Le plan de relance du blé dur à la peine
La production française de blé dur a reculé en 2018. Les surfaces pourraient, elles, encore diminuer. Le resserrement de l’écart de prix avec le blé tendre explique notamment ces difficultés. Un plan de relance est pourtant en cours.
En 2015, la filière céréalière se lançait, sous l’impulsion d’un plan décidé deux ans plus tôt par France AgriMer, l’établissement public des produits de l’agriculture et de la mer, dans un ambitieux plan destiné à redresser la production française de blé dur. L’objectif affiché était de doubler la production d’ici à 2025.
Las ! D’après le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, celle-ci a reculé de 16,7% entre les campagnes 2016-2017 et 2017-2018, à 1,7 million de tonnes (Mt). Bien loin des 3 à 3,5 millions espérés pour 2025. "L’écart de prix s’est très nettement resserré entre le blé tendre et le blé dur, ce qui pourrait en partie expliquer un recul des surfaces pour la campagne à venir", avertit déjà France AgriMer. Les surfaces ont perdu 6,9% lors de la dernière campagne.
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Une étude menée par le cabinet Pollen Conseil pour l’établissement public sur les motivations des producteurs à produire du blé dur dans les zones traditionnelles (les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, ainsi que les départements de la Drôme et de l’Ardèche) met en lumière les raisons de ce désamour. Depuis 2005, seules cinq campagnes (2009, 2012, 2014, 2015, 2016) ont enregistré une hausse des surfaces dans ces zones. La part de ces zones sur les surfaces emblavées en blé dur est passée de 80% en 2001-2002 à 50% en 2016-2017.
L’écart entre le coût de production du blé dur et du blé tendre s’élève en moyenne à 13%. L’écart de prix entre les deux cultures, d’environ 50 euros par tonne lors des trois dernières campagnes, est d’une dizaine d’euros depuis l’automne. "La décision de diminution de la production ne s’explique pas par le chiffre d’affaires lié au rendement mais par la rentabilité relative de la culture du blé dur dans le contexte spécifique de différentes situations d’exploitation agricole", expliquent les auteurs, qui ont étudié la situation de 83 exploitations.
Une culture exigeante en intrants et en travaux culturaux
31 producteurs interrogés ont déclaré une baisse voire un arrêt total de la production de blé dur depuis 2012, notamment pour modifier les rotations, se rabattre sur des cultures moins gourmandes en intrants et moins exigeantes en travaux, et gagner en rentabilité. Dans le Sud-Ouest, le blé tendre a tendance à remplacer les surfaces en blé dur perdues, tandis que l’ensemble des surfaces céréalières reculent globalement dans le même cas dans le Sud-Est.
21 producteurs ont accru leur surface en blé dur de 20% à 80% entre 2012 et 2017. Les plus gros producteurs (73 ha en moyenne) se déclarent satisfaits de la remontée des prix. Les producteurs moins importants (48 ha en moyenne) n’excluaient pas de faire le chemin inverse après la période de remontée des prix. La plupart des producteurs interrogés regrettent par ailleurs la "faiblesse" des aides versées pour inciter à la production de blé dur de qualité. L’Italie, premier producteur européen de blé dur, connaît aussi des difficultés.
A l’échelle mondiale, la production de blé dur devrait pour sa part progresser en 2018-2019, à 38 millions de tonnes selon le Conseil international des céréales.
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