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L'après Covid-19 devrait entraîner un changement de paradigme et une entrée dans un monde plus vert, avec la possibilité pour les produits biosourcés de jouer un rôle clé. À condition qu'ils reçoivent un soutien au plus haut niveau de l'État, explique François Monnet, président de l'Association chimie du végétal (ACDV).
L'après Covid-19 sera vert ou ne sera pas ! La pandémie semble avoir rebattu les cartes dans tous les domaines, accélérant les transitions entamées. Partout, des voix s'élèvent pour appeler à des entreprises plus vertes, plus respectueuses de l'environnement. Citoyens, chefs d'entreprises, gouvernement, tous proclament que l'après Covid-19 doit déclencher un changement de paradigme, le début d'une nouvelle ère, tout en s'interrogeant sur la viabilité économique d'une telle transition d'ampleur systémique.
Mais, à nombre de ces questions et attentes, la France a déjà une réponse ! Une solution mise en place presque en catimini, il y a vingt ans, une solution que l'on commence à découvrir sous le nom de « produits biosourcés », sans savoir vraiment de quoi il s'agit. Une solution vertueuse qui consiste à substituer des matières d'origines végétales à celles d'origines fossiles pour produire des biens de consommation.
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La crise sanitaire actuelle a révélé la vulnérabilité de l'industrie française et sa dépendance extérieure dans des gammes importantes de produits. Face à cela, tout volontarisme politique pour une relance mêlant souveraineté industrielle et écologie va se heurter à une réalité : les matériaux utilisés pour la plupart de nos produits industriels du quotidien sont issus de ressources fossiles, importées de l'étranger. Ainsi, quand bien même parviendrions-nous à produire davantage sur notre sol, nous resterions doublement dépendants : des ressources limitées de notre planète, d'une part, et des pays producteurs de pétrole et de gaz, d'autre part.
Les progrès de la chimie du végétal permettent aujourd'hui une transformation de matières premières végétales (amidon, huiles, déchets agricoles, bois, algues...) en produits - dits « biosourcés » d'usage quotidien pour les consommateurs (savons, shampoings, cosmétiques, peintures...) comme pour les industriels (solvants, enduits, emballages, additifs pour bitumes, bio-intrants pour l'agriculture...).
Pour notre pays, ces produits biosourcés présentent de nombreux avantages en termes d'empreinte écologique, de souveraineté, de revitalisation territoriale, tout en étant économiquement viables.
Empreinte écologique parce qu'ils limitent le recours aux matières d'origine fossile et qu'ils contribuent à réduire le bilan carbone des produits consommés, tout ceci grâce à l'utilisation de matières premières renouvelables.
Une souveraineté à reconquérir
Souveraineté, parce que la France dispose d'industries de pointe dans le domaine et de ressources renouvelables abondantes sur son sol. Le pays est toujours la première puissance agricole européenne, la deuxième pour le secteur de la chimie, et peut compter sur une R&D dynamique, notamment en biotechnologie industrielle.
Revitalisation territoriale, car la chimie du végétal, pilier de la transition écologique, constitue déjà une source de prospérité économique et une chance pour la France. Ses activités couvrent l'ensemble du territoire, représentant plus de 165 000 emplois, directs et indirects, et un chiffre d'affaires annuel de plus de 10 milliards d'euros.
Viabilité économique, car ces produits biosourcés approvisionnent aujourd'hui de très nombreux marchés, notamment ceux actuellement en tension : soins à la personne (hygiène), détergence et biocides, entretien de la maison, emballages, agriculture durable... Et le biosourcé offre aux autres filières nationales valorisant des ressources végétales (agriculture, filières du bois comme papier et construction, aquaculture...) de nouveaux débouchés, et un complément de revenus pour leurs exploitants. C'est un facteur de résilience réel pour tous. Tirée par une innovation performante, cette filière connaît une croissance trois fois plus forte que celle du PIB.
Une longue route à parcourir
Mais la route à parcourir reste longue avant de « biosourcer » tous les produits qui peuvent l'être. Et d'autres pays pourraient distancer largement la France dans ce domaine, alors même qu'elle dispose de tous les avantages compétitifs pour être dans le peloton de tête au niveau mondial. Ainsi, les États-Unis qui ont lancé, il y a près de vingt ans, un programme national de promotion des produits biosourcés issus de leur agriculture, ont pris de l'avance : cette filière leur permet de générer plus de 450 milliards de dollars par an de chiffre d'affaires, sans parler des 12 millions de tonnes d'émissions de CO2 dans l'atmosphère ainsi évitées. Cela a été possible grâce à une politique fédérale volontariste initiée il y a vingt ans, nécessaire dans un secteur où les cycles de R&D et d'innovation, très longs, demandent une visibilité de moyen terme, et, parfois, un soutien public.
Le Président Macron réfléchit à un Green Deal pour la reprise. Pour développer un pays comme une industrie, le plus efficace est de s'appuyer sur ses points forts. Cette reconstruction industrielle doit forcément passer par le développement des produits biosourcés. Celui-ci ne dépend que d'une volonté gouvernementale pour prendre son plein essor.
Il est encore temps pour la France de s'imposer : dans un contexte de redémarrage économique, le pays a de nombreux atouts pour le développement massif des produits biosourcés, bases d'une reconstruction industrielle combinant écologie, souveraineté et économie territoriale.
Déjà fortement mobilisés, les acteurs de la filière sont prêts.
François Monnet
SONDAGE IFOP LES PRODUITS BIOSOURCÉS « ONT BONNE PRESSE »L'ACDV a demandé à l'Ifop de réaliser une nouvelle enquête dont l'objectif était de mesurer l'appétence des Français pour les produits biosourcés. Résultats : 87 % d'entre eux ont une bonne image de ce type de produits. Et cette bonne opinion progresse. En effet, le premier sondage, réalisé en 2018 par l'Ifop, montrait que 80 % des sondés avaient une image positive des produits issus de la biomasse. « Cette deuxième enquête confirme l'image positive qu'ont ces produits auprès des Français. Elle reflète aussi l'importance grandissante qu'ils accordent à des produits plus écologiques et plus innovants », a commenté François Monnet, président de l'ACDV. Également interrogés sur l'intérêt qu'ils portent au sujet, 80 % de nos concitoyens sondés ont répondu qu'ils souhaitaient aussi avoir plus d'informations sur les produits biosourcés. Dans le contexte actuel de crise économique, résultant de la crise sanitaire, le président de la République a appelé à une relance économique et écologique. Or d'après ce sondage, les Français estiment que le développement d'une filière industrielle de produits issus de la biomasse possède une véritable plus-value environnementale et économique : 83 % pensent que son développement va apporter aux agriculteurs une solution pour sécuriser les revenus ; 76 % pensent que les produits biosourcés contribuent efficacement à la réindustrialisation de la France ; 77 % considèrent qu'ils contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; et 75 % estiment que leur développement permettra la création d'emplois. Conséquence logique de cette perception positive des produits biosourcés : 83 % des Français estiment qu'il est légitime pour les pouvoirs publics de soutenir les développements dans ce domaine.
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