Le e-commerce alimentaire ne change pas la donne pour les industriels
A l'occasion du Salon de l'Agriculture, FranceAgrimer propose une étude sur l'impact du e-commerce sur les industries de l'agroalimentaire. Conclusion : ces nouveaux circuits de distribution, dominés par les principaux acteurs de la grande distribution, ne constituent pas de nouveaux débouchés pour les industriels.
Monoprix qui s'associe avec le géant britannique Ocado, Auchan qui se rapproche d'Alibaba...pas de doute, l'e-commerce alimentaire a bien débarqué en France. Selon les données de FranceAgrimer publiées lors du Salon de l'agriculture, en 2017, le e-commerce représente 4% du total des ventes de produits alimentaires en valeur soit une augmentation de 4 points en 10 ans. Derrière cette apparente révolution, on retrouve pourtant les acteurs traditionnels de la distribution.
Succès des produits de stockage
Sans trop de surprise, ce sont les produits dits "de fonds de rayons" qui connaissent le plus grand succès chez les internautes. Boissons sans alcool, lait, eau, farine... sont parmi les ingrédients que l'on retrouve dans les paniers virtuels. "Ce sont essentiellement des produits de stockage, relativement lourds à transporter", précise Grazyna Marcinkowska, chargée d'études consommation à FranceAgrimer. L'experte souligne, par exemple, la part des eaux en bouteilles, premier poste de dépenses "online". "Avec 35% des dépenses, les ventes en eaux en bouteille sont plus importantes dans le circuit online que dans l'ensemble des autres circuits de distribution", détaille Grazyna Marcinkowska.
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Pour les produits frais: légumes, fruits, produits de boucherie, la question logistique reste encore un frein pour les consommateurs. Ces produits sont globalement sous représentés dans les dépenses du e-commerce.
Quasi-monopole des Drives
Si le commerce en ligne représente l'une des principales évolutions dans la distribution depuis le début des années 2000, ce sont pourtant les acteurs traditionnels de la distribution (les enseignes Auchan, Carrefour, Leclerc, Intermarché...) qui dominent ce secteur. En effet, selon les chiffres de FranceAgrimer, les trois-quarts des ventes en ligne passent via les plateformes des distributeurs et leurs options de "drive".
Par ailleurs, les ventes faites directement via les sites des industriels restent encore très marginales. "Les sites des industriels sont souvent des vitrines qui permettent de présenter les produits ou de faire un achat spécifique, monoproduit et monocolis à une période précise de l'année", précise Bertrand Oudin, président de Blezat Consulting, prenant l'exemple des interfaces en ligne des producteurs de foie gras dont la fréquentation augmente à l'approche de Noel "mais ils ne génèrent pas un flux suffisamment régulier pour être considérés comme une alternative", prévient -il.
Pas de nouveaux débouchés
"Actuellement, le mode de développement du e-commerce ne permet pas encore d'avoir de nouveaux acteurs suffisamment structurants. Les principaux flux sont générés par la croissance du drive et d'une partie de la livraison, et donc de la grande distribution", ajoute Bertrand Oudin,
Conséquence: le e-commerce ne représente pas encore de nouveaux débouchés pour les industriels du secteur. Au contraire, ce nouveau circuit de distribution augmente encore la concentration des distributeurs et leur poids dans les négociations commerciales qui fixent les prix annuels.
Une opportunité pour les PME
La situation pourrait pourtant évoluer dans les prochaines années. "Les reventes via des sites dits pure-players du type Amazon ou Ocado sont encore faibles mais leur croissance est supérieure à 10% par an", analyse Bertrand Oudin. "L'émergence de ces nouveaux acteurs pourrait alors créer des nouveaux flux commerciaux et offrir de nouvelles opportunités aux PME de l'agroalimentaire", estime le spécialiste.
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