Le métro du Grand Paris ne sera pas prêt pour les JO de 2024
Plusieurs nouvelles lignes de métro devaient être prêtes pour les Jeux Olympiques. Avec les retards enregistrés, il se pourrait bien qu’aucune ne soit prête à l’heure.
Mis à jour
18 janvier 2019
Paris a vaincu Los Angeles suite à un accord entre les deux candidats à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Les Américains préférant finalement 2028 pour leur permettre, entre autres, de développer un réseau de transport urbain plus que déficient à l’heure actuelle.
La Capitale française bénéficie quant à elle de l’un des meilleurs réseaux au monde intra-muros. Par contre, dès que l’on passe le boulevard périphérique, les problèmes commencent. D’où la nécessité de rénover les lignes de RER et de développer de nouvelles lignes ferroviaires : le Grand Paris Express, le CDG Express, le prolongement de la ligne 14 au Sud.
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Les Jeux Olympiques devaient être un formidable accélérateur pour rénover et développer le réseau ferroviaire en Île-de-France et faire oublier trois décennies durant lesquelles le réseau a été laissé en déshérence.
(Les lignes prévues pour 2024 en septembre 2017)
100% des spectateurs iront sur les sites en transports en commun
En 2014, Le Premier ministre socialiste Manuel Valls avait demandé d’accélérer le prolongement vers le deuxième aéroport parisien pour une mise en service en 2024, soit trois ans plus tôt que le projet initial. Un changement d’agenda qui concernait aussi le Grand Paris Express avec la future ligne 17 pour desservir l’aéroport de Roissy.
L’attribution des J.O. avait déclenché une vague d’optimisme. Toutes les lignes de métro du Grand Paris allaient être construites plus rapidement que prévu. "Il existe une parfaite articulation entre les deux projets. Les sites olympiques s’appuient sur le réseau en 2024, expliquait en 2017 à L’Usine Nouvelle, Patricia Pelloux, directrice des études à l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR). 44 nouvelles gares pour le métro, la ligne 14 prolongée au nord et au sud, la ligne 15 sud, les lignes 16 et 17 qui desserviront notamment la Seine-Saint-Denis. Paris 2024 permettra à 100% des spectateurs d’aller sur les sites en transports en commun." Et aucun site ne devait se trouver à plus de 45 minutes du centre de Paris.
Depuis, les lignes promises pour 2024 par le gouvernement Valls semblent remises en cause pour des problèmes de financements, d'embouteillage de chantiers et de retards pris pour des problèmes techniques. Il y a quelques semaines, le nouveau président de la société du Grand Paris (SGP), Thierry Dallard, partisan de la transparence, confiait dans nos colonnes : "Le seul engagement que je peux tenir, que je surveille c’est que lorsque l’on rencontre une difficulté on n’attend pas trois ou quatre ans pour l’expliquer. En 2024, sont prévues les ouvertures de la ligne 14, dont la maitrise d’ouvrage est assurée par la RATP, et celles de la ligne 16 et du début de la ligne 17, dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par la SGP. Aujourd’hui, elles sont dans le calendrier."
Embouteillage au nord de Paris
A l'heure actuelle, il semble bien que, hormis quelques tronçons au nord, aucune ligne du Grand Paris Express ne sera prête en 2024. Quant au prolongement de la ligne 14, il sera terminé au nord jusqu’à Mairie de Saint-Ouen avec trois ans de retard sur le programme initial, mais il doit se poursuivre jusqu’à Saint-Denis Pleyel, sans certitude pour 2024. Le prolongement au sud demanderait une coordination exceptionnelle pour arriver à Orly avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.
Enfin, le Charles-de-Gaulle-Express n’est pas sorti d’affaire malgré le fait que Transdev ait retiré sa plainte après avoir perdu l’appel d‘offre contre le groupement Hello Paris qui associe les opérateurs Keolis (groupe SNCF) et RATP Dev. Les politiques – la présidente de la région (LR) Valérie Pécresse et la Maire de Paris, Anne Hidalgo (PS) – sont depuis montées au créneau pour demander plus de temps afin de ne pas créer d’interférences avec les travaux du RER B et dégrader une qualité de service déjà exécrable sur cette ligne qui transporte 900 000 voyageurs par jour.
Le préfet Cadot a été nommé par le gouvernement pour assurer une médiation et trouver une solution qui convienne et permette de tenir les délais. A savoir, être prêt pour les J.O. de 2024. Seulement le temps presse. Le planning était déjà serré et Jean-Pierre Farandou, le patron de Keolis, avouait récemment, que "si les travaux ne commençaient pas dans les six prochains mois, il ne serait plus possible de tenir les délais."
Une autre source proche du dossier estime même que la date de 2024 n’est plus une priorité. "On ne peut pas tout faire en même temps". Allusion à tous les chantiers qui vont se télescoper au nord de Paris : Roissy-Picardie, CDG Express, RER B (quais et caténaires), Grand Paris Express avec la passerelle Pleyel, gare du Nord…
Lors de la présentation de ses vœux à la presse, jeudi 17 janvier, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, estimait qu’on "avait empilé les travaux dans ce secteur" et que l’on ne peut pas encore dégrader la qualité du service pour les usagers de la ligne B du RER, même si on sait que "cette nouvelle ligne est nécessaire". Le Préfet Cadot doit remettre son rapport en avril, ce qui veut dire commencer les travaux aussitôt après, en espérant qu’aucun nouvel obstacle ne viendra se dresser sur le chantier de la future ligne. Les paris sont ouverts, mais il semble bien que la configuration du réseau de métro et RER en Île-de-France n’aura évolué qu’à la marge d’ici à 2024.
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