Lagarde arrache un compromis face aux "faucons" de la BCE
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FRANCFORT (Reuters) - La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a dû batailler ferme pour arracher un compromis sur de nouvelles mesures de soutien à l'économie de la zone euro mais son combat face aux partisans d'une stricte orthodoxie monétaire ne fait sans doute que commencer.
La BCE a annoncé jeudi qu'elle augmentait de 500 milliards d'euros, à 1.850 milliards, l'enveloppe du programme d'achats d'urgence face la pandémie, le PEPP, devenu le principal instrument de sa politique de réduction des coûts de financement des Etats et des entreprises, qu'elle a prolongé en outre de neuf mois, jusqu'en mars 2022.
L'institution de Francfort a annoncé parallèlement que les conditions très favorables de ses opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO), des prêts de liquidités aux banques censés favoriser le crédit, s'appliqueraient pendant une année supplémentaire, soit jusqu'en juin 2022.
La réunion du Conseil des gouverneurs a cependant été houleuse, les propositions du chef économiste de la BCE, Philip Lane, ne faisant pas l'unanimité, selon cinq sources internes à ou proches de la BCE.
Certains décideurs ont notamment contesté la taille de l'augmentation de l'enveloppe du PEPP ainsi que les modalités retenues pour l'octroi des TLTRO, selon ces sources.
Christine Lagarde est intervenue pour orchestrer un accord avec quelques concessions, en assurant notamment que l'enveloppe du PEPP ne serait pas nécessairement dépensée dans son intégralité.
Cette enveloppe pourrait être augmentée mais il faudrait pour cela une nouvelle décision du Conseil des gouverneurs, toujours selon les sources.
"Ce n'est plus une enveloppe mais un plafond, un montant maximum", a dit l'une des responsables entendus par Reuters.
Christine Lagarde est une adepte du compromis et se distingue ainsi de son prédécesseur, Mario Draghi, auquel ses détracteurs reprochaient d'imposer ses vues.
La présidente de la BCE n'en a pas fini pour autant avec les "faucons", réticents à l'égard d'une politique monétaire excessivement accommodante. Certains d'entre eux lui reprochent d'agir pour contrôler la courbe des taux et insistent sur la nécessité de retirer les mesures de soutien une fois terminée la crise sanitaire.
(Version française Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)