Lauréate d’un appel à projet européen, la deeptech française Elwave accélère l’industrialisation de ses détecteurs sous-marins
La deeptech nantaise Elwave, qui développe des capteurs sous-marins innovants, a annoncé, lundi 4 octobre, bénéficier d’une subvention d’1,7 millions d’euros de la Commission européenne dans le cadre d’un appel à projet dédié aux startups et PME de l’économie maritime. Elwave compte ainsi accélérer l’industrialisation de ses capteurs et s'imposer sur le marché de l’éolien offshore.
Petit poisson devient grand. Lancée en 2018, la startup deeptech Elwave a annoncé, lundi 4 octobre, faire partie des lauréats de l’appel à projets européen dédié à l’innovation maritime, le « Blue Economy Window ». La subvention de 1,7 million d’euros, attribuée par la Commission européenne, sera principalement destinée à perfectionner la technologie et à accélérer l’industrialisation de ses systèmes de détections et de navigation sous-marins.
« Le taux de succès de de cet appel à projets destiné aux startups et PME est très faible (environ 5 %) : Elwave est désormais reconnue comme l’une des jeunes entreprises européennes industrielles innovantes phares de la "Blue Economy" », s’enthousiasme Pierre Tuffigo, le PDG d’Elwave.
Bio-mimétisme
Née dans le laboratoire de bio-robotique d’IMT Atlantique, la pépite française a développé une technologie de rupture, appelée le « sens électrique », directement inspirée du mode de perception de certains poissons d’eaux douces tropicales. « Certains poissons (comme les poissons-éléphants) génèrent une bulle électromagnétique autour d’eux, en continu, pour s’orienter. Car les eaux douces tropicales, en Afrique et en Amérique du Sud, sont souvent boueuses et encombrées par des branchages. Les poissons ne peuvent donc utiliser ni la vision, ni l’acoustique pour se repérer », raconte M. Tuffigo.
Dans une démarche biomimétique, les systèmes Elwave détecte, localise et caractérise « en temps réel » des objets qui se trouvent dans l’environnement des robots sous-marins et industriels, téléopérés (ROV, ROTV) et autonomes (AUV), à partir d’un champ électromagnétique. A la différence des détecteurs sous-marins actuels qui émettent des ondes acoustiques, magnétiques ou infrarouges.
« Pour créer le champ, nous plaçons des électrodes (de 8 à 24) en différents points du véhicule et établissons une différence de potentiel entre les électrodes. Le champ émis est à très faible fréquence (quelques kHz), décrit le PDG de la deeptech. La propagation du champ est isotrope, nous obtenons ainsi une bulle de détection à 360°, jusqu’à 20 à 30 mètres autour du véhicule », détaille-t-il.
Les électrodes, espacées de quelques dizaines de centimètres à quelques mètres sur la surface du robot sous-marin, permettent ensuite de mesurer « les modulations de l’impédance complexe du milieu ».
Taille et forme des objets
L’avantage de cette technologie ? « Quand un objet perturbe le champ électromagnétique, nous sommes en mesure de déterminer sa taille et sa forme (rond, plan, cylindrique), ce qui est très différenciant par rapport aux technologies actuelles ! », insiste le directeur, ajoutant que ses détecteurs peuvent également définir « si l’objet est métallique ou non (conducteur ou isolant) et s’il est vivant ou non ».
Pour assurer la partie traitement des données, leur technologie « sens électrique » intègre « une grosse partie d’algorithmie (filtre de Kalmann, analyse par intervalle…) et même un peu d’IA », selon le PDG de la pépite nantaise.
Eoliennes offshores et câbles sous-marins
Elwave vise en premier lieu le marché européen de la maintenance des éoliennes offshore. « Les robots sous-marins sont dotés d’équipements comme les nôtres pour l’aide à la navigation. Mais nous sommes également en train de développer la mesure de corrosion (un matériau corrodé étant isolant) », explique M. Tuffigo. « Pour l’instant, nous commercialisons une première version de capteurs qui peut s’enfouir sous de faibles profondeurs d’eau (jusqu’à 300 mètres), ce qui est suffisant pour les éoliennes en mer. »
Elwave planche désormais sur des détecteurs qui pourraient atteindre jusqu'à 5 000 mètres de profondeur. Car l’autre marché sur lequel se positionne la deeptech nantaise concerne la détection et le suivi des objets sous-marins enfouis (les câbles de puissance des éoliennes, les câbles télécoms sous-marins ou même les mines dans le domaine de la défense). « Les câbles doivent être enfouis à une certaine profondeur (entre 50 cm et 2 m), mais avec les courants marins il se peut qu’ils bougent avec le temps », éclaire Pierre Tuffigo.
Intégration facilitée
Pour conquérir ces marchés, les produits d'Elwave disposent d’un gros atout : leur compacité. « Le caisson fait à peine 40 cm, l’ensemble du système consomme à peine 20 à 30 Watt et pèse 5 kg à l’air, énumère M. Tuffigo. À titre de comparaison, les sub-bottom profiler, utilisés actuellement pour la détection et le suivi des objets sous-marins enfouis, font 200 kg. »
Contrairement aux technologies classiques, les systèmes de la jeune deeptech peuvent s’intégrer sur des drones sous-marins de plus petite taille, permettant de réduire drastiquement les coûts. « L’opération de maintenance d’un champ éolien avec un gros ROV demande environ 5 millions d’euros, quand le recourt aux drones sous-marins coûte dix fois moins cher », estime-t-il.
Les premiers déploiements opérationnels sont prévus en 2022 « avec les leaders mondiaux des inspections offshore et des opérateurs de champs éoliens offshore », tient à préciser Pierre Tuffigo.
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