Le débat sur les pertubateurs endocriniens resurgit dans l'emballage
Sujet de santé publique, les perturbateurs endocriniens (PE) dans l’environnement et dans les emballages sont au cœur d’un rapport parlementaire présenté le 4 décembre. Il pourrait faire bouger les lignes de la règlementation européenne et donne, en attendant, l’occasion aux fabricants d’emballages de rétablir quelques vérités.
Mis à jour
06 décembre 2019
C’est un nouveau coup dur pour l’industrie du plastique. Mercredi 4 décembre, les députés La République en Marche Claire Pitollat et Lauriane Rossi ont livré les conclusions du rapport présenté par la Mission d’information parlementaire consacrée aux "Perturbateurs endocriniens présents dans les contenants en plastique".
Risques avérés, présumés, suspectés : une demande urgente de réglementation européenne
Les députés rappellent les risques générés par les perturbateurs endocriniens (PE), capables "d’interagir avec la régulation hormonale des êtres vivants et susceptibles d’entraîner des effets néfastes sur la santé". Considérant que "les contenants en plastiques sont pour une part importante à l’origine des contaminations constatées pour certains PE", les élues jugent "urgent" que l’Europe règlemente ces substances, en distinguant les substances dont le rôle de PE est "avéré" de celles dont il serait "présumé" ou "suspecté". Derrière cette proposition, les députés souhaitent en fait "mettre en œuvre une réglementation fondée sur le principe de précaution".
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Si les fabricants d’emballages semblent particulièrement visés, Emmanuel Guichard, délégué général d’Elipso, l’organisation professionnelle rassemblant les fabricants d’emballages plastiques et souples, entend relativiser. Interrogé par L'Usine Nouvelle, il considère que ce rapport aborde "beaucoup de choses génériques en lien avec la réglementation européenne, les stratégies française et européenne". "On a l’impression que les rapporteures veulent entrer dans ce vaste sujet à travers le plastique."
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Cette préoccupation à l’égard des PE dans les contenants en plastique et leurs conséquences sur la santé n’est pas une première. Il y a quatre ans, le bisphénol A (BPA) avait été banni au sein des emballages alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques. Aujourd’hui, même si d’autres PE continuent d’exister comme les Bisphénols S et F, les phtalates, les composés perfluroés et les retardateurs de flammes bromés, "aucun n’est présent dans les résines", affirme le délégué général d’Elipso.
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Il évoque davantage la possibilité d’en trouver dans les colles ou l’encre des étiquettes, qui sont également utilisées avec d’autres matériaux comme le carton. Rappelant que les industriels utilisent des substances autorisées par la règlementation européenne – même si certaines sont suspectées d’être des PE -, le porte-parole affirme que les adhérents d’Elipso sont en cohérence avec ce cadre législatif et restent vigilants par rapport à leur process et leur achats, même lorsque leurs produits ne sont pas destinés à l’alimentaire.
Les risques du recyclage des bouteilles sur la santé
L’information auprès du grand public fait aussi partie des actions suggérées par le rapport parlementaire. Les risques liés au réchauffage des aliments dans les contenants font l’objet d’une attention particulière, de même que les usages des bouteilles en plastique. L’exemple des sachets de thé en plastique poreux a été cité pour expliquer le relargage de "très grande quantité de plastiques dans la boisson", lorsque ces sachets infusent à 95°C.
S’agissant des bouteilles, les députés ont alerté sur les effets de diffusion de PE lorsque ces emballages subissent des frottements ou sont exposés à la chaleur comme, par exemple, dans les voitures. Les conséquences du recyclage des bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET) sont aussi épinglées. Les élues s’inquiètent des risques potentiels de contamination liés aux encres et aux colles utilisées par les industriels. Elles proposent pour cela un suivi sanitaire très précis du rPET - la résine recyclée - dans le cadre de recyclages successifs.
Vers un tox-score pour mieux connaître les produits ?
Les parlementaires envisagent aussi la mise en place d’un "Tox-score" - calqué sur le Nutri-score, l’étiquetage qui informe des qualités nutritionnelles - pour indiquer la présence de substances chimiques dans les produits. Une proposition qui manque de sens aux yeux d'Emmanuel Guichard. "Ce n’est pas au consommateur de porter le risque. Soit c’est dangereux et c’est interdit, soit cela ne l’est pas et c’est autorisé".
Plus de moyens sont également réclamés à destination de la recherche afin d’intensifier les travaux sur les PE et d'en faire "une véritable priorité nationale". Les nanoplastiques, qui peuvent "franchir la frontière des tissus et des organes" sont d’ailleurs particulièrement visés. Avec ses 252 pages, le rapport pourrait, dès la semaine prochaine, alimenter les débats sur la loi anti-gaspillage à moins qu’il puisse être la première mouture "d’un projet de loi global sur la protection des Français et des personnes vulnérables aux PE", observe Emmanuel Guichard.
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