Lactalis : la technologie peut-elle éviter le risque sanitaire ?
Une nouvelle crise sanitaire touche l’industrie agroalimentaire. En décembre dernier, l’industriel français Lactalis a lancé des campagnes de rappel de ses laits infantiles potentiellement contaminés par les salmonelles. Vendredi 12 janvier, l’annonce du PDG est bien plus grave : tous les lots produits par l’usine de Craon (Mayenne) doivent être retournés, soit plus de 12 millions de boîtes. Ce qui questionne quant à la traçabilité des produits de l’industrie agroalimentaire. Dominique Delmas, directeur du Développement entreprises et collectivités pour le Groupe Saretec, revient pour Industrie & Technologies sur cette typologie de risque sanitaire.
Comment gère-t-on le retrait d’un produit défectueux ?
Pour retrouver les produits en magasin, l’industrie utilise sa capacité de traçabilité pour identifier les lots de produits défectueux de façon à donner des informations aux sites de stockage et de distribution. Les fabricants sont performants, c'est une obligation règlementaire et l’ensemble des magasins possède les outils nécessaires et suffisants pour identifier et isoler les produits d'après les numéros de lots. Pour donner l'information aux consommateurs, les industriels ont une traçabilité avec les documents de facturation, les distributeurs avec une carte de fidélité. L'industriel et le distributeur doivent également assurer la communication dans les magasins, des envois de mails ou de sms, et faire relayer l’information sur les réseaux sociaux ou dans les médias.
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Le genre de dysfonctionnement que l'on vient de constater est-il lié aux technologies mises en oeuvre ?
Les industriels assurent déjà un contrôle régulier et à tous les stades de la fabrication, dès la réception des matières selon un plan d'échantillonnage propre à la spécificité du produit fabriqué et à la nécessité de contrôle et ce jusqu'à la distribution. Le contrôle est adapté aux risques et aux obligations propres aux produits fabriqués. Actuellement, les industriels utilisent des procédures assez lourdes de contrôle (environnement de travail, gènes pathogènes, stérilisation, etc.). D’ailleurs, si on prend un peu de recul, on peut voir que le nombre de crises alimentaires est très faible par rapport à la quantité de produits vendus. Cependant le risque zéro n'existe pas pour autant, car ils ne maîtrisent pas le reste de la chaîne de fabrication comme le stockage, le transport, etc.
Peut-on améliorer la traçabilité grâce à la technologie ?
La traçabilité existe, la question est plutôt de savoir comment celle-ci est gérée. Aujourd'hui, des technologies comme les puces RFID que l’on peut intégrer sur les produits distribués offrent une traçabilité extrêmement fine. Ces dernières peuvent être désactivées à distance grâce à un logiciel de gestion. Les industriels utilisent déjà ce type de technologie notamment pour leur gestion des stocks. Mais le risque avec l’informatique, c’est la possibilité de piratage et de prise de contrôle. A chaque génération de solutions, on accroît le risque potentiel : un pirate peut prendre par exemple le contrôle des machines à distance.. Si on généralise le contrôle par les moyens informatiques, n'y a t il pas un risque nouveau et plus difficile à gérer : Imaginez un ransomware dans l’agroalimentaire…?