Le PIB américain revu en hausse et le taux de chômage en recul
par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - La croissance a été plus forte qu'estimé initialement aux Etats-Unis au troisième trimestre, grâce à un mouvement marqué d'accumulation des stocks par les entreprises, mais la demande sous-jacente reste faible et plaide pour le maintien par la Réserve fédérale de sa politique de soutien.
Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 3,6% en rythme annualisé sur la période juillet-septembre, après 2,5% sur les trois mois précédents et 2,8% annoncé en première estimation, montrent les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une croissance révisée à 3,0%.
Le chiffre révisé de 3,6% constitue la meilleure performance de l'économie américaine depuis le premier trimestre 2012 mais les économistes s'attendent à un ralentissement de la croissance sur les trois derniers mois de l'année.
Les entreprises ont accumulé 116,5 milliards de dollars de stocks au troisième trimestre, la plus forte hausse enregistrée depuis le premier trimestre 1998, contre 86 milliards en première estimation. En excluant les stocks, la croissance annualisée est ramenée à 1,9% contre 2,0% en première estimation.
La contribution des stocks a en effet atteint 1,68 point de pourcentage, contre 0,8 point en première estimation.
Parallèlement, la demande intérieure mesurée par les ventes finales a augmenté de 1,8% seulement, un chiffre qui pourrait être jugé trop faible pour convaincre la banque centrale de réduire dès ce mois-ci ses achats d'obligations sur les marchés, poursuivis actuellement au rythme de 85 milliards de dollars par mois pour empêcher toute remontée des taux d'intérêt.
DES RISQUES POUR OCTOBRE-DÉCEMBRE
En effet, l'accumulation des stocks conjuguée au ralentissement de la demande intérieure préfigure un mouvement de réduction des stocks qui risque fort de peser sur la croissance de la fin de l'année.
"Cela fait peser des risques sur le quatrième trimestre, qui pourrait inverser la forte hausse du troisième", estime Sam Bullard, économiste senior de Wells Fargo Securities.
Les prévisions de croissance pour octobre-décembre sont déjà orientées à la baisse après le "shutdown", la fermeture pendant 16 jours en octobre de la plupart des administrations fédérales pour cause de blocage au Congrès sur le déficit budgétaire et la dette.
Autre signe préoccupant: la croissance des dépenses de consommation, qui représentent les deux tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, a été révisée en baisse à 1,4%, son rythme le plus faible depuis le quatrième trimestre 2009, contre une première estimation de 1,5% et une hausse de 1,8% sur avril-juin.
Les derniers chiffres sur le chômage pourraient toutefois nourrir l'optimisme quant à l'évolution de la consommation: les demandes d'allocations chômage ont en effet diminué de 23.000 la semaine dernière, à 298.000. Il s'agit de leur troisième recul consécutif alors que le marché les attendait en hausse.
Au lendemain de l'enquête ADP, qui a fait état de créations de postes plus nombreuses que prévu le mois dernier dans le secteur privé, ce chiffre incite à penser que le marché du travail se redresse progressivement.
Le département du Travail publiera vendredi les statistiques mensuelles de l'emploi et les économistes prévoient en moyenne 180.000 créations de postes non-agricoles et un taux de chômage en recul à 7,2%.
Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat