Le plan quantique français est enfin lancé : tous les détails de cette stratégie à 1,8 milliard d'euros sur 5 ans
Le plan quantique français doit être lancé ce jeudi 21 janvier en fin de matinée par Emmanuel Macron. Prévoyant un budget global de 1,8 milliard d'euros sur 5 ans pour l'ensemble des technologies quantiques, il était très attendu pour faire décoller l'écosystème français.
La France a enfin son plan quantique ! Depuis le plateau de Saclay, en Essonne, Emmanuel Macron va présenter, ce jeudi 21 janvier 2021 matin, le plan d'investissement national dans les technologies quantiques.
Plusieurs fois reporté au grand dam des acteurs français du secteur, ce plan affiche un budget à la hauteur des ambitions du rapport Forteza de janvier 2020 : 1,8 milliard d'euros sur cinq ans. Un montant supérieur au milliard du plan intelligence artificielle de 2018 mais aussi aux budgets des plans quantique britanniques (plus d'un milliard d'euros sur 2014-2024) et allemands (650 millions sur 2018-2022).
Investissement public porté de 60 à 200 millions d'euros par an
Ce 1,8 milliard d'euros agrège toutefois différents financements : 1,05 milliard d'argent public (Etat et organismes de recherche), avec environ 400 millions pris sur le budget de la Loi de programmation pour la recherche (LPPR), votée fin 2020, et 600 millions d’euros venant du quatrième programme d’investissement d’avenir (PIA 4).
S'y ajouteront, selon le plan, 200 millions d’euros d’investissements européens et 550 millions du secteur privé, correspondant aux « engagements qu'ont pris les différents acteurs industriels », indique un conseiller de l'Elysée
Selon lui, le plan devrait porter l'investissement public dans le quantique de « 60 millions d'euros par an » actuellement à « 200 millions d’euros par an », ce qui placerait la France « à la troisième place mondiale, c'est-à-dire juste derrière les Etats-Unis et la Chine ».
A la manœuvre pour la mise en œuvre du plan : trois ministères (Recherche, Economie et Armées) et un secrétariat d’État (Numérique). Un coordinateur sera nommé « dans les prochains jours », prévient le même conseiller.
780 millions d’euros alloués au calcul quantique
Comme attendu, le calcul quantique se taille la part du lion avec 680 millions d'euros : 350 millions pour développer des simulateurs et accélérateurs quantiques, travail entamé par exemple par Atos , et 430 millions d’euros pour un ordinateur quantique universel français – une aventure dans laquelle se sont déjà lancées plusieurs start-up françaises, comme Pasqal, Qandela ou encore Alice & Bob.
Les autres volets de la « seconde révolution quantique », selon le terme consacré, ne sont pas oubliés : la production de capteurs quantiques, dont Thales est un des leaders mondiaux, recevra une enveloppe de 250 millions d’euros. La cryptographie post-quantique, qui regroupe les techniques de chiffrement hermétiques aux futurs ordinateurs quantiques, bénéficiera de 150 millions d’euros. Les technologies de communications quantiques seront financés à hauteur de 320 millions d’euros.
Les technologies habilitantes, c’est-à-dire celles qui ne sont pas des technos quantiques mais qui permettent leur développement (lasers, cryogénie, isotopes stables…), se voient attribuer un financement de 290 millions d’euros – de quoi réjouir par exemple Air Liquide, qui a racheté le spécialiste français des cryostats Cryoconcept en septembre 2020.
Un programme prioritaire de recherche préparé par le CEA, le CNRS et l'Inria
Qui, exactement, bénéficiera de ces financements et comment seront-ils utilisés ? La plus grosse part sera dédiée à la recherche (700 millions d’euros). L’État s’engage à lancer des appels à projets de recherche, via l’Agence nationale de la recherche (ANR) et à confier diverses missions aux organismes de recherche et aux universités. Parmi ces 700 millions d’euros, 150 millions seront consacré à mettre en place un programme prioritaire de recherche (PPR), pour lequel le CEA, le CNRS et l’Inria devront travailler sur un plan à soumettre au gouvernement.
L' éventuelle consolidation des trois hubs quantiques mis en avant par le rapport Forteza (Grenoble, à Paris-Saclay et à Paris intramuros) n'est pour l'instant pas abordée. « Il y a de gros débats internes pour savoir s’il est judicieux de mettre en avant trois pôles géographiques dans le plan quantique. Ce serait préjudiciable pour les autres acteurs répartis dans d’autres coins de la France », confiait, il y a quelques semaines à Industrie & Technologies, une source de premier plan de l’écosystème quantique français.
Surveillance des futurs brevets français dans le quantique
Environ 630 millions d’euros iront dans le transfert de compétences et et 390 millions d’euros aux aides à l’entrepreneuriat. La formation aux technologies quantiques, enfin, sera financée à hauteur de 70 millions d’euros. Chaque année, une centaine de bourses de thèses dans le domaine seront attribuées, ainsi que 50 post-docs et 10 bourses pour jeunes talents.
Jugées essentielles pour la souveraineté, les technologies quantiques devraient faire l'objet d'une attention particulière pour que le savoir-faire développé en France n'échappe pas au pays. Selon le conseiller de l'Elysée, le gouvernement effectuera un suivi global de l'ensemble des brevets français dans le quantique « pour s'assurer que ceux-ci ne sont pas rachetés par des acteurs étrangers » et n’hésitera pas à invoquer le décret IEF « qui permet de contrôler les investissements étrangers en France ».
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