Lanxess inaugure son usine de 400 M€ à Singapour
La boucle est bouclée. Pour Lanxess, cette année sera largement marquée par l'aboutissement de son unité de caoutchouc butyle à Singapour, cinq ans après l'annonce du projet. « Cette usine de 400 millions d'euros représente notre plus grand investissement à ce jour », a rappelé Axel Heitmann, président du groupe, lors de l'inauguration officielle qui s'est tenue le 4 juin sur le parc chimique de Jurong, où est implantée l'usine. Avec une surface de 150 000 m2 et une capacité de production de 100 000 tonnes par an, elle représente en outre une des plus grandes usines de caoutchouc butyle en Asie. 160 postes ont été créés pour l'occasion. La production à l'échelle commerciale devrait démarrer au troisième trimestre 2013 et l'usine atteindra sa pleine capacité à l'horizon 2015. Elle produira à la fois du caoutchouc butyle et du caoutchouc halobutyle (composé des types bromobutyle et chlorobutyle). Si ces produits sont utilisés dans de nombreuses applications (systèmes de fermetures pharmaceutiques, chewing-gums, articles de sport, adhésifs, etc.), ils servent essentiellement le secteur des pneumatiques, pour des applications notamment dans les chambres à air. Ce marché représente environ 75 % des ventes totales de la business unit dédiée au caoutchouc butyle (plus de 500 M€ l'an dernier). Actuellement, une forte demande en pneumatiques émane de l'Asie, encouragée par une hausse de la mobilité, ce qui se ressent directement sur le marché du caoutchouc butyle. « La demande en butyle devrait progresser mondialement d'environ 5 % par an jusqu'en 2017 et croître de 6 % par an dans la région Asie Pacifique », a d'ailleurs estimé Axel Heitmann. Les premiers pays visés sont la Chine et l'Inde, où Lanxess prévoit que le nombre de voitures pour particulier devrait plus que tripler au cours des 15 prochaines années. D'où la nécessité pour le groupe allemand de s'implanter en Asie. Le choix de Singapour, et plus précisément de l'île de Jurong, est stratégique puisqu'elle offre une infrastructure particulièrement adaptée aux besoins de l'industrie chimique. Avec plus de 100 groupes pétroliers, pétrochimiques et chimiques, ce parc fait figure d'eldorado pour ces acteurs industriels, leur offrant des conditions optimales pour une intégration complète et des facilités de transport. Ron Commander, directeur de la business unit Caoutchouc Butyle ne mâche d'ailleurs pas ses mots pour justifier ce choix d'implantation. « Ce lieu est un rêve pour les entreprises chimiques », a-t-il assuré. Lanxess a notamment sécurisé son approvisionnement en matières premières via un contrat à long terme avec Shell, qui les acheminera par pipeline depuis une installation voisine.
« Au cours des dernières années, le groupe a déboursé plus de 500 M€ au niveau mondial dans le caoutchouc butyle »
Une usine de caoutchouc Nd-PBR en construction à Singapour
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La mise en place de ce projet, fruit de cinq années de travail, a néanmoins connu quelques rebondissements. D'abord prévue pour 2011, la mise en service de l'usine avait été repoussée de deux ans en 2009 à cause de la crise. Mais ce retard de calendrier n'a pas freiné les investissements de Lanxess dans cet archipel asiatique. En 2010, il avait installé le siège social mondial de la business unit Caoutchouc Butyle à Singapour. Puis, en 2011, il s'est lancé dans un autre projet d'usine de caoutchouc à Jurong, cette fois dans le polybutadiène néodyme (Nd-PBR). D'un investissement de 200 M€, la pose de la première pierre est intervenue en septembre 2012. L'usine devrait ouvrir ses portes au deuxième semestre de 2015 et produira alors 140 000 t/an de caoutchouc Nd-PBR. Enfin, le groupe a dernièrement mis la main sur une usine singapourienne de biocides via l'acquisition de PCTS. Aujourd'hui, Lanxess emploie 380 salariés dans cette cité-Etat. En dehors de l'Asie, le chimiste allemand est implanté dans le caoutchouc synthétique en Europe et en Amérique du Nord. Il opère une usine à Sarnia (Canada) et à Zwijndrecht (Belgique) disposant chacune de volumes de production de 150 000 t/an. Au cours des dernières années, le groupe a déboursé plus de 500 M€ au niveau mondial dans le caoutchouc butyle. Ces investissements ont permis d'augmenter sa capacité mondiale annuelle de 200 000 tonnes via le dégoulottage des unités existantes et la construction de l'usine singapourienne. La conclusion de ce projet lui permet de mettre un pied sur un troisième continent, et pas des moindres, dans le marché en pleine expansion du caoutchouc butyle.