"Le décalage à la hausse du prix du lait français ne peut plus durer", prévient Dominique Chargé
Les coopératives laitières (FNCL) s’alarment du décalage entre le cours du lait en France et celui de ses voisins. Elles estiment à nouveau perdre des parts de marché, à cause de cours trop élevés. Leur président, Dominique Chargé, craint une accélération des importations et plaide pour un rééquilibrage des prix en 2016.
Lait en poudre - Laïta
"L’année 2016 ne pourra pas se dérouler comme 2015", prévient Dominique Chargé, le président de la Fédération nationales des coopératives laitières (FNCL) et président du groupe coopératif breton Laïta. La cause de cet avertissement ? Le décalage à la hausse des prix français du lait payés aux éleveurs par rapport à ceux des pays voisins.
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Alors que Bruxelles avait justifié la suppression des quotas laitiers en début d’année 2015 par les perspectives à la hausse du marché mondial tirées par l’Asie, rien ne s’est passé comme prévu. L’embargo russe sur les produits alimentaires européens est venu perturber le marché. Des volumes invendus se sont accumulés faisant chuter les cours.
Autre paramètre imprévu : la Chine. "La natalité a été moins forte que prévue, tout comme la croissance économique du pays. La demande en lait a été moins élevée qu’attendue", souligne Dominique Chargé, qui estime qu’il n’y a "aucune amélioration à attendre sur le premier semestre 2016" sur le front russe ni sur le marché chinois.
Des prix en baisse en Europe, sauf en France
Depuis le printemps, les prix du lait sont tirés à la baisse. Sauf en France, selon la FNCL, sur les marchés du lait de consommation. "La France est aujourd’hui décalée vers le haut par rapport à ses voisins’", insiste Dominique Chargé. A fin septembre, la France est autour de 305 à 310 euros les 1000 litres, contre 280 euros en moyenne en Allemagne et 250 euros en Irlande.
"Pour l’instant, nous essayons de faire tampon, en prenant sur nos marges, car en 2014, nous avions lissé les prix par rapport à nos voisins", reconnaît Dominique Chargé. Mais aujourd’hui, le président de la FNCL s’alarme des pertes de parts de marché auprès de la grande distribution, qui préfère s’approvisionner auprès de pays voisins moins chers. "Nous sommes au bout du système", clame-t-il.
Revoir le prix du lait
Le prix français négocié cet été sous l’égide du ministère de l’Agriculture risque bien de ne pas durer longtemps. "Un prix artificiel déconnecté du marché mondial", soulignent certaines organisations, qui rappellent les problèmes connus par la filière porcine à la rentrée et les mêmes problèmes de coûts de production. Une refonte du système du prix payé aux producteurs semble nécessaire. "La performance économique des exploitations doit davantage être prise en compte dans les prix payés aux producteurs, tout comme la qualité du lait", insiste Dominique Chargé. Le combat risque d’être encore long.
Adrien Cahuzac
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