Le blocage politique en Allemagne n'effraie pas les investisseurs

par Marc Angrand
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Le blocage politique en Allemagne n'effraie pas les investisseurs
L'échec des négociations engagées pour tenter de former un gouvernement en Allemagne n'a provoqué aucun mouvement de panique sur les marchés financiers lundi, les investisseurs semblant garder confiance dans la capacité d'Angela Merkel à trouver un moyen pour rester à la tête de la première économie d'Europe. /Photo prise le 20 novembre 2017/REUTERS/Kai Pfaffenbach

PARIS (Reuters) - L'échec des négociations engagées pour tenter de former un gouvernement en Allemagne n'a provoqué aucun mouvement de panique sur les marchés financiers lundi, les investisseurs semblant garder confiance dans la capacité d'Angela Merkel à trouver un moyen pour rester à la tête de la première économie d'Europe.

L'indice Dax de la Bourse de Francfort, qui perdait près de 0,5% à l'ouverture, est reparti à la hausse dans la matinée et il progressait de 0,39% vers 14h30 GMT à 13.043,81 points, après un pic à 13.058,32.

La tendance était comparable sur les autres grandes places boursières de la zone euro: à Paris, le CAC 40 prenait 0,33% et l'indice européen Stoxx 600 avançait de 0,46%.

Au même moment, l'euro limitait ses pertes: tombé en début de journée en Asie à 1,1723 dollar, il est remonté tout près de 1,1770 dollar, en repli de 0,2% seulement. Et sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement des obligations allemandes à dix ans, revenu brièvement à 0,353%, est remonté à plus de 0,36%, signe que les investisseurs ne se replient pas sur les valeurs refuges.

Quelques heures après le constat d'échec par Angela Merkel des discussions engagées pour tenter de former une coalition gouvernementale avec les libéraux du FDP et les écologistes, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a écarté l'hypothèse de nouvelles élections et souligné que tous les partis politiques avaient la responsabilité d'essayer de constituer un gouvernement.

LES MARCHÉS CROIENT À UN COMPROMIS

L'hypothèse d'un nouveau scrutin, synonyme d'incertitude durable, est la plus redoutée par les marchés.

Les économistes de Citi, tout en jugeant qu'il était "trop tôt" pour dresser "l'acte de décès politique" d'Angela Merkel, rappellent dans une note que les intentions de vote en faveur du parti de la chancelière ont baissé de 1,4 point, à 31,5%, par rapport à son score du 24 septembre.

Pour Alexandre Neuvy, directeur de la gestion privée chez Amplegest, "le marché pense visiblement qu'Angela Merkel mettra de l'eau dans son vin et que les Allemands réussiront à s'entendre pour former une coalition."

Alain Pitous, directeur général de Talence Gestion, estime quant à lui qu'"un gouvernement minoritaire est possible, dès maintenant ou éventuellement après de nouvelles élections. Dans ce cas-là, l'histoire est réglée."

Il regrette néanmoins que le blocage politique en Allemagne survienne "au moment où il y a une tentative de relance de l'Union européenne".

"Angela Merkel était quand même le point fixe de l'Europe pour beaucoup de monde. Avec Emmanuel Macron, cela faisait un axe fort", ajoute-t-il.

Le président français a déclaré en début de journée que Paris n'avait pas "intérêt" à ce que la situation se crispe en Allemagne et aux Pays-Bas, le ministre des Affaires étrangères, Halbe Zijlstra, a parlé de "mauvaise nouvelle pour l'Europe".

LA BCE EN SOUTIEN

Pour Alain Pitous, les marchés peuvent néanmoins compter sur la Banque centrale européenne (BCE) pour stabiliser la situation. "Dans ce genre de situation, elle a plutôt tendance à garder la main fermement sur le volant car elle veut que rien ne vienne perturber sa mission", dit-il.

Entendu justement lundi au Parlement européen, Mario Draghi, le président de la BCE, n'a pas directement évoqué la situation politique allemande mais il a mis en avant le caractère accommodant de la politique monétaire.

Au-delà des spécificités de la situation allemande, ajoute Alain Pitous, un autre facteur peut expliquer la faible réaction des marchés ce lundi: "pour beaucoup d'investisseurs, les prises de positions fondées sur un facteur politique se traduisent par un retour de bâton au bout de deux ou trois semaines", explique-t-il.

"Taper sur l'Allemagne, sur l'euro, sur les taux allemands, c'est s'attaquer à forte partie, les gens sont donc un peu plus prudents, ils se méfient."

D'autres observateurs appellent néanmoins à la prudence, ne serait-ce qu'au regard de la taille de l'économie allemande.

"Bien sûr, on peut évoquer les expériences néerlandaise, espagnole ou belge des dernières années pour conclure que le marché est assez indifférent à des gouvernements qui 'gèrent les affaires courantes' pendant de longs mois ou trimestres", dit ainsi Hervé Goulletquer, stratège de LBPAM.

"Disons toutefois que l’Allemagne, de par son poids économique et politique en Europe, ne 'joue' pas tout à fait dans la même division."

(édité par Patrick Vignal)

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