Latécoère investit mais supprime 236 postes
L'équipementier Latécoère revoit son schéma industriel pour faire face à la pression commerciale dans le secteur aéro. Il comprend un nouveau site en région toulousaine et la suppression probable de 236 postes.
Mis à jour
08 juin 2016
La présentation des résultats annuels en mars dernier avait laissé un goût d’inachevé. Alors que le directeur général de Latécoère, Frédéric Michelland, assurait vouloir mettre en œuvre un nouvel élan industriel après des années de vicissitudes financières, les moyens concrets de déployer cette stratégie restaient obscurs. L’équipementier aéronautique a levé le voile mardi 7 juin sur son plan stratégique intitulé "transformation 2020".
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Il témoigne d’un groupe qui tente de maintenir sa compétitivité dans un secteur où les relations commerciales ne cessent de se durcir et dans un segment industriel où les marges sont parmi les plus faibles. Comme tous les équipementiers, Latécoère fait face à une pression considérable de la part des avionneurs pour respecter le planning des hausses de cadences de production, en particulier pour les Airbus A320 et A350, mais il pâtit a contrario d’une baisse de charges dans des programmes tels l’A330, l’A380, l’A440M et le Falcon 7X de Dassault Aviation.
menace sur l'emploi
Une décision de ce plan de transformation cristallisera sans aucun doute l’attention médiatique dans un pays à l’industrie malmenée : Latécoère prévoit la suppression probable de 236 postes, dont 232 pour la branche Aérostructure et 4 pour les Systèmes d’Interconnexion. Un niveau significatif pour une entreprise qui emploie 4 964 personnes dont 2 356 en France.
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"Le groupe s’engage à faire du reclassement interne sa priorité absolue et à faciliter les reclassements au sein de la filière aéronautique dans la région, assure-t-il dans un communiqué. Un Plan de Départs Volontaires (PDV) sera également mis en place pour limiter l’impact social du projet". Mais Latécoère prévient qu’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) devrait suivre.
Toujours sur le volet social, Latécoère prévoit de renforcer deux sites, ceux de Gimont (Gers) et Liposthey (Landes) : ils accueilleront l’ensemble des activités du site de Tarbes voué à la fermeture, ainsi que certaines productions réalisées sur le site de Périole (Haute-Garonne), près de Toulouse. Un nouveau schéma industriel qui s’explique par la volonté de l’équipementier de concentrer ses efforts sur les sites les plus importants et les activités à plus haute valeur ajoutée, telles que les meubles avioniques et les harnais électriques.
Des investissements à Toulouse et en Bulgarie
L’équipementier Latécoère se replie-t-il sur lui-même ? Non, c’est le contraire : il compte consacrer 100 millions d’euros à des investissements industriels sur la période 2017-2021. Et déjà le groupe annonce mettre 20 millions d’euros sur la table pour un nouveau site de production à Toulouse, qui pourrait employer une centaine de personnes. Une initiative qui vise à réintégrer des activités qui avaient été confiées à des sous-traitants. A l’inverse, l’équipementier prévoit une nouvelle implantation en Bulgarie qui accueillera le petit assemblage, une activité à faible valeur ajoutée.
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"Ce projet vise à améliorer la compétitivité du groupe et à l’adapter aux besoins de ses clients dans une industrie aéronautique en profonde mutation et un écosystème concurrentiel toujours plus exigeant", peut-on lire dans le communiqué. Comprendre : les avionneurs exigent des baisses de prix (arguant des importants volumes de production), les compagnies aériennes attendent des produits de plus en plus différenciant (sur fond de concurrence acharnée dans l’aérien), Latécoère doit donc se concentrer sur la plus haute valeur ajoutée pour maintenir des prix compétitifs et des marges dignes de ce nom. Le succès dans l’aéronautique ne s’acquiert pas à n’importe quel prix.
Olivier James
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