Le coût du démantèlement d'un réacteur nucléaire selon EDF

Se basant sur son chantier, encore en cours, de déconstruction de la centrale nucléaire Chooz A dans les Ardennes, EDF a calculé le coût de démantèlement des réacteurs à eau pressurisée, la technologie du parc nucléaire français.

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Le coût du démantèlement d'un réacteur nucléaire selon EDF
Entrée du chantier souterrain de déconstruction de la centrale nucléaire Chooz A (Ardennes), vitrine d'EDF.

Le site de déconstruction de Chooz, dans les Ardennes, est LA vitrine démantèlement d’EDF. Sur les neuf chantiers de ce type en cours en France, c’est le plus avancé. Il ne reste plus que les équipements du bâtiment à combustibles du réacteur Chooz A, dont la cuve elle-même, à découper. Entamé en 2007, le démantèlement de ce réacteur prototype à eau pressurisée de 305 MW, mis en service en 1967 et arrêté en 1991, devrait être totalement achevé en 2022.

Les huit autres chantiers français de démantèlement en cours en France sont beaucoup moins avancés, voire à l’arrêt. Qu’importe, ils concernent des technologies (eau lourde à Brennelis, neutron rapide à Creys-Malville, et uranium graphite gaz à Bugey, Saint-Laurent et Chinon) non retenues pour le parc nucléaire français, de 58 réacteurs en activité aujourd’hui.

350 à 500 millions d’euros par réacteur

Combien aura coûté au total le démantèlement de Chooz A ? Sylvain Granger, directeur déconstruction et déchets d’EDF, ne répondra jamais à cette question. En revanche ce premier chantier, croisé avec les retours d’expérience de démantèlements complets menés à bien par des Américains, notamment celui du réacteur Zorita, en Espagne, sorte de jumeau de Chooz A, a permis à EDF de calculer le coût du démantèlement d’un réacteur à eau pressurisé. "Cela coûtera entre 350 et 500 millions d’euros, suivant la configuration, avance Sylvain Granger. Ce sera la fourchette haute pour les cas isolés, et la fourchette basse lorsqu’il s’agira de démanteler une série de réacteurs aux caractéristiques similaires, où l’on pourra mutualiser les process et les outillages."

Dans l’état actuel des connaissances, et avec le scénario de déconstruction retenu par EDF (les bâtiments non contaminés au début pour finir par la cuve), il faut compter 15 ans pour un "retour à l’herbe" du site. "Mais on pourra sûrement faire mieux", avance Gilles Giron, directeur adjoint déconstruction et déchets en charge des Chooz A, Brennelis et Creys-Mellville.Un impératif pour EDFs'il veut, comme il l’ambitionne, conquérir le marché mondial du démantèlement.

Un marché mondial potentiel de 200 milliards d’euros

"EDF veut être l’acteur européen de référence pour la déconstruction des centrales nucléaires", explique Sylvain Granger. C’est, selon lui, dans cette optique que la direction déconstruction et déchets a été créée en 2015. Aujourd’hui, dans le monde, 110 réacteurs sont arrêtés et 200 autres devraient l’être d’ici 15 ans. Selon Sylvain Granger, environ les deux tiers utilisent la même technologie que Chooz A. Pour EDF, le démantèlement représente un marché mondial potentiel de 200 milliards d’euros. Que le Français entend bien conquérir. Reste à affiner ses arguments. EDF met en valeur son savoir-faire en termes d’ingénierie de déconstruction, acquise à Chooz A. Alors que les Américains ont déjà démantelé une dizaine de sites, EDF n’a encore qu’une vitrine non terminée à montrer. De plus, les technologies de découpage et de télé-opération à distance, éprouvées par les Américains, sont maîtrisées par des partenaires, Westinghouse et Nuvia process. Le français mise sur l’expertise française en matière de traitement et stockage des déchets, notamment via sa nouvelle marque, Cyclife, héritage du rachat d’une entreprise suédoise en 2016. Il en faudra peut-être plus pour séduire le marché.

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