"Le consommateur doit beaucoup plus compter dans l’élaboration des produits", pour le cofondateur de l’Open AgriFood

Ces 15 et 16 novembre, agriculteurs, industriels, artisans, restaurateurs, distributeurs, consommateurs et citoyens se retrouvent à Orléans, pour débattre de l’alimentation de demain. L’Usine Nouvelle s’est entretenue avec le cofondateur et coprésident de l’"Open AgriFood", Emmanuel Vasseneix, président de la société LSDH, d’Unijus et vice-président de l’Ania, le syndicat de l’industrie agroalimentaire.

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L'Usine Nouvelle - Les colloques sur le devenir de la filière alimentaire ne manquent pas. Alors pourquoi l’Open AgriFood ?

Emmanuel Vasseneix - Il est né il y a quatre ans de réflexions que nous avions avec Xavier Beulin et Florence Dupraz, sur la nécessité de faire évoluer nos modèles agricole, agroalimentaire, de distribution, et la relation avec le consommateur. Ce qui le différencie, c’est inscrit dans le mot "open". J’ai quelques convictions fortes. Que le consommateur doit beaucoup plus compter dans l’élaboration des produits, car les outils numériques, digitaux, et les réseaux sociaux modifient complètement son regard sur l’alimentation. Qu’il faut discuter librement, interpeller aussi l’amont agricole, y compris lorsqu’il y a des oppositions, de façon à tracer des axes de travail. Le colloque permet de rassembler beaucoup d’idées, mais il y a surtout beaucoup de travail entre nos évènements, comme l’Open Agrifood Initiative.

Comment intervenez-vous à l’heure des Etats Généraux de l’Alimentation ?

On se veut complémentaires des EGA, pas du tout dans l’opposition. Mais on voit leurs limites sur les enjeux de la valeur. Ils buttent sur la question de la libre circulation des produits, de la répartition de la valeur : faut-il légiférer ou non… Mais sur le volet de travailler pour une alimentation saine et durable, nous sommes tous d’accord !

Comment faire converger à la fois PME et grands de l’agroalimentaire, souvent en désaccord au sein même des syndicats?

Lorsque j’ai pris la présidence de la Commission Développement Durable de l’Ania, je craignais l’opposition entre les coopératives et les privés, les fabricants de marques distributeurs et les patrons de grandes entreprises… Mais lorsqu’il s’agit de développement durable et de mieux manger pour demain, je travaille avec les collaborateurs de ces patrons, et le grand bonheur c’est que personne n’est en opposition. Malgré les enjeux de financiarisation, on voit d’ailleurs de grands dirigeants se rendre compte qu’ils doivent revenir sur la stratégie de leurs entreprises en adéquation avec la pensée des consommateurs.

Il ne s’agit pas d’un débat sur l’alimentation, c’est vraiment un débat de société, on ne doit pas se laisser imposer de dogme. Or notre indépendance alimentaire est engagée, et ceux qui croient que ce n’est pas grave s’il n’y a plus de lait ou de céréales en France commettent une erreur stratégique. Car sinon, on se fera demain imposer la façon de produire, nous ne maitriserons plus rien.

Quelles pistes imaginez-vous à l’échelle nationale ?

Avec Nicolas Chabanne, je suis à l’origine de la marque du consommateur "C’est qui le patron ?". Cela ne va pas changer la vie de tous les producteurs laitiers, mais nous amenons une autre vision, nous voulons changer l’état d’esprit des entreprises. Au-delà même du secteur alimentaire, il s’agit de mesurer les attentes avant de concevoir un produit : le marketing à l’ancienne est mort !

Lorsqu’il y a cinq ans, nous avions pensé l’Open AgriFood avec Xavier Beulin, les discussions actuelles sur la transparence, les pesticides ou le bien-être animal semblaient bien loin aux gens. Mais je ne crois pas à un Grand Soir, plutôt à un patchwork de solutions, aux circuits courts et longs. Et surtout, c’est aux jeunes qu’il faut demander de penser l’alimentation de demain, même si nous pouvons leur apporter notre regard, nos technologies…

Et le numérique dans l’alimentaire: tendance ou véritable apport de valeur?

Je suis sidéré par tout ce qu’il peut apporter. J’ai même acquis la certitude que ce sont peut-être les agriculteurs qui ont la capacité d’innovation la plus importante : ils peuvent tester des outils dans un bout de leur parcelle, avec beaucoup plus d’agilité qu’une entreprise. Il y a cinq ans, le drone représentait la révolution : on arrivait à mesurer des quantités d’informations sur trois hectares à l’heure, désormais sur soixante hectares à l’heure grâce aux satellites ! Mais il faut considérer ces outils comme des aides à la décision, et non les décisionnaires.

Propos recueillis par Gaëlle Fleitour

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