"La volonté de Sanofi est de rester ancré en France"
L'Usine Nouvelle - Quelles sont les priorités de Sanofi en France ?
Christian Lajoux - Sur les trois dernières années, la moitié des investissements du groupe, soit trois milliards d’euros ont été réalisés en France, répartis à égalité entre la R&D et l’industriel. Nous sommes une entreprise en mutation, mais qui investit. Nous construisons d’ailleurs avec 350 millions d’euros à Neuville-sur-Saône la quatrième usine de vaccins du Groupe, qui fabriquera à partir de 2014 des vaccins contre la dengue pour le monde entier. Nous nous attelons aussi à l’intégration de Merial en santé animale, car nous avons fait le choix de l’intégrer seul, alors que nous étions dans l’objectif d’une joint-venture avec Merck.
Ne considérez-vous pas l’abandon de cet joint-venture comme un échec ?
Non, car les difficultés avec les autorités de la concurrence étaient tellement complexes que nous risquions d’être dans une situation où nous allions perdre du temps. Après un an d’incertitude, ce qui est long sur le plan des investissements et pour nos salariés. Ces derniers sont contents. Nous sommes également en phase d’intégration de Genzyme, qui a la particularité d’avoir un siège social, des activités commerciales, mais également un site de production en France, à Lyon. Nous avons ainsi plus de 6 500 salariés en Rhône-Alpes, répartis entre les activités pharmaceutiques de Sanofi, Sanofi Pasteur, Merial et Genzyme. Je souhaite y mettre en place une coordination entre nos différentes activités, pour favoriser le transfert de technologies et d’expertises.
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Beaucoup s’inquiètent cependant que Sanofi soit de plus en plus présent aux Etats-Unis, là où se situe le siège de la biotech Genzyme. Et ce, au détriment de la France…
On peut dire que Genzyme crée un tropisme vers les Etats-Unis, mais le fait que nous ayons gardé Merial en France et déplacé son siège social d’Atlanta vers Paris, démontre à ceux qui auraient des inquiétudes notre volonté de rester ancrés en France. C’est ce que nous avons expliqué aux élus français que nous avons rencontrés récemment avec Chris Viehbacher (directeur général du groupe) et Elias Zerhouni (président de la R&D). Car nous trouvons en France et souhaitons encore y trouver des structures et compétences d’excellence, compétitives avec celles qui existent dans le monde entier, et un monde de la recherche et d’ingénierie qui nous permettent de continuer nos activités.
Mais il ne faudrait pas que ces atouts soient détricotés par des tentations de lois inutiles et inadaptées à la situation du pays, comme certains articles du projet de loi qui est en train d’être mis en place qui entre autres stigmatise la visite médicale. C’est un très mauvais signal donné au niveau international de Sanofi, mais aussi pour toutes les entreprises de santé. En tant que président du LEEM (ndlr : le syndicat des entreprises du médicament), j’ai déjà reçu une dizaine de lettres de patrons monde ou Europe qui attirent mon attention sur le fait que les informations dont nous disposons sur le projet de loi, à propos de la visite médicale, ne sont pas acceptables pour l’industrie.
Le ministre de la Santé a-t-il organisé la concertation sur la visite médicale qu’il avait promise en juin lors de l’annonce de sa réforme ?
J’ai écrit au Ministre et le LEEM est demandeur d’une concertation, mais pour l’instant il n’y a rien à l’agenda. Or nous savons que le projet de loi sera déposé le 1er août. Dans cette réforme, la menace de nouvelles taxes pour l’industrie pharmaceutique est également inacceptable. Chez Sanofi, elles représentent déjà 5% de notre chiffre d’affaires, en plus de nos impôts et contributions sociales pour nos salariés en France.
La réforme prévoit aussi des changements pour les agences sanitaires…
Mais le projet de loi ne comporte pas un mot sur la Commission de la Transparence (ndlr : rattachée à la Haute Autorité de Santé), alors que tous les groupes des Assises du Médicament en ont parlé. Or nous avons toujours des difficultés à faire évaluer nos médicaments dans de bonnes conditions, car ses critères d’évaluation sont incompréhensibles et non connus. Elle continue à doublonner les évaluations des agences européennes et de l’Afssaps. Tandis que les industriels ont toujours besoin de sécurité juridique, de lisibilité et de visibilité.
Avez-vous le sentiment d’avoir pu défendre votre cause pour le Multaq, qui devrait être déremboursé en France ?
Cette affaire illustre parfaitement l’absence de compréhension des règles du jeu. En moins d’un an d’intervalle, la même Commission de la Transparence a proposé trois SMR différents pour le produit : modéré, important, puis insuffisant ! La même semaine où la Commission de Pharmacovigilance traitait du Multaq et choisissait d’attendre les résultats de l’agence européenne, la Commission de la Transparence décidait de réévaluer le produit. Nous avons eu 15 minutes pour défendre nos arguments. Nous ne sommes ni mieux ni moins bien traités que les autres, ce qui est normal, mais nous sommes tous mal traités.
Comment gérez-vous en France le projet de restructuration du groupe lancé par Chris Viehbacher en 2009 ?
Le plan de restructuration de la recherche continuera à évoluer, car la recherche ne s’inscrit pas dans la fixité. Nous restructurons également la chimie pour investir en priorité sur la construction de nouvelles capacités de bioproduction : avec la transformation du site de Neuville-sur-Saône de production chimique en pôle de production de vaccins comme évoqué plus haut. Nous assurons jusqu’à 2014 le reclassement des collaborateurs.
Nous réorganisons également nos forces de vente et notre organisation commerciale, avec un certain nombre de départs, qui s’inscrivent à chaque fois soit dans un plan de cessation anticipée d’activité financé entièrement par l’entreprise, soit dans un plan de reconversion accompagné par l’entreprise. Près de 3000 personnes ont quitté le groupe au cours des 3 dernières années, il n’y a pas un seul licenciement contraints. Et nous assurons aussi les reconversions entre nos différents métiers, avec un plan de formations validantes de 600 ingénieurs et techniciens aux biotechnologies.
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