Le laboratoire VirPath apporte la preuve de l’efficacité des filtres HEPA contre le SARS-CoV-2
Ecartée peut-être un peu trop rapidement par le gouvernement en novembre dernier, l’utilisation des purificateurs d’air à filtre HEPA dans les lieux clos pourrait être reconsidérée. Une étude menée par le laboratoire VirPath, co-dirigé par le virologue Bruno Lina, membre du conseil scientifique, a apporté les premières preuves scientifiques de leur efficacité contre le SARS-CoV-2.
Les purificateurs d’air à filtre HEPA vont-il officiellement passer du statut de « danger potentiel » à celui d’outil efficace dans la lutte contre la propagation du Covid-19 ? Leur emploi en milieu scolaire, réclamé depuis l'été dernier par de nombreuses voix, avait été rejeté en novembre dernier par Jean-Michel Blanquer qui avait mis en doute leur efficacité et déclaré qu'ils pouvaient être dangereux. Le 15 mars, les résultats d’une étude menée par le laboratoire lyonnais VirPath (INSERM U1111 Centre International de recherche en infectiologie), avec sa plateforme de recherche VirNext et la société VirHealth, démontrent scientifiquement leur efficacité.
Bilan : dans les conditions expérimentales de l'étude, ces purificateurs d’air filtrent 99,90 % des particules virales du SARS-CoV-2 de 0,1 micron présentes dans l'air pour les équipements dotés d’un filtre HEPA 13, et jusqu'à 99,96 % pour ceux fonctionnant avec un filtre HEPA 14.
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De quoi donner du grain à moudre au Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui avait pris l’initiative mi-octobre de déployer ces purificateurs dans les lycées.
Une mesure pour contrer la contamination par aérosols
La pertinence des équipements de traitements de l’air dans la lutte contre l’épidémie a été soulevée en France à partir du mois de septembre avec l’accumulation de preuves sur la transmission par aérosol du virus . La prise de conscience progressive que ce vecteur de contamination avait été potentiellement négligé a d’ailleurs amené le gouvernement à rajouter l’aération des lieux clos à la liste des gestes barrières.
La mesure était toutefois jugée encore insuffisante, voire inapplicable, pour les lieux accueillant un public nombreux, en particulier les établissements scolaires. Certains pays, comme l’Allemagne, avait fait le choix à l’approche de l’hiver de doter certains lieux publics de ces purificateurs. Mais ces équipements n’avaient pas encore fait réellement leurs preuves face au SARS-CoV-2.
C’est la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a saisi en fin d’année dernière le laboratoire de recherche VirPath, codirigé par le virologue Bruno Lina, également membre du conseil scientifique sur l’évolution de l’épidémie, et Manuel Rosa-Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm, pour mener à bien une étude sur l’efficacité réelle des équipements à filtres HEPA.
Des tests en environnement BSL 3
«La mise en synergie des expertises scientifiques et technologiques de l'écosystème Lyonbiopôle, nous a permis de mener cette étude dans un délai extrêmement court», explique Manuel Rosa-Calatrava. «Nous avons installé au sein d’un laboratoire BSL 3 (Biosafety level) du centre d'innovation de LyonBiopôle, qui implique de nombreuses procédures et protections de sécurité, notre chambre de nébulisation de 2,5 m3. Elle nous permet de générer une atmosphère contaminée avec des particules virales infectieuses de SARS-CoV-2. Plusieurs volumes d'air de la chambre sont passés au travers des épurateurs à filtres HEPA, avant de collecter et quantifier les particules virales infectieuses résiduelles dans l'atmosphère filtrée. ».
L’étude a été menée pendant deux mois sur deux modèles de purificateurs avec pour objectif de mesurer le niveau de performance des équipements mais également la persistance du virus sur les filtres, pour évaluer les risques de contamination lors de leur remplacement. Ce volet a été mené par la société VirHealth spécialisée dans l'évaluation de la stabilité/persistance des pathogènes sur surface.
Une atmosphère avec un niveau élevé de virus
Selon Manuel Rosa-Calatrava, les conditions du test réalisé dans la chambre de nébulisation sont toutefois sans équivalent avec les quantités réelles de virus présentes dans une pièce. « Pour pouvoir tester efficacement ces épurateurs, nous devons nébuliser une grande quantité de virus. L’idée est de pouvoir mesurer un abattement viral significatif le cas échéant. Il faut donc des quantités importantes de particules virales pour doper l’air à traiter. Les concentrations dans la chambre de nébulisation sont de l’ordre de 4 à 5 log DICT 50/m3 [dose requise pour causer une infection de 50% d’un tapis cellulaire, ndlr]» précise Manuel Rosa-Calatrava.
Si ces résultats sont très encourageants sur l’efficacité des purificateurs contre le virus, les effets aérauliques en situation de ces équipements sont actuellement évalués dans le cadre d'une autre étude menée à la demande de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les résultats devraient être prochainement dévoilés. « Toutes ces données doivent être intégrées pour bien définir le nombre d'épurateurs à utiliser in situ et leurs conditions de fonctionnement » estime Manuel Rosa-Calatrava.
« L’ajout de purificateurs à filtre HEPA permet de renforcer l’arsenal à notre disposition », met en avant le chercheur de l’Inserm, « Cependant, ils ne nous dispensent pas des autres gestes barrières et de la désinfection des surfaces. »