La start-up ASI Innovation officiellement aux commandes de Reims Aviation
Le tribunal de commerce de Reims (Marne) vient de trancher en faveur d’une jeune entreprise aéronautique rémoise, ASI Innovation, pour la reprise de Reims Aviation Industries. Cette start-up est associée dans cette opération avec le groupe Chinois AVIC (Aviation Industry Corporation of China), par ailleurs en affaire pour développer la production d’un hélicoptère en partenariat avec Airbus Helicopters.
Après avoir longuement entendu vendredi 21 mars les trois candidats postulants à la reprise de Reims Aviation Industries (RAI), avionneur qui avait été placé en redressement judiciaire en septembre 2013, le tribunal de commerce de Reims (Marne) a rendu sa décision mardi 25 mars. Il a suivi les réquisitions qu’avait formulées à l’issue de cette audience le procureur de la République de Reims, lesquelles étaient favorables au dossier constitué par ASI Innovation en partenariat avec Continental Motors (filiale du groupe chinois AVIC).
Ils ont été retenus en raison des compétences techniques affichées et d’une offre de reprise salariale estimée correcte, soit 31 personnes conservées sur 61 employés précédemment sur le site de Prunay (Marne).
ASI prévoit de tripler son chiffre d'affaires
La start-up rémoise créée il y a quatre ans par d’anciens cadres de RAI est donc officiellement aux commandes d’une société fondée il y a plus de 80 ans. Au fil d’une longue histoire, Reims Aviation a produit quelque 7 000 avions dans ses ateliers marnais, mais la PME ne fabriquait plus depuis quelques années qu’un seul modèle, le F406, un avion léger de surveillance maritime et terrestre, apprécié par les douanes, notamment.
Spécialisée à la fois dans la fabrication et l’intégration de systèmes de surveillance (à Reims) et dans l’aménagement de cabines d’avions de transport de passagers (à Toulouse – Haute-Garonne), ASI Innovation comptait 15 salariés avant cette reprise et réalisait un chiffre d’affaires de 2,7 millions d’euros. Pour 2014 ses prévisions de chiffre d’affaires s’élèvent à 7,8 millions d’euros.
"Réactivité primordiale"
Son président et actionnaire majoritaire, Jean-Pierre Kohn se dit aujourd’hui "très satisfait de la confiance" que lui a accordé le tribunal de commerce rémois. "Les juges consulaires ont reconnu le sérieux de notre offre et nos perspectives sur le long terme, même si nous étions moins-disant que d’autres en matière d’emploi, déclare-t-il. Surtout, notre équipe est immédiatement opérationnelle pour reprendre l’activité et honorer les contrats en cours. Cette réactivité est primordiale."
Le dirigeant d’ASI Innovation s’est engagé à injecter d’emblée 500 000 euros dans la nouvelle filiale créée, baptisée ASI Aviation. Il y transfère immédiatement une partie de l’activité d’ASI Innovation auparavant sous-traitée. "Réunir toutes les compétences dans une même structure va nous conférer une avancée concurrentielle", estime Jean-Pierre Kohn.
Confiance de la douane française
Toutefois, la nouvelle entité ne construira plus d’avions entiers mais concentrera son activité sur l’intégration de systèmes de mission. "C’est le cœur de l’activité, ce qui fait la marge. Ce savoir-faire reste là. La douane française a d’ailleurs maintenu sa confiance à RAI pour la fourniture de systèmes de mission même lorsqu’elle a acheté des avions américains, remarque-t-il. Nous détenons la propriété des modifications pour les marchés de surveillance. Nous allons continuer de vendre ces F 406 fabriqué aux Etats-Unis mais qui passeront par Reims. Notre partenaire Continental Motors a les moyens d’assumer le risque financier et s’il prend ce risque c’est qu’il est certain des débouchés. Le marché existe."
AVIC également en affaire avec Airbus Helicopters
Préférant ASI Innovation, le tribunal de commerce de Reims n’a donc pas retenu l’offre de l’entrepreneur Christophe Février (acquéreur ces dernières années de Valentin et de Plysorol dans la Marne) qui prévoyait le maintien de 19 salariés ni celle de Raydelon General Aviation Company. Cet investisseur hongkongais envisageait la reprise de 47 personnes et l’apport de 8,5 millions d’euros pour faire redémarrer la production et de la commercialisation du F406 à Reims-Prunay.
Pour le comité de direction de RAI, associé à ce dernier projet de reprise, il s’agissait de l’unique moyen "de pérenniser une activité de constructeur aéronautique complet en Champagne-Ardenne". Malgré les efforts déployés ces derniers jours pour faire entendre cette cause dans les médias, notamment, l’ancienne équipe de management de Reims Aviation n’est pas parvenue à convaincre le tribunal.
L’associé d’ASI Innovation dans la reprise de Reims Aviation, AVIC (Aviation Industry Corporation of China) est ce jour-même dans l’actualité aéronautique française avec l’annonce de l’amplification de son partenariat avec Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) pour la construction à la fois en Chine et en France d’un millier d’hélicoptères sur 20 ans.
Philippe Schilde
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