Le coût du projet Hinkley Point dérape de 1,5 milliard de livres sterling
PARIS (Reuters) - EDF a annoncé lundi 3 juillet estimer désormais à 19,6 milliards de livres sterling (soit 22,3 milliards d'euros environ au cours actuel), le coût à terminaison de la future centrale nucléaire britannique d'Hinkley Point. Soit une hausse de 1,5 milliard par rapport aux estimations initiales. Le projet risque en outre de subir des retards.
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Mis à jour
03 juillet 2017
Le coût final de la centrale nucléaire de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre, devrait dépasser de quelque 1,5 milliard d'euros le devis initial, a annoncé EDF lundi 3 juillet, à l'issue d'un audit interne. Les surcoûts identifiés à l'issue d'une revue du projet résultent essentiellement d'une adaptation de son design à la demande des régulateurs, du volume et du séquencement des travaux sur site, et de la mise en place progressive des contrats fournisseurs, a précisé l'électricien public français dans un communiqué.
Le taux de rentabilité prévisionnel (TRI) du projet, qui prévoit deux réacteurs nucléaires de type EPR, est ainsi désormais estimé pour EDF à environ 8,5% contre environ 9% initialement.
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Risque de retards
Le groupe a évoqué le risque d'un retard du chantier - de 15 mois pour le réacteur n°1 et de 9 mois pour le n°2 - qui induirait un coût supplémentaire potentiel de l'ordre de 0,7 milliard de livres sterling 2015. Dans cette hypothèse le TRI pour EDF serait d'environ 8,2%. La direction du projet Hinkley Point est cependant "mobilisé(e) sur l'objectif initial de livraison de la tranche 1 fin 2025, et sur l'identification et la mise en place des plans d'actions destinés à réduire les coûts et les risques".
EDF, qui a dans la même temps confirmé ses objectifs financiers, a ajouté que le premier béton de sûreté nucléaire du bâtiment de la tranche 1, prévu mi-2019, était confirmé "dès lors que le design définitif, dont le calendrier est tendu, aura bien été arrêté fin 2018".
"(La revue) était un processus prévu et parfaitement normal pour un projet de cette ampleur", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Vincent de Rivaz, le directeur général de la filiale britannique d'EDF. "Il n'y a aucune perspective liée à la revue qui puisse créer la moindre inquiétude en termes de conséquences sur le contrat avec le gouvernement britannique", a-t-il ajouté. "Le projet sur le terrain avance bien et conformément au planning ; les équipes sont mobilisées et font du bon travail."
Relance de la filière nucléaire française
Après des mois de négociations tendues, la Grande-Bretagne, la France et la Chine avaient signé en septembre 2016 le contrat de construction par EDF et le chinois CGN du projet Hinkley Point. Une partie des syndicats d'EDF avaient demandé le report du projet Hinkley Point en estimant qu'il mettait en péril les finances de l'entreprise. Le groupe français, qui détiendra 66,5% de la nouvelle centrale d'Hinkley Point au côté de CGN (33,5%), avait indiqué en mai 2016 que le projet comprenait une marge pour "scénarios extrêmes" qui pouvait augmenter son coût de 2,7 milliards de livres.
Hinkley Point est considéré comme un projet clé pour relancer la filière nucléaire française à l'international. Quatre réacteurs de type EPR du groupe Areva sont en construction dans le monde : un en France à Flamanville (Manche) et un en Finlande, qui connaissent d'importants retards et surcoûts ; et deux en Chine, dont un au moins devrait être cette année le premier du genre à entrer en service.
La nouvelle centrale d'Hinkley Point, la première qui sera mise en chantier en Europe depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et la première en Grande-Bretagne depuis 1995, devrait produire suffisamment d'électricité pour environ six millions de foyers pendant une durée estimée à 60 ans.
Tarif garanti de rachat de l'électricité
En vertu d'un contrat conclu avec le gouvernement britannique, EDF bénéficiera d'un tarif garanti de rachat de l'électricité qui sera produite par la nouvelle centrale d'Hinkley Point, à 92,5 livres (105,4 euros) par mégawatt/heure pendant 35 ans.
Ce prix, nettement supérieur aux prix de marché actuels, est garanti dans le cadre d'un mécanisme ("contract for difference") prévoyant qu'EDF recevra un paiement complémentaire lorsque le prix de marché sera inférieur au tarif et qu'il devra rembourser un trop-perçu lorsque le prix du marché dépassera ce tarif. Vers midi, l'action EDF accusait une légère baisse (-0,37% à 9,447 euros).
(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)
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