Le compteur intelligent Linky bientôt remis en selle
Le gouvernement devrait reprendre en main le dossier Linky. Le très contesté compteur d’électricité devra évoluer pour être déployé sur tout le territoire.
La transition énergétique, c’est aussi la transition des réseaux électriques. Linky, le compteur d’électricité communicant d’ERDF, devrait profiter du voyage. La ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Delphine Batho, a déclaré hier, mardi 9 octobre, lors d’une audition au Sénat qu’un groupe de travail sur le déploiement de Linky avait été "remis en place" pour présenter ses conclusions "dans le cadre du débat sur la transition énergétique", qui se tiendra entre novembre et avril.
Le feuilleton Linky continue. Depuis l’expérimentation lancée en mars 2010 sur environ 300 000 compteurs, le déploiement de 35 millions de Linky d’ici à 2020 fait figure d’Arlésienne : tentative de passage en force de Jean-Louis Borloo en septembre 2011, peu avant son départ du ministère de l’Energie et de l’Environnement, lancement officiel un an plus tard par Eric Besson, ministre de l’Industrie et de l’Energie, avec un appel d’offres alors prévu pour début 2012… Et toujours rien.
VOS INDICES
source
Et pour cause : Linky cristallise les différends entre les collectivités locales, qui concèdent l’exploitation de leur réseau de distribution d’électricité à ERDF, la filiale d’EDF. Outre la question de la propriété du compteur, qu’ERDF aimerait bien récupérer, c’est bien sûr le financement des quelques 4,5 milliards d’euros de ce projet pharaonique qui pose problème.
Si le coût devrait être finalement répercuté sur la facture du consommateur via le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe), la déduction des économies réalisées par ERDF relève de la bataille de chiffres. "La question du financement n’est pas résolue", a résumé la ministre.
Les industriels s’impatientent
Aux collectivités locales se joignent les associations de consommateurs et, plus discrètement, la filière électrique du bâtiment, pour critiquer un Linky exclusivement tourné vers le réseau au détriment d’un consommateur qui s’était vu promettre une facture réduite par ERDF. Delphine Batho semble les avoir entendus : outre le financement, la ministre a détaillé trois "questions prioritaires qui doivent être résolues dans une discussion avec ERDF" : "répondre aux attentes des consommateurs", "intégrer des capacités liées à l’effacement" (la réduction des consommations lors des pointes) et établir "une stratégie de déploiement national coordonnée avec des choix géographiques" comme lors du "passage à la TNT". Soit un accent mis au niveau régional.
Pour ERDF, le temps presse. Une base nationale est indispensable à l’opérateur pour valoriser son expertise à l’international avant que la vague de déploiement des compteurs communicants ne retombe. Les fabricants de compteurs comme Itron, Landis+Gyr et Iskraemeco, les trois industriels qui s’étaient partagés les 300 000 Linky de la phase d’expérimentation, n’en peuvent plus d’attendre. Mais tous ces acteurs verraient d’un mauvais œil des modifications trop importantes du cahier des charges de Linky. Ce sera peut-être le prix à payer pour surfer sur la transition énergétique.
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir