Le rapport de la Cour des comptes publié le 4 décembre et les premières analyses du Comité de vigilance du ferroviaire tendent à démontrer que la situation de SNCF Réseau est toujours aussi fragile malgré deux réformes en quatre ans. Les investissements restent insuffisants.
Olivier Cognasse
\ 08:07
Mis à jour 07 Déc. 2018
Olivier Cognasse
\ 08:07
Mis à jour 07 Déc. 2018
La situation financière de SNCF Réseau est loin d‘être résolue, si l’on en croit le rapport de la Cour des comptes intitulé "SNCF Réseau, des réformes à approfondir" en date du mardi 4 décembre. Les magistrats parlent d’un "modèle financier en échec" et estiment que la réforme du ferroviaire du 4 août 2014 n’a pas résolu l’équation entre un besoin de moyens nécessaires pour garantir un réseau en meilleur état et un retour à l’équilibre.
Elle reproche un engagement insuffisant de l’Etat – la dette atteignait 46, 6 milliards d’euros. Pire, "l’actuel contrat de performance 2017–2026 prévoit de porter les investissements annuels de renouvellement à 3 milliards d’euros en 2020. La Cour constate toutefois que, retraité en euros constants, ce choix revient de fait à réduire les efforts d’investissement dès 2020 et à atteindre, à partir de 2022, un niveau inférieur à celui de 2017. Or, toutes les études montrent que le niveau d’investissement doit être maintenu à un niveau élevé pour améliorer et moderniser le réseau."
Une reprise de la dette nécessaire mais pas suffisante
La Cour des comptes estime également que l’annonce par le Premier ministre Edouard Philippe, le 25 mai dernier, d’une augmentation des investissements de renouvellement et de performance de 200 millions d’euros par an à compter de 2022 "ne permettra toutefois pas de corriger la courbe descendante des investissements de renouvellement en euros constants et ne répondra pas à tous les besoins de rénovation et de modernisation du réseau."
Elle revient sur l’endettement qui fait peser sur SNCF Réseau des charges d’intérêt élevées d’environ 1,2 milliard d’euros par an, et réduit d’autant ses capacités pour financer ses investissements. "La décision prise par le Gouvernement de reprendre une partie importante de la dette (35 milliards d’euros) était donc indispensable pour solder l’insuffisance de financement, par l’État, d’investissements dont il était le plus souvent responsable. Cette mesure ne suffira toutefois pas si l’État, contrairement à ce que font de nombreux pays européens, n’accompagne pas SNCF Réseau dans ses investissements de renouvellement."
Trop de retards pour les trains
La Cour des comptes, qui dénonce le manque de productivité de SNCF Réseau, s’inquiète également de sa gestion opérationnelle de la circulation des trains sur le réseau. "Le bilan est très mitigé au regard des différents indicateurs : le nombre d’incidents liés à la circulation reste élevé. Il peut avoir des conséquences en termes de sécurité, mais l’impact se me¬sure surtout en qualité de service. Entre 2012 et 2017, les retards des trains […] ont augmenté d’environ 50 %".
Un bilan qui n’étonnera pas les utilisateurs quotidiens ou réguliers du train en France et qui s’explique "par le retard pris sur la mise en place du projet de commande centralisée du réseau (CCR) qui doit permettre de moderniser la gestion de la circulation." Les Sages de la rue Cambon comptent donc sur le nouveau contrat de performance, qui doit être élaboré pour mettre en œuvre la loi pour un nouveau pacte ferroviaire de 2018 et la reprise de la dette annoncée par le Gouvernement pour que SNCF Réseau assure ses missions pleinement toute en améliorant sa situation financière.
Fermetures de gares et de lignes au programme
Une nouvelle loi votée après des mois de grève qui est loin de convaincre le nouveau Comité de vigilance du ferroviaire qui tenait ce 4 décembre sa première conférence de presse au siège de la CGT. Un Comité qui rassemble la Fédération CGT Cheminots, Europe Ecologie - les Verts et des partis de gauche et d’extrême gauche.
Le secrétaire général de la CGT Cheminots, Laurent Brun, a fait part des inquiétudes du Comité sur la reprise de la dette. Et évoque "un système de ‘dette miroir’ qui aboutit au maintien du poids financier sous le double effet de l’accroissement de la dette globale et de la hausse des taux d’intérêts."
Il dénonce, suite à la Loi d’orientation des mobilités, "le désengagement financier de l’Etat et son report sur les collectivités. Pour le budget 2019 de SNCF Réseau, l’Etat devait financer à hauteur de 958 millions d’euros. Or, il n’apporte que 503 millions, et ce sont les autres collectivités qui compensent."
Le Comité regrette un manque d’engagement sur le ferroviaire et rappelle que la SNCF supprime des centaines de postes. "Pour 2019, 733 emplois supplémentaires sont nécessaires pour respecter le plan de charge sur les travaux et 233 pour la maintenance, mais au final aucun ne sera créé et on supprimera même 285 postes." La SNCF ferme toujours plus de gares... Et de citer 70 kilomètres de lignes dans le Cantal, où tous les guichets ont été fermés depuis le 1er décembre, et le projet de supprimer des lignes entre 2020 et 2022 dans le Cantal, en Corrèze et dans les Vosges.
Alors que le gouvernement veut mettre l’accent sur les transports du quotidien, la fermeture de gares, la suppression de trains, d’arrêts et de lignes, est un bien mauvais signal.
Titulaire d’une maîtrise d’Information et Communication et d’une licence d’Histoire, Olivier a rejoint la rédaction de l’Usine Nouvelle en 2008. Chef du service Environnement – Energie – Transport – Santé – Chimie et Agro-alimentaire, pendant sept ans (2013 -2020), il a choisi en 2021 de devenir grand reporter en charge de l’environnement, des utilities, des mobilités et des industries ferroviaire et navale.
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