Mais avant d’entendre parler d'exploitation, un permis exclusif de recherche devait être accordé, et nous avons tenté de comprendre ces termes et leurs enjeux. Sans connaissance, on n’a pas de liberté.
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Jacques Soucasse – L’exploitation de la mine s’est arrêtée en 1986, non pas par épuisement du gisement, mais suite à un effondrement des cours du minerai, essentiellement dû au dumping chinois. L’entreprise employait 130 personnes, et nombre de sous-traitants et de fournisseurs étaient dans les environs. Dans le hameau de Salau, il y avait 64 appartements dédiés, soit 200 personnes, ce qui avait permis le développement économique (école, poste, épicerie…), ce qui a complètement disparu.
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Quel regard portez-vous sur le renouveau minier en France ?
Jacques Soucasse – En raison du faible coût des matières premières dans les années 1980, la France a cessé toute exploitation minière. Ce n’est que depuis 2009, à peu près, qu’il y a un renouveau de la prospection minière. Dans les Pyrénées, sur le tungstène, en dehors de la mine de Salau qui a encore des réserves très importantes, il y a des gisements dans le Tarn, à Fumade, jamais exploités. Il y a un problème assez récurrent : la présence potentielle d’amiante. Or, pour pouvoir accéder au site pour le vérifier (toutes les galeries ont été murées), il faudrait qu’un permis de recherche soit délivré. Pour l’instant, rien ne peut se faire.
L'exploitation minière pourrait-elle être, selon vos informations, plus propre aujourd'hui ?
Jacques Soucasse – Quand la mine était exploitée, elle était souterraine, et son impact environnemental, qui n’était pas négligeable, consistait en des rejets à l’extérieur. Il n’y a pas de contamination chimique dans les rivières environnantes. Il nous a été affirmé que les rejets resteraient désormais à l’intérieur des galeries d’exploitation. De plus, l’exploitant ferait en sorte qu’une nouvelle technique de tri permette de traiter chimiquement moins de matériaux - le granite a beaucoup d’usages possibles. A Salau, tout est creusé dans la roche, très dure, et il y a très peu de poussière.
Propos recueillis par Franck Stassi
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