Lancement du 1e projet des pôles de compétitivité

J'ai eu le plaisir de participer hier soir au lancement du projet Usine Numérique issu du pôle System@tic Paris-Région. C'est le premier projet de coopération recherche-industrie présenté par l'un des pôles de compétitivité mondial lancés en juillet derni
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Les plus hauts responsables concernés par l'usine numérique de groupes ou d'organismes tels Airbus, le CEA, Dassault Aviation, Dassault Systèmes, EADS, EDF, l'ENS-Cachan, l'Inria, Renault, Supelec et quelques autres ont porté hier soir sur les fonds baptismaux le premier projet de coopération recherche-industrie issu de l'un des pôles de compétitivité créés en juillet dernier.

Ce projet usine numérique a été initialisé par le pôle de compétitivité mondial System@tic Paris-Région dédié à la conception et à la maîtrise des systèmes complexes, qui est présidé par Dominique Vernay, directeur technique du groupe Thales. Ce pôle travaille sur quatre thématiques de marché : Télécoms ; Automobile-Transports ; Défense-Sécurité ; Outils de conception et de développement de systèmes.
Le projet Usine Numérique appartient à cette dernière thématique. Il est coordonné par Bernard Boime, qui appartient au Centre Commun de Recherche d'EADS.

Trois autres projets seront prochainement présentés autour de cette thématique : Usine Logicielle ; Infrastructures et Outils Logiciels pour la Simulation ; Fame2 pour une nouvelle génération de serveurs multiprocesseurs. Au total, le pôle System@tic Paris-Région a prévu de lancer pas moins de 13 projets pour un montant total supérieur à 600 M€ sur la période 2005/2008, financé à hauteur de 70 % par les entreprises et 30 % par l'Etat et les collectivités territoriales.

Le pôle System@tic Paris-Région à travers ces projets a 3 objectifs prioritaires :
  • Consolider le leadership (maîtrise technologique, capacité d'innovation, performance coûts/délais) des grands intégrateurs et opérateurs de systèmes complexes pour ancrer durablement leurs activités de R&D en Ile-de-France ;
  • Développer l'activité économique et l'emploi en Ile-de-France en suscitant la création de nouvelles entreprises industrielles et de services et en attirant les centres de R&D d'entreprises internationales concernées par la thématique des systèmes complexes ;
  • Renforcer l'attractivité de l'Ile-de-France en la dotant d'une image technologique visible mondialement sur le thème de la conception, de la réalisation et de la maîtrise des systèmes et objets complexes du 21e siècle.
Le projet Usine Numérique

« Ce projet permettra une représentation complète et visualisable des systèmes de production pour optimiser l'utilisation des moyens et disposer des outils de pilotage et de décision pertinents », explique Bernard Boime, le coordonnateur du projet.
Pour cela, ce projet comporte quatre axes de travail :
  • L'optimisation de la conception des usines de production notamment grâce à la simulation, tant au niveau des installations que des hommes ;
  • La maîtrise du pilotage des installations (boucle contrôle, prise de décision, maîtrise des risques) ;
  • La flexibilité de reconfiguration des lignes pour réduire les coûts et les délais ;
  • Le développement du travail collaboratif dans le cadre de l'entreprise étendue.
A partir de ce cadre général, un certain nombre d'actions vont être menées dans les 18 prochains mois. « Nous allons par exemple travailler sur les "ontologies" pour représenter les connaissances liées à l'infrastructure des usines sous un format informatique, afin de les rendre utilisables pour différentes applications. Nous allons aussi travailler sur l'équilibrage des lignes d'assemblages dans l'industrie automobile, sur l'optimisation des chaînes de fabrication pour l'industrie électronique, sur des technologies d'assemblage tel le clipsage ou encore sur les technologies de contrôles non destructif ».
Le budget alloué à cette première tranche est de 12,5 M€ et l'ensemble du projet devrait représenter un investissement de 50 M€ d'ici fin 2008. Pas moins d'une vingtaine de participants y sont déjà inscrits et un certain nombre d'autres, grands groupes industriels, PME, centres de recherche, établissements d'enseignement supérieur ont déjà fait part de leur intérêt pour rejoindre ce groupe.

Les premières réactions

Nous avons profité de la présence de cet aréopage d'industriels pour leur demander leurs motivations et leurs attentes vis-à-vis de ce projet. « Le groupe Renault dispose depuis un certain temps d'outils de préparation et de simulation de fabrication, mais ce sont des briques logicielles non intégrées de qualité inégale fonctionnant par filières métiers. Un tel projet devrait nous permettre de disposer à terme d'outils cohérents systémiques généralisables à l'ensemble de nos métiers, de rendre nos processus encore plus performants et de disposer d'utilisateurs encore plus compétents, afin de pouvoir relever les nouveaux défis industriels que nous imposent les marchés », estime Jean-pierre Corniou, responsable informatique du groupe Renault.

« Dans le domaine de l'aéronautique comme dans beaucoup d'autres, nous sommes condamnés à innover dans nos produits, ainsi que dans nos méthodes de conception et de production, pour rester au niveau de compétitivité qu'attendent nos clients. Il est donc important pour nous de saisir l'opportunité que représentent les technologies numériques pour améliorer nos performances, dans un contexte de mondialisation de notre chaîne d'approvisionnement », explique quant à lui Daniel Deviller, Chief Technology Officer d'EADS.

« Un avion c'est beaucoup de modification durant tout son cycle de vie. Il est donc indispensable pour nous de disposer d'outils nous permettant de traiter et de propager l'impact des modifications de la définition produit sur les process de production, de la manière la plus automatique possible, pour éviter les non-conformités. Cela passe par le développement et la mise en place d'outils de capitalisation d'une connaissance jusque là éparpillée dans de nombreux applicatifs et par le développement de la simulation en contexte 3D pour faciliter les prises de décision », constate Guy Piras, directeur général industriel et des achats de Dassault Aviation.

« Ce projet est un moyen pour des acteurs du monde de la recherche comme nous de transférer vers les industriels une partie des résultats des travaux que nous menons d'une part sur la simulation des processus de production et d'autre part sur la simulation et le développement des processus de contrôle de la qualité de la production. Cela peut aussi être l'occasion de faciliter la création de start-up », remarque Riadh Cammoun, directeur du Laboratoire d'Intégration des Systèmes et des Technologies du CEA.

« Notre rôle dans ce projet est de fournir avec l'ensemble de nos partenaires la technologie logicielle et le savoir-faire nécessaire permettant de répondre aux spécifications émanant des industriels et collaboration avec les organismes de recherche. C'est en effet au cÅ“ur du processus de conception et de décision technique que leur prise en compte apportera la valeur ajoutée maximale », affirme François Bichet, Chief Technology Strategist de Dassault Systèmes.

Vers un Centre International de l'Usine Numérique

Tous les acteurs du projet Usine Numérique ont insisté sur les retombées économiques positives qu'ils escomptaient pour leur entreprise , tant en termes de réduction des cycles et coûts de développement, qu'en termes d'emploi. Mais ce projet aura aussi des retombées positives pour les PME. Certaines d'entres-elles vont être directement impliquées comme M2M dans le domaine des contrôles non-destructifs. Mais il est aussi prévu à terme de créer en région Ile-de-France un véritable Centre International de l'Usine Numérique pour démonter et diffuser ces technologies auprès du plus grand nombre d'industriels. L'Usine Numérique peut générer des gains de productivité très importants. Il est donc indispensable de diffuser les résultats de ce projet auprès du plus grand nombre pour montrer qu'il est possible de relever les défis industriels actuels sans avoir recours systématiquement à la délocalisation. Et force est de constater qu'il existe actuellement une fenêtre d'opportunité pour un tel centre qui serait unique au monde.

On se prend alors à rêver. Il existe au milieu d'une boucle de la Seine une friche industrielle à mi-chemin entre les centres de Renault, d'EADS, de Dassault Aviation et de Dassault Systèmes : l'Ile Seguin. Durant longtemps, elle a abrité l'un des fleurons de l'automobile française avec les chaînes d'assemblage de Renault. Débarrassée de ses installations industrielles, elle n'a pu devenir le musée d'art escompté à cause de lenteurs administratives. Quel beau rattrapage pour les pouvoirs publics de la région Ile-de-France si, plutôt que de la tourner vers le passé, ils pouvaient en faire une vitrine de notre avenir industriel.

A la semaine prochaine.

Pour en savoir plus : http://www.systematic-paris-region.org


Jean-François Prevéraud, journaliste à Industrie & Technologies et l'Usine Nouvelle, suit depuis plus de 24 ans l'informatique industrielle et plus particulièrement les applications destinées au monde de la conception (CFAO, GDT, Calcul/Simulation, PLM...). Il a été à l'origine de la lettre bimensuelle Systèmes d'Informations Technologiques, qui a été intégrée à cette lettre Web hebdomadaire, dont il est maintenant le rédacteur en chef.

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