La vision augmentée de Thales pourrait se faire une place dans les avions chinois

Après le militaire, le groupe français croit en l’avenir de l’utilisation de la réalité augmentée dans les cockpits des avions civils. A la faveur de nouvelles lois, la Chine représenterait le principal débouché.

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Crédits : Thales

Visualiser la piste quelles que soient la météo et l’heure de la journée grâce à une batterie de signaux lumineux projetés sur un écran devant le pilote. C’est tout l’intérêt de la réalité augmentée dans les cockpits d’avions, une technologie mise en œuvre dans des dispositifs d’afficheur tête haute (HUD, en anglais, pour "head-up display").

Employée de longue date dans les appareils militaires, elle pourrait voir son utilisation exploser dans le secteur civil. C’est ce qu’espère le groupe Thales, qui a présenté ses ambitions en la matière à l’occasion d’un déplacement organisé vendredi 29 février par l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'Espace (AJPAE), sur le site du groupe au Haillan (Gironde). Le marché pourrait représenter plus de 100 millions d’euros par an pour les cinq années à venir.

Une explosion de la demande chinoise

Ce qu’attend Thales avec impatience : l’explosion de la demande en Chine pour ces dispositifs. "Ils sont proposés en option pour les derniers programmes d’Airbus, l’A320neo, l’A380 et l’A350, précise Guillaume Lapeyronnie, responsable des ventes pour le cockpit dans la branche avionique de Thales. Mais c’est bien le mandat chinois qui va tirer la demande pour les prochaines années".

De quoi s’agit-il ? Afin d’améliorer la sécurité du trafic aérien à moindre frais, les autorités chinoises imposent de manière graduelle aux avions qui opèrent en Chine de s’équiper en HUD. Ces dispositifs diminuent les risques d’incidents en cas de mauvaise météo, comme la brume persistante, et de pic de pollution capable de réduire le niveau de visibilité. L’objectif des autorités était d’équiper 10% des avions entre 2012 et 2015, puis 50% entre 2016 et 2020 et enfin 100% d’ici 2025.

"Grâce à ce mandat, notre production en HUD a été multipliée par trois entre 2012 et 2015, chiffre Guillaume Lapeyronnie. Nous estimons qu’elle pourrait encore être multipliée par deux dans les trois prochaines années". Sans compter que cette initiative chinoise, qui a le mérite de ne pas imposer de nouveaux équipements onéreux aux infrastructures au sol, pourrait faire boule de neige. Et inciter des pays comme l’Inde ou ceux d’Amérique du Sud de se lancer dans cette même approche.

Une techno en voie de démocratisation

Autre argument avancé par Thales : au-delà des questions de sécurité, les HUD limitent aussi les retards. "Avec ce dispositif, la compagnie aérienne Shandong Airlines a amélioré de 3% sa ponctualité, détaille Guillaume Lapeyronnie. Ce qui revient à une économie comprise entre 100 000 et 200 000 dollars par avion et par an".

Conscient de l’investissement que ce dispositif représente pour les compagnies aériennes, et dans le but de démocratiser cette technologie, les équipes de Thales sont en train de développer un dispositif moins encombrant. Dénommé TopMax et présenté lors du dernier salon du Bourget en juin 2015, il s’agit d’un casque muni d’une plaque de verre qui s’ajuste devant l’un des yeux du pilote. "Là encore, il s’agit d’une déclinaison de ce qui existe dans le domaine militaire, signale Guillaume Lapeyronnie. Pour le civil, il s’agit encore d’un prototype qui a réalisé 50 heures d’essai". Avec un prix deux fois moins élevé que le HUD, il pourrait dès le début de l’année 2019 permettre d’introduire encore davantage la réalité augmentée dans les cockpits d’avions.

Olivier James

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