“Le juge de paix ne sera pas la technologie, mais les nouveaux usages”
Le chemin vers une mobilité plus verte est pavé de transformations : des usages, des technologies, des infrastructures, des approches. Au cœur de cette tendance forte, il est également vital pour les industries de se transformer. Et jouer pleinement leur rôle en faveur d’un monde plus durable.
Entretien avec Olivier Sappin, Vice-Président Industrie Transports & Mobilité de Dassault Systèmes
Quelles sont les tendances visibles ou à venir d’une mobilité plus verte ?
D’un point de vue pragmatique, la première consiste à réduire les émissions nocives, en se penchant sur l’existant. La deuxième tendance, c’est la transformation totale de l’attente et du besoin des usagers. Dans dix ans, achèteront-ils une voiture ou bien plutôt un service de mobilité ? Le maître-mot sera la multimodalité, c’est-à-dire un système harmonieux de mobilités qui permettra de se rendre d’un point A à un point B, en empruntant aussi bien des véhicules individuels que des véhicules autonomes, des drones, des trains, des métros ou autres. Alors qu’aujourd’hui, pour simplifier, les transports fonctionnent en silos. Cette mobilité multimodale sera aussi adaptée à vos différents besoins, selon que vous souhaiterez travailler dans votre bulle, voyager confortablement avec votre famille, ou en groupe.
Un acteur comme Uber et sa plateforme a transformé le secteur du taxi et son usage : de ce fait, y aura-t-il à terme moins de voitures et donc moins d’émissions ?
D’ailleurs, les villes ont le pouvoir de décider quel type de mobilité et de véhicules elles souhaitent. Aujourd’hui déjà, de nombreuses villes européennes veulent bannir les véhicules diesel, voire tous les véhicules thermiques à l’horizon 2030 ou 2040.
A la fin, le juge de paix ne sera pas la technologie, mais les nouveaux usages.
Quelle place aura l’électrique, selon vous ?
C’est une tendance forte et inévitable, qui arrivera bien plus vite que le véhicule autonome. Le coût de la batterie a beaucoup baissé, et on peut espérer qu’il passe sous les 100 dollars du kilowatt-heure. Si en 2022 ou 2023, les tarifs du véhicule électrique et ceux du conventionnel sont équivalents, et que l’autonomie de l’électrique atteint les 500 ou 600 kilomètres, je n’ai plus aucune raison d’acheter un véhicule diesel ou essence.
Autre énorme intérêt de l’électrique, c’est l’importante capacité de stockage qu’il représente. Imaginez que votre véhicule ne soit plus un centre de coût mais une source de profit ?
Par contre, le point faible non-résolu aujourd’hui, c’est l’infrastructure. En effet, il faudra pouvoir charger en même temps tous nos véhicules électriques le soir à la maison ou encore bénéficier des super-chargeurs adéquats sur les autoroutes, sans devoir faire la queue durant des heures.
Comment réagissent les industries ?
Akio Toyoda, le P-DG de Toyota, le dit lui-même dans le rapport annuel du groupe : la transformation de son entreprise est une question de survie. Et c’est valable pour tous les acteurs historiques. Certains investissent dans des départements de technologie pour créer des services de mobilité, d’autres les développent eux-mêmes, quand d’autres encore investissent dans des startups ou créent des joint-ventures. Tous ont ce même objectif de commencer à changer de modèle d’affaires, mais aussi de modèle culturel basé sur les silos internes. Par ailleurs, de nouveaux entrants, des startups, ont déjà réduit de moitié le temps de cycle, travaillent en petites équipes agiles à concevoir dès le début des véhicules à zéro émission.
Au cœur de ce même mouvement, les usines devront être les plus « propres » possible, en favorisant le local pour limiter les flux logistiques, avec des solutions de plus en plus personnalisées. La notion de jumeau numérique est très importante également dans une visée durable de la fabrication, optimisée par la conception et la simulation virtuelles ainsi permises. A ce titre, grâce à sa plateforme 3DEXPERIENCE, Dassault Systèmes est un acteur de ces transformations industrielles, notamment en faveur d’une mobilité plus verte.
Olivier Sappin, Vice-Président Industrie Transports & Mobilité de Dassault Systèmes
Contenu proposé par Dassault Systemes