Le marché fructueux de l'esthétique médicale
C’est un secteur de la beauté méconnu. Il suscite pourtant l’appétit des grands industriels de la pharmacie et de la nutrition. Alors que se tient à Paris le congrès Imcas, qui regroupe les fabricants et médecins du monde entier, L’Usine Nouvelle lève le voile sur cinq tendances du marché de l’esthétique médicale.
Cinq tendances qui expliquent pourquoi les industriels s'intéressent (de plus en plus) à l’esthétique médicale
Publicité coréenne pour chirurgie esthétique Crédits : Marion Déprez CC Flickr
1- Au-delà du Botox, c'est une industrie de 7 milliards d'euros
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En B to B, le marché de l’esthétique médicale et chirurgicale a enregistré une croissance mondiale de 8,2% en 2015, atteignant 6,89 milliards d’euros, selon les experts de l’Imcas Industrie. Une tendance qui devrait se poursuivre : le marché devrait plus que doubler en dix ans, pour atteindre 10,49 milliards d’euros en 2020.
Les produits injectables, comme la toxine botulique ou l’acide hyaluronique, constituent toujours le premier segment de marché, avec 39% des ventes.
Ils sont suivis par les équipements à base d’énergie (laser, machines de remodelage corporel) utilisés par les médecins dans leurs cabinets.
Sans oublier les cosméceutiques (les produits de cosmétique active), ces crèmes et lotions réservées aux dermatologues et médecins esthétiques, particulièrement prisés en France et en Europe.
Et enfin les implants, prothèses mammaires en tête.
2 - LA DEMANDE ASIATIQUE EXPLOSE
On connaît la forte appétence de l’Amérique Latine pour l’esthétique médicale, qui ne se dément pas avec un marché en croissance annuelle de 9%. Mais la demande de l’Asie-Pacifique pour ces produits et équipements explose, dépassant les 13% de croissance : sa part de marché devrait passer de 22% en 2014 à 27% en 2020.
Et les fabricants asiatiques ne se privent pas de racheter des entreprises occidentales. Le chinois Xio s’est emparé de l’israélien Lumenis, tandis que son compatriote Bloomage prenait un tiers du capital du français Vivacy, spécialiste de l’acide hyaluronique. Les Etats-Unis demeurent malgré tout le premier marché mondial, avec 45% de parts de marché, contre 24% pour l’Europe.
3 - LES GÉANTS DE L’AGRO ET DE LA PHARMA EN SONT FRIANDS
Depuis cinq ans, les rachats se sont multipliés dans ce secteur pérenne et très rentable, avec un montant total atteignant 4,4 milliards de dollars l’an dernier. Sans compter l’acquisition d’Allergan - connu pour ses prothèses mammaires et son Botox, mais aussi laboratoire pharmaceutique –, croqué par la big pharma américaine Pfizer en fin d’année dernière.
59% de ces deals ont été réalisés par des grands de la pharmacie ou de la grande consommation. Nestlé, désormais propriétaire à 100% de Galderma qu’il partageait auparavant en co-entreprise avec L’Oréal, entend bien poursuivre ses emplettes.
L’intérêt de ces géants est tel que le montant des opérations atteignait en moyenne l’an dernier des multiples de 30 fois les ventes des cibles rachetées !
4 - L'EXPERTISE FRANÇAISE NE SE DÉMENT PAS
Si L’Oréal s’est désengagée de Galderma, il est toujours présent en esthétique médicale avec ses crèmes dermo-cosmétiques La Roche-Posay ou sa filiale Skinceuticals. Sur le marché du rajeunissement du visage, le géant Allergan se voit concurrencer par deux français : Vivacy et le laboratoire pharmaceutique français Ipsen avec sa toxine botulique Dysport. Symatese, spécialiste lyonnais des polymères, développe des produits à base de collagène ou d’acide hyaluronique pour des industriels du monde entier. Et l’Hexagone héberge encore quelques grands fabricants de prothèses mammaires : Sebbin, Arion et Eurosilicone.Tandis que Filorga cartonne avec ses crèmes inspirées de la médecine esthétique.
5 - Bémol : Les prothèses mammaires souffrent toujours de l'affaire PIP
Pour cette industrie, il y aura eu un avant et un après l’affaire PIP, du nom de ce fabricant français de prothèses mammaires au gel frelaté. Depuis la découverte de l’affaire en 2011, 18 000 femmes à travers le monde ont dû se faire retirer leurs implants. Les procédures judiciaires contre le fondateur de PIP sont toujours en cours. Tout comme une réforme européenne qui devrait durcir la réglementation des dispositifs médicaux. Mais l’industrie des prothèses mammaires, qui connaissait une croissance insolente, continue de subir les conséquences de l'affaire, avec une croissance moindre de 3,9% par an selon l’Imcas.
Gaëlle Fleitour
Les ambitions de Nestlé dans la santé de la peau
Désormais propriétaire à 100% de Galderma, le géant suisse de l’agro-alimentaire a monté une véritable division nommée Nestlé Skin Health. Son objectif, "développer des solutions médicales pour la santé de la peau, soit via la prescription médicale à travers Galderma, soit directement vers le patient ou le consommateur final avec des produits en dehors de Galderma", confie Alexandre Brennan, vice-président en charge de l’esthétique pour Galderma. Outre des rachats, il va s'appuyer sur son projet Shield, un réseau de centres d’innovation consacré à la promotion de la santé dermatologique, dont les deux premiers incubateurs seront inaugurés cette année à New-York et Shanghai.
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