"Lactalis a agi depuis le début comme un groupe responsable", assure son porte-parole

Accusé par le ministre de l’Economie d’avoir mal géré le retrait du marché de ses laits pour bébés potentiellement contaminés à la salmonelle, Lactalis a répliqué, point par point, lors d’une conférence de presse jeudi 11 janvier au soir.

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Lactalis n’est toujours pas en mesure d’expliquer comment cette bactérie a pu se retrouver au sein d’une de ses deux tours de séchage de lait en poudre.

Ce jeudi 11 janvier, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a mis en cause "une entreprise défaillante dont je rappelle qu'elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché". Lactalis, dont il s’agit, a donc décidé de revenir le soir-même, sur sa gestion de la crise qu’il traverse depuis un mois : la contamination de plusieurs de ses laits infantiles par une bactérie, la salmonelle. Devant un parterre de journalistes, son porte-parole, Michel Nalet, a fait profil bas. Mais ne reconnaît aucune faille : "C’est un évènement majeur, important, et nous avons tout mis en œuvre" depuis la découverte de cette contamination, le 1er décembre, qui avait engendré un premier rappel de produits.

Auprès des parents de bébés

"Nous ne nous excuserons jamais assez" auprès des familles consommatrices de ces produits, en particulier celles dont les bébés sont tombés malades, assure-t-il. Dès le 3 décembre, Lactalis lançait un numéro vert. Il a reçu, depuis, plus de 58 000 appels. "Nous avons systématiquement pris en compte les demandes des parents" cherchant des explications. "Il était effectivement nécessaire d’amener plus de transparence", reconnaît Michel Nalet.

Auprès des autorités

Bruno Le Maire reproche à Lactalis d’avoir sous-estimé les lots à risques, conduisant l’Etat à "se substituer" à l’industriel en intervenant par un arrêté du 9 décembre, conduisant à un deuxième rappel. "Il n’y avait aucune discorde, on était en parfaite collaboration dans nos discussions avec les autorités, et nous continuons à le faire depuis lors", réfute le porte-parole. Lactalis rappelle avoir pris l’initiative "le 7 décembre au soir, de fermer le site de Craon", sa principale usine de nutrition infantile, d’où sont issus tous les lots incriminés. Et finalement décidé de rappeler, le 21 décembre, l’ensemble des produits fabriqués ou conditionnés à Craon depuis le 15 février 2017. "Nous avons donc appliqué un principe de précaution maximal", selon Michel Nalet.

Auprès des distributeurs

Annoncé en trois fois, le retrait massif de ces laits pour bébés a fait l’objet d’un couac monumental : nombre de distributeurs reconnaissant finalement, depuis le 9 janvier, Leclerc en tête, avoir vendu ces dernières semaines des produits qui faisaient pourtant parti des lots rappelés… donc interdits à la vente et la consommation.

Intermarché a mis en cause l’industriel, lui reprochant une "gestion chaotique de sa crise". "Nous rencontrerons mardi après-midi la direction d’Intermarché, nous nous expliquerons sur l’ensemble des modalités que nous avons appliqué lors de ces retraits", assure Michel Nalet. Qui insiste sur les 6 700 visites de distributeurs (supermarchés ou pharmacies) réalisées ces trois dernières semaines par les équipes de Lactalis, pour éviter ce type de situation. Auchan l’accuse d’avoir livré des produits malgré le rappel ? "Nous sommes en train d’investiguer s’il y a eu un manquement", répond Lactalis.

Quel avenir pour Lactalis dans la nutrition infantile ?

Malgré les analyses et enquêtes qui se multiplient depuis plus d’un mois à Craon, Lactalis n’est toujours pas en mesure d’expliquer comment cette bactérie a pu se retrouver au sein d’une de ses deux tours de séchage de lait en poudre. Le site avait en effet déjà connu un précédent, en 2005, alors qu’il appartenait à l’entreprise Celia, rachetée quelques mois plus tard par Lactalis, qui faisait ainsi son entrée sur le marché de la nutrition infantile.

Interrogé par L’Usine Nouvelle, le porte-parole du groupe plus connu pour ses laits (marque Lactel), yaourts (La Laitière), fromages ou beurres (Président), ne donne pas le chiffre d’affaires de cette activité, mais reconnaît qu’elle ne représentait "pas un pourcentage très important à l’échelle du groupe" aux 17,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Dotée de 850 salariés, il s’agit néanmoins d’une "activité en devenir, en développement, sur un marché porteur, donc il est de notre devoir de la reprendre dans les meilleurs délais. Mais nous ne reprendrons pas sans avoir toutes les garanties nécessaires."

Parviendra-il à regagner la confiance de ses clients et consommateurs ? Lactalis n’exclut pas de changer les noms de ses marques incriminées en France, Milumel (vendue en grandes surfaces) et Picot (vendue en pharmacies). D’ores et déjà, Intermarché a décidé d’arrêter "définitivement" de commercialiser des laits infantiles Milumel. En attendant, la plupart des salariés du site de Craon sont condamnés pour leur part à du chômage technique.

L’industriel pourrait aussi devoir faire face à des poursuites judiciaires, suite à deux plaintes déposées par des associations de familles de victimes et de consommateurs. "Si l’enquête préliminaire montrait qu’il y avait des responsabilités, notre groupe a agi depuis le début comme un groupe responsable, et il continuera à l’être", jure son porte-parole.

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