"Le financement public de l’Allemagne et du Japon au charbon est incompatible avec la COP21", regrette Pascal Canfin, Président de WWF France
Une étude vient confirmer que les pays les plus riches continuent à financer l’industrie du charbon. A commencer par le Japon qui apparaît comme le mauvais élève et l’Allemagne dont l’image verte est quelque peu écornée. Explications avec Pascal Canfin, le président de WWF France, qui a répondu aux questions de L’Usine Nouvelle.
42 milliards de dollars d’aides publiques internationales ont permis de soutenir l’industrie du charbon entre 2007 et 2015, selon une étude publiée ce mardi 24 mai 2016, par WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International. Et 2,5 milliards de dollars rien qu'en 2015, année de la COP21 à Paris. Des dépenses qui vont à l’opposé des accords signés à Paris. L’ensemble de ces projets financés équivaut à 100 millions de tonnes de CO2 par an et 85 GW d’électricité produite pas des centrales à charbon. Tout le contraire des mesures à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique.
Bien entendu, ces données sont antérieures à la COP21. L’an passé, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont décidé d’arrêter toutes les aides publiques à destination de l’industrie du charbon et notamment pour construire des centrales à l’export. "La question est de savoir si l’Allemagne, le Canada, l’Italie et le Japon vont modifier leur politique, si Américains, Britanniques et Français leur mettront la pression à l’occasion du prochain sommet du G7 au Japon (26 et 27 mai)", s’interroge Pascal Canfin, le président de WWF France.
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Et au-delà du G7, c’est le futur G20 qui se tiendra en Chine à Hangzhou, les 4 et 5 septembre 2016. "La Chine supprime plus de centrales au charbon qu’elle n’en ouvre, mais elle finance de nombreux projets en Afrique." Une avancée au G7 mettrait la pression sur la Chine. Alors que 175 pays ont signé les accords de Paris, difficile de poursuivre dans cette voie.
Un retournement après Fukushima
Le Japon fait figure de mauvais élève à quelques jours du sommet du G7 qui doit se tenir chez lui, les 26 et 27 mai. Il totalise depuis 2007, plus de la moitié des financements avec 22 milliards de dollars et de futurs projets sont en voie d’être financés à hauteur de 10 milliards de dollars supplémentaires. Entre 2007 et 2015, l’Allemagne a financé le charbon à hauteur de 9 milliards de dollars, les Etats-Unis, 5 milliards, la France, 2,5 milliards,…
Le Japon, considéré comme un pays en pointe sur les technologies et la transition énergétique a fortement investi depuis l’accident de Fukushima pour sa demande intérieure, mais également pour financer des projets dans les pays asiatiques. "Alors que le Japon était en pointe à Kyoto (1997), on note un fort recul de l’ambition climatique avec un retournement après Fukushima", analyse Pascal Canfin.
"Et l’Allemagne qui a souvent une image plus verte que la France" est dans ce domaine bien en retard. Outre l’aspect environnemental, le maintien de ces pratiques est "inéquitable par rapport aux autres pays du G7. Depuis Paris, rien ne s’est passé pour lutter contre les financements, regrette le président de WW France. De plus en plus, avec la concurrence des énergies renouvelables, est-ce qu’on subventionne une industrie du passé ou on gère la fin du charbon avec un accompagnement social."
Et Pascal Canfin loue la décision du président de la République à l’occasion de la dernière conférence environnementale le 25 avril dernier d’imposer un prix plancher du carbone. "Avec un prix raisonnable à 30 euros, la France sort définitivement du charbon et baisse ses émissions de CO2. Il ne faut pas que les Allemands et les Polonais puissent récupérer les quotas libérés". D’où la nécessité de mettre la pression sur l’Europe.
Olivier Cognasse
"Le financement public de l’Allemagne et du Japon au charbon est incompatible avec la COP21", regrette Pascal Canfin, Président de WWF France
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