Le gouvernement veut accompagner les industriels investis dans le diesel
Plusieurs milliers d’emplois sont directement concernés en France par l’évolution du marché, en défaveur du diesel. Une filière s’était constituée dans l’Hexagone, portée par le dynamisme du diesel.
Le gouvernement en position d’équilibriste. Deux jours après la confirmation de l’alourdissement de la taxation sur le diesel, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé mercredi 27 septembre son intention de mettre en place un "plan d’accompagnement" de la filière des sous-traitants spécialisés dans les équipements destinés aux véhicules roulant au gazole en France. Aucune information n’a toutefois été donnée sur la forme que pourrait prendre ce soutien de la part de Bercy.
"Nous allons mettre en place d'ici la fin de l'année un plan d'accompagnement de la filière des sous-traitants automobiles investis dans le diesel, car nous savons que cette fiscalité écologique étant efficace, elle amène un changement des comportements des consommateurs", a simplement justifié Bruno Le Maire, rappelant que la filière diesel, "c’est plusieurs milliers d’emplois en France".
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D’après Les Echos, le ministère chiffre à près de 10 000 le nombre d’emplois dépendant du diesel en France, chez les deux constructeurs français Renault et PSA, mais également (et surtout) chez les équipementiers. Il faut dire que l’Etat français a pendant très longtemps encouragé l’achat de diesel, en mettant en avant les bénéfices en termes d’indépendance énergétique et de lutte contre le CO2. A tel point qu’en 2012, la part du diesel dans les ventes de véhicules neufs a grimpé à près de 73% du total dans l’Hexagone !
Conséquence: dès les années 1960, la filière française s’est spécialisée dans le diesel, attirant des équipementiers étrangers comme l’Américain Delphi, qui produit des injecteurs à Blois, dans le Loir-et-Cher. Idem pour l’Allemand Bosch, qui dispose d’un site à Rodez (Aveyron) employant près de 1 600 personnes.
48% de diesel début 2017
Mais aujourd’hui, les mesures et conséquences du Dieselgate ternissent le marché du diesel. Lundi 25 septembre, le gouvernement a confirmé que la taxation du gazole allait augmenter de 10% à partir de 2018. Cette mesure alourdira donc de 7,6 centimes d’euros par litre les taxes sur le diesel. De quoi rendre ces véhicules roulant au gazole moins attractifs. Déjà, la part du diesel dans les ventes de véhicules neufs en France a chuté à 48% au cours des huit premiers mois de 2017, passant sous la barre symbolique des 50%.
En Allemagne, où la décrue est entamée, près de 300 000 véhicules d’occasion attendent un acheteur, pour une valeur de 4,5 milliards d’euros. Un scénario qui pourrait être transposé à l’Hexagone. L’alignement progressif de la fiscalité avec l’essence, et le désamour des Français pour des véhicules dont ils ignorent la valeur à la revente, devraient donc peser sur ce tissu industriel spécialisé dans le diesel.
Valeo "très peu exposé"
Si Valeo, cité par Bruno Le Maire comme figurant parmi les "sous-traitants automobiles qui sont investis dans le diesel", se dit en réalité "très peu exposé", d’autres sites industriels réfléchissent de fait déjà à leur avenir. Chez Bosch, le président France Heiko Carrie indiquait dès mars avoir réduit "significativement" la part des emplois intérimaires sur le site de Rodez. Tout en indiquant "croire à l’avenir du diesel", il avait admis que la baisse du marché "[avait] des effets sur l’emploi". A l’image du site de Mondeville (Calvados), le site de Rodez réfléchit donc à une éventuellement diversification afin de pouvoir faire face à la décrue de son activité de production de composants diesel.
Même réflexion chez Delphi, qui indique que "compte tenu de la tendance sur le diesel, des pistes de diversification sont à l’étude" dans le cas du site de Blois. On y admet que le déclin du diesel a bien "un impact sur l’activité", sans plus de précisions. Mais certains salariés ont déjà fait les frais de cette évolution défavorable. En 2015, quelques mois avant le début du scandale des moteurs truqués de Volkswagen, mais dans un contexte de remise en cause de la technologie diesel, Delphi avait fermé définitivement son site de La Rochelle, afin de concentrer l’ensemble de l’activité dédiée à cette motorisation sur son site de Blois. Côté Bosch, le site de Vénissieux (Rhône) doit être fermé d’ici la fin de l’année. Sans compter l’impact éventuel sur les petits sous-traitants dont l’ensemble de l’activité repose sur le diesel.
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