La sécurité dans les trains passe-t-elle par les portiques ?

Suite aux déclarations de Ségolène Royal, ministre de tutelle des Transports sur l'expérimentation des portiques dans une gare TGV, quels sont les moyens efficaces pour limiter les risques d'attentats dans les trains ? Après l'attaque dans le Thalys, des experts s'étaient exprimés dans les colonnes d'usinenouvelle.com.

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Contrôles aléatoires ou discriminatoires, généralisation des portiques dans les TGV… Chacun a sa bonne idée pour réduire les risques d’attaque dans les trains, suite à la fusillade survenue vendredi 21 août entre Amsterdam et Paris dans le train Thalys 9364 et après les terribles attentats de vendredi 13 novembre à Paris. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, également ministre de tutelle des Transports, souhaite instaurer des portiques pour contrôler les voyageurs avant de monter dans les trains internationaux et nationaux. Aujourd’hui, seul le terminal Transmanche de la gare du Nord pour l’Eurostar est équipé.

Elle a affirmé qu'une gare TGV serait rapidement choisie pour expérimenter en grandeur nature des portiques et que la commande des travaux pour les lignes Thalys n'était plus qu'une question de jours.

Pourtant, il n’existe aucune solution parfaite pour garantir la sécurité vis-à-vis d'attaques terroristes dans un espace ouvert. Les moyens déployés sont déjà énormes avec le plan Vigipirate. Aujourd’hui, 30 000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés sur les 5 000 sites sensibles, sans compter les 1 250 agents de sécurité de la RATP et les 3 000 membres de la police ferroviaire (SUGE). "Il faut surtout permettre à des agents civils de la SUGE d'être présents dans les trains", suggère le criminologue Alain Bauer, qui enseigne au CNAM (Arts et Métiers).

Qui doit payer ?

"La SNCF est l'une des rares entreprises françaises à disposer d’une force de police assermentée et armée, rappelle Arnaud Aymé, associé en charge du transport au sein du cabinet de consultants Sia Partners. Il faut aussi se poser la question : qui doit payer ? Dans le secteur aérien, la sûreté n’est pas assurée par les compagnies mais par les pouvoirs publics dans les aéroports : ce sont les contribuables qui paient. Seul le transport ferroviaire paie pour sa propre sécurité. Si on doit augmenter le nombre d’agents de sûreté, soit on augmente le prix du billet de train, soit on fait payer l’Etat pour cette mission régalienne."

Généraliser les portiques dans les TGV n’est pas non plus la solution. Pour rappel, "les attentats de Madrid, en 2004, se sont produits dans des trains de banlieue", rappelle Alain Bauer, alors que l’Espagne avait instauré une sécurité maximale pour ses TGV. En France, des attentats se sont déjà produits dans le RER (à la station Saint-Michel à Paris, en 1995).

Des gares souvent inadaptées aux portiques
La mise en place de portiques poserait en outre deux problèmes. Premièrement, demander aux voyageurs d’arriver 30 ou 40 minutes à l’avance. Dans ce cas, la désaffection serait considérable. Le TGV perdrait un avantage énorme par rapport à l’avion. Deuxièmement, "contrairement aux aéroports, les gares françaises sont généralement anciennes, étroites et sous-dimensionnées par rapport au trafic. Il est impossible de mettre en place un filtrage", explique Arnaud Aymé. Sia Partners s’est vu confié une mission pour la mise en place de tourniquets à la gare Saint-Lazare pour lutter contre la fraude : il n’y a pas la place nécessaire.

Les solutions passent par "une vigilance renforcée des voyageurs, comme c’est déjà le cas dans certains pays comme les Etats-Unis et Israël. Il faut que chacun regarde bien les bagages susceptibles d’être abandonnés", prévient Christophe Piednoël, porte-parole de la SNCF. La mise en place dès le 1er septembre du 3117, le numéro d’appel d’urgence, va dans ce sens. Quant au renforcement des fouilles, l’opérateur ferroviaire y est favorable. Mais on ne peut pas fouiller tout le monde. Il faudrait 15 millions de policiers… "Par contre, on peut réaffecter la SUGE davantage dans les trains, améliorer encore la complémentarité avec les forces de l’ordre, pratiquer des fouilles aléatoires qui ont un effet dissuasif", propose Arnaud Aymé. Mais face à des terroristes déterminés, aucune sécurité ne peut supprimer tout risque d’attentat.

Olivier Cognasse

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