Le CETI inaugure un démonstrateur pour recycler le coton à la chaîne
Le Centre européen des textiles innovants (CETI) a inauguré ce 19 septembre à Tourcoing le démonstrateur d'une ligne pilote industrielle pour recycler mécaniquement les vêtements usagés ou les chutes de production. Il s'adresse notamment aux fibres courtes comme le coton. Grâce à son procédé synchrone dans lequel les étapes se succèdent les unes après les autres - une première en Europe - il permet de produire un fil contenant au moins 70% de fibre recyclée.
Mis à jour
19 septembre 2019
Après l’arrivée des dernières machines la semaine dernière, le Centre européen des textiles innovants (CETI) inaugure ce 19 septembre à Tourcoing un démonstrateur pour recycler mécaniquement les vêtements usagés et les chutes de production industrielles, et notamment les fibres courtes comme le coton. Si le recyclage du coton n’est pas une nouveauté, la particularité de ce démonstrateur est son procédé synchrone : tous les métiers s’enchaînent du début à la fin. « Au niveau mondial je ne suis pas sûr, mais en Europe c'est une première, précise Pascal Denizart, directeur général de CETI. Une entreprise espagnole recycle du coton dans la région de Barcelone et mélange moins de 50% de matière recyclée à de la matière vierge mais ils n'ont pas intégré les étapes d’effilochage et de filature, qui restent deux métiers séparés. »
Le circuit d’un vêtement 100% coton usagé commence par la déchiqueteuse : il est réduit en morceaux de tissu. L’étape d’ensimage permet ensuite de « relaxer » la matière et de la traiter pour son innocuité. Ensuite, l’effilochage consiste à extraire les fibres de ces petits morceaux de tissu afin d’obtenir une matière fibreuse comparable à du coton vierge. Cette matière est alors mélangée à du coton vierge dans un mélangeur et une ouvreuse. Puis le cardage permet de paralléliser les fibres pour obtenir un ruban. Il reste à en faire un fil lors de l’étape de filature : il subit étirements et torsions pour acquérir ses propriétés mécaniques. Le fil peut alors servir à fabriquer de nouveaux vêtements.
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Au moins 70% de coton recyclé
Après avoir testé individuellement les différents éléments de la ligne, le CETI affirme parvenir à intégrer jusqu’à 70% de fibre de coton recyclé avec 30% de fibre vierge. « C’est la proportion qui nous permet de garantir les mêmes propriétés mécaniques qu’un fil vierge, déclare M. Denizart. Mais nous espérons atteindre 80%, voire 90% lorsque toutes les machines seront synchronisées. » Et pourquoi pas 100% de coton recyclé ? « C’est le graal, mais cela sera compliqué, poursuit M. Denizart. La fibre recyclée étant très courte – de 14 mm à 16 mm - elle a besoin de quelques fibres plus longues – supérieures à 22 mm - pour que le mélange s’opère bien. » C’est la fonction de la fibre vierge.
Si le CETI se focalise ici sur le coton, M. Denizart précise que le recyclage d’autres fibres est possible avec cette machine : « Le polyester et l’acrylique ont des fibres plus longues donc plus faciles à recycler, affirme-t-il. Mais le coton est une priorité car il représente près de 30% des fibres consommées au niveau mondial et sa culture est une des plus polluantes : 25% des pesticides mondiaux, une consommation d'eau extraordinairement haute, et des cultures qui occupent des terres arables… »
Une utilisation commerciale dès l'an prochain
Résultat de presque trois ans de recherche et développement avec le soutien du comité stratégique de la filière Mode & Luxe, initié par l’état Français, et en partenariat avec les marques et industriels Okaidi, Décathlon, TDV Industries et le constructeur de machines Laroche, c’est une véritable ligne pilote industrielle qui voit le jour aujourd’hui. « Nous allons encore faire un an de R&D appliquée en incluant la phase d'industrialisation, avance M. Denizart. Et cette ligne sera multipliée chez nos partenaires industriels pour assurer des productions à grande échelle. » Les premiers vêtements sortis de ces machines sont espérés dans les rayons au deuxième semestre 2020.
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