Le nucléaire est une énergie nuisible pour le climat… parlementaire
Les 5 jours de débat sur la loi de transition énergétique ont été vains car le nucléaire a pris tout le temps réel de débat… Mais plus personne ne pourra dire que l’atome est un sujet tabou en France.
Samedi 11 octobre, vers 6h45 matin, nos députés, épuisés, ont achevé l’examen du projet de "loi de transition énergétique pour la croissance verte". Mardi 14 octobre, un vote solennel aura lieu à l’Assemblée pour valider la loi avant son départ pour le Sénat. Pendant 5 jours entre le 6 et le 11 octobre, la loi a été débattue en procédure accélérée. Lorsque le temps de parole du groupe UMP s’est achevé, au troisième jour, l’Hémicycle n’avait examiné que le premier article du texte. Les 63 autres seront traités en une seule journée et (quasiment) par la seule majorité.
A vrai dire, ce n’est même pas l’ensemble de l’article 1 qui a été débattu, mais seulement ce qui concerne l’abaissement de la part du nucléaire dans le mix électrique de 75 à 50 % en 2025, ainsi que l’objectif de plafonner la puissance du parc. Pendant ces longues journées et soirées de débats, l’atome a monopolisé le temps de parole. Systématiquement, un député de l’opposition (qui a déposé 500 amendements sur le seul article premier et 5000 sur l’ensemble du texte) prenait la parole affirmant que l’objectif de réduction du nucléaire devait être repoussé à 2030, 2040,.. voir 2050. Alors la ministre de l’Ecologie du Développement durable et de l’Energie, Ségolène Royal, et le président de la commission spéciale chargée d’examiner la loi, François Brottes, dénonçaient le fait que l’UMP est opposée à toute réduction du nucléaire et au développement des renouvelables. Le débat déviait sur le coût de la baisse du nucléaire, sur le démantèlement, sur une mise en cause du corps des mines… et cet enchaînement tournait en boucle. Sauf quand les débats laissaient place à des rappels au règlement, à des discussions sur le fonctionnement de l’Assemblée ou à des attaques Ad Hominem.
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Tout sur la table
Le débat a été complétement stérile : le PS parle d’obstruction de l’UMP, tandis que ce dernier dénonce la procédure accélérée qui empêche la discussion. Alors que la représentation nationale aurait pu s’appuyer sur les travaux récents sur le nucléaire menés par la Cour des Comptes, la commission des Affaires économiques ou la Commission des finances, les discussions de l’Assemblée sont restées très subjectives. Surtout, le nucléaire a consommé tout le temps qui aurait été plus utile aux sujets essentiels comme les énergies fossiles qui comptent pour deux tiers de l’énergie primaire consommée en France ; aux transports, limités dans la loi au véhicule électrique ; à l’avenir des barrages hydrauliques, dont le modèle d’exploitation reste à préciser ; à l’économie circulaire dont la portée va bien au-delà du recyclage des déchets.
Et pourtant, si ce "débat" fut stérile, cet événement parlementaire a un mérite important. Tous ceux qui ont eu le courage de suivre le travail des parlementaires peuvent témoigner que le nucléaire n’est plus un sujet tabou en France. Nos députés et la ministre ont parlé de tout : coût, durée de vie, remplacement, compétitivité, accident, stockage des déchets… Bien sûr, aucun consensus n’est apparu. Mais tout a été mis sur la table. Et surtout ce sujet a été étudié par nos députés dans une perspective de temps qui allait au-delà de leur propre mandat… ce n’est pas si fréquent.
Ludovic Dupin
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