Le moral des investisseurs toujours fragile en Allemagne
par Sakari Suoninen et Kirsti Knolle
MANNHEIM, Allemagne (Reuters) - Le sentiment des investisseurs et analystes allemands s'est dégradé en juillet, reflétant un regain de tensions dans la zone euro et un ralentissement de la croissance mondiale qui pèse sur les exportations allemandes, selon une enquête publiée mardi.
L'indice du sentiment des investisseurs calculé par l'institut ZEW a reculé à 36,3 contre 38,5 en juin, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une progression à 39,6.
La nouvelle a fait reculer l'euro face au dollar tandis que les Bunds, profitant de leur statut de valeur refuge, atteignaient leur meilleur niveau du jour.
"L'indice ZEW nous a réservé une bien mauvaise surprise. Ce n'est pas un bon signe pour la zone euro et cela montre que la situation n'est pas aussi rose en Allemagne qu'on veut bien le dire", explique Sebastian Sachs, économiste chez Metzler Bank.
Pour les économistes, le ralentissement de la croissance en Chine est particulièrement préoccupant pour l'économie allemande qui, tournée vers l'export, a su résister à la baisse de la demande en Europe pendant la crise de la dette.
La première économie européenne a subi une contraction au dernier trimestre 2012 puis a évité la récession de peu en enregistrant une faible croissance début 2013. Les récents indicateurs ne laissent pas entrevoir d'amélioration franche, à commencer par les exportations, les commandes à l'industrie et la production industrielle qui ont fortement reculé en mai.
DES MOTIFS D'OPTIMISME
Signe des temps, le groupe industriel Bosch a annoncé mardi avoir réduit la durée de travail de ses 1.800 salariés en Allemagne en réaction à la faiblesse de la demande pour ses produits et technologies.
Les statistiques non industrielles restent relativement positives, à l'image du sentiment du consommateur, des ventes au détail ou des chiffres du chômage.
Même affaiblie, l'économie allemande continue de surperformer au sein de la zone euro et notamment en comparaison du voisin français, confronté à un chômage au plus haut depuis 14 ans et où le produit intérieur brut devrait se contracter de 0,3% cette année selon une enquête Reuters.
La composante de l'enquête ZEW mesurant les conditions actuelles a d'ailleurs progressé en juillet à 10,6 contre 8,6 en juin, alors que les économistes attendaient en moyenne 9,0.
"Le ralentissement de la croissance en Chine complique la donne pour les exportateurs allemands mais en même temps nous n'attendons pas d'atterrissage brutal de l'économie", dit Rainer Sartoris chez HSBC Trinkaus. "Dans l'ensemble, il faut rester fondamentalement optimiste sur l'économie allemande."
"La situation en Chine est clairement source d'inquiétude (...) mais à court terme cet impact devrait être au moins partiellement compensé par la reprise plus forte que prévu aux Etats-Unis et au Royaume-Uni", note de son côté Carsten Brzeski, chez ING.
L'indice ZEW a été calculé à partir des réponses de 265 analystes et investisseurs interrogés entre le 1er et le 15 juillet, a précisé l'institut de Mannheim.
Véronique Tison pour la version française, édité par Wilfrid Exbrayat