Le président de Michelin serait envisagé par le gouvernement pour remplacer Carlos Ghosn à la tête de Renault
Jean-Dominique Senard, président de Michelin, pourrait-il succéder à Carlos Ghosn à la tête du groupe Renault ? Officiellement, l'actuel PDG de Renault a été maintenu à son poste. Malgré tout, le gouvernement français aurait déjà commencé à élaborer une liste de successeurs possibles. L'impatience commence aussi à grandir chez certains administrateurs de l'entreprise, selon des sources de Reuters. Carlos Ghosn est arrêté depuis le 19 novembre au Japon pour des faits présumés de malversations.
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\ 20h07
Mis à jour 17 Déc. 2018
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Mis à jour
17 décembre 2018
Le gouvernement français est à la recherche de candidats pour succéder à Carlos Ghosn à la tête de Renault, ont dit des sources à Reuters. Le président de Michelin et le vice-président exécutif de Toyota feraient partie des favoris du gouvernement, selon des informations de presse publiées le dimanche 16 décembre. Certains administrateurs du constructeur automobile auraient également exprimé des doutes sur le maintien du dirigeant, détenu au Japon depuis le 19 novembre.
Les responsables français ont commencé à dresser une liste de candidats possibles pour remplacer Carlos Ghosn, ont dit trois sources proches du constructeur. "Il n'y a rien d'officiel pour le moment mais le gouvernement travaille sur une liste", a dit une source. "Ils sont prêts à tourner la page."
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Un responsable du ministère français des Finances a refusé de s'exprimer sur le sujet. L'État français, le premier actionnaire de Renault avec une participation de 15% disposant de deux sièges au conseil, a généralement un rôle de premier plan dans la désignation d'un successeur.
Le président de Michelin, un des favoris du gouvernement ?
Le président de Michelin, Jean-Dominique Senard, ferait partie des favoris du gouvernement pour succéder à Carlos Ghosn, selon Le Figaro. Le journal cite le 16 décembre des sources concordantes selon lesquelles Bercy, l'Agence des participations de l'État (APE), Matignon et l'Élysée ont constitué une première liste de candidats pour renouveler la gouvernance de Renault.
Selon le journal, l'exécutif pencherait pour un schéma confirmant Thierry Bolloré dans ses fonctions de directeur général, tandis que Jean-Dominique Senard, évoqué également par Libération, serait favori pour la présidence. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat ni auprès du groupe Michelin ni auprès de Renault. Patron de Michelin depuis 2012, Jean-Dominique Senard doit être remplacé en mai 2019 par Florent Menegaux, directeur général exécutif du groupe Michelin depuis 2017.
Selon une source de Reuters, Didier Leroy, vice-président exécutif de Toyota, fait aussi partie des pistes envisagées par le gouvernement. "Je n'ai aucun commentaire à faire sur des rumeurs et je suis concentré à 100% sur mon travail chez Toyota", a dit Didier Leroy à Reuters.
"On ne peut pas rester éternellement dans cette situation"
Officiellement, le conseil d'administration du groupe français a maintenu Carlos Ghosn à son poste de PDG à la suite d'une réunion le jeudi 13 décembre, tout en installant une direction provisoire. Philippe Lagayette occupe le poste de président du conseil d'administration et Thierry Bolloré, directeur général adjoint, a été promu aux mêmes fonctions exécutives que Carlos Ghosn.
Mais, durant cette réunion de cinq heures, plusieurs membres du conseil d'administration emmenés par Cherie Blair, épouse de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, ont cependant commencé à exprimer leur impatience face à cette position, ont dit deux personnes informées des débats.
"Ce qu'elle a dit, de fait, c'est qu'on ne peut pas rester éternellement dans cette situation", a dit l'une des sources au sujet de Cherie Blair. "À un moment donné, il faut aller de l'avant et faire quelque chose."
Renault dément toute divergence au sein du conseil d'administration
Dans un communiqué publié le vendredi 14 décembre, Renault a démenti toute divergence au sein de son conseil d'administration, ajoutant que ce dernier n'avait pas non plus "examiné la succession éventuelle de M. Carlos Ghosn".
Dans une déclaration envoyée également le 14 décembre à Reuters, Cherie Blair se dit "attristée par la violation de la confidentialité des réunions du conseil d'administration, en particulier en ce qui concerne votre description totalement inexacte de ma contribution".
Elle ajoute : "Je peux confirmer que moi-même, ainsi que d'autres membres du conseil d'administration, avons posé plusieurs questions aux avocats de Renault concernant leur connaissance du système judiciaire japonais, leur estimation de la durée de la détention de M. Ghosn, et leur meilleure estimation du moment où M. Ghosn sera disponible pour reprendre ses fonctions."
Dans un communiqué initial diffusé juste après son conseil, Renault avait dit "ne pas disposer à ce stade d'informations portant sur les éléments de défense de Carlos Ghosn".
Aggravation des tensions
Au risque d'aggraver les tensions, Thierry Bolloré avait demandé à Nissan de cesser de contacter les administrateurs du groupe français au sujet de son enquête interne sur Carlos Ghosn avant son conseil d'administration, alors que le groupe japonais voulait faire connaître les résultats de son enquête.
Les administrateurs se sont par ailleurs querellés avec les dirigeants de Renault au sujet de leur droit de faire appel à des avocats indépendants ayant accès à l'enquête de Nissan, ont dit deux autres sources.
Les avocats de l'entreprise dépendant de Mouna Sepehri, qui est à la fois secrétaire du conseil et à la tête du bureau de Carlos Ghosn, ont jusqu'ici refusé de communiquer le rapport de Nissan avec les administrateurs ou leurs avocats, au nom du secret des investigations.
Philippe Lagayette s'est efforcé de minimiser l'existence de tensions. "Le conseil d'administration, contrairement à certaines allégations de presse, a félicité le management de l'entreprise pour son implication et sa gestion efficace dans la situation actuelle", a-t-il dit.
Sous la pression du gouvernement français, Carlos Ghosn avait cherché à approfondir l'alliance, voire à imaginer une fusion complète entre ses composantes et ce malgré les réticences de Nissan.
L'arrestation de Carlos Ghosn a fragilisé l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, le directeur général de Nissan Hiroto Saikawa appelant de ses voeux des mesures pour affaiblir le poids de Renault. Le constructeur français détient 43,4% de Nissan qui, de son côté, a 15% de Renault mais aucun droit de vote. Nissan contrôle à son tour Mitsubishi via une part de 34%.
Avec Reuters